Les éleveurs bovins font monter la pression
Face à la baisse continue des prix des bovins, les éleveurs de bovins bloquent, depuis ce dimanche 14 juin, une quinzaine d’abattoirs dans toute la France pour manifester leur colère et leur désespoir, alors qu’une table-ronde réunissant la filière doit se tenir le 17 juin sous l’égide du ministre de l’Agriculture.
À l’appel de la FNSEA qui dénonce «la perte de rentabilité des exploitations, une dégradation sans précédent de l’économie de nos producteurs et un désespoir grandissant dans nos campagnes», les éleveurs se mobilisent depuis le 14 juin en bloquant une série d’abattoirs dans toute la France, à grand renfort de tracteurs, troncs d’arbres et ballots de paille. À Castres (Tarn), les éleveurs du Sud-Ouest (Aquitaine et Midi-Pyrénées) ont investi les abords de l’abattoir Bigard depuis hier soir. Un roulement est programmé pour maintenir ce blocus au moins jusqu’au mardi. Les Pyrénées-Atlantiques et les Landes, associés à l’Aude, assureront la permanence du blocus dans la nuit de lundi à mardi.
Selon Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, ces actions sont nécessaires pour mettre la pression en amont de la réunion qui doit se tenir le 17juin entre les représentants de la filière bovine et le ministre de l’Agriculture. «On sait bien que ce n’est pas lors de table-ronde qu’on peut sortir avec une fixation de prix», ajoute-t-il. La première réunion de crise qui s’était tenue mi-mai s’était conclue sur un ultimatum lancé par la FNB: un mois pour que les prix remontent, sous peine d’amplifier les actions coups de poing.
Revalorisation indispensable
Pour Jean-Pierre Fleury, président de la fédération nationale bovine (FNB) interrogé sur France Info, «on a beaucoup d’éleveurs qui vont sans doute se trouver en cessation de paiement dans les semaines, les mois à venir. Les choses sont sérieuses, les éleveurs sont à bout, il faut prendre ces blocages très au sérieux», a-t-il expliqué en rappelant que le revenu annuel des éleveurs bovins ne dépasse pas 10.000€ par an depuis l’année dernière. Pour une rémunération décente, un prix supérieur à 4€/kg serait nécessaire, contre 3,60 aujourd’hui. Les éleveurs demandent donc une revalorisation de 60 centimes par kg.
Et si la grande distribution et la guerre des prix que les enseignes se mènent jouent un rôle dans cette captation de valeur, Jean-Pierre Fleury considère aussi que les industriels n’assument pas suffisamment leurs responsabilités et ont tendance à renvoyer trop facilement la balle à l’aval de la filière.
D’autres actions sont prévues dans la semaine et devraient durer au moins jusqu’au 17 au soir, voire plus longtemps si les résultats de la table-ronde ne s’avèrent pas à la hauteur des attentes côté éleveurs.