Les exportations de céréales restent très dynamiques
Alors que les exportations de blé vont atteindre des niveaux record au cours de cette campagne, le conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer table sur une augmentation des importations de blé fourrager pour l'alimentation animale.
Le conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, réuni le 13 octobre, a augmenté de 500.000 t ses prévisions d'exportations de blé tendre vers les pays tiers les portant à 11,5 Mt. En effet, la demande mondiale ne se relàche pas alors qu'une partie des grands exportateurs, essentiellement ceux du bassin de la Mer Noire, voit leurs capacités de ventes extérieures encore confirmées à la baisse : quelque 15 Mt contre 36 Mt en 2009/2010. Dans un marché mondial estimé à 126 Mt, l'écart est considérable et la sollicitation des exportateurs en capacité de faire face à cette demande, perdure. C'est le cas de la France – en compagnie des États-Unis principalement - qui devrait donc établir un nouveau record absolu de ses exportations vers les pays tiers (le précédent, 10,6 Mt date de 1984/1985 avec, à l'époque, des restitutions à l'exportation).
Au début du mois, 3,3 Mt avaient déjà été chargées dans les ports français, 1 Mt de plus qu'en 2009 à la même date. Sur ces chargements, l'Algérie intervient pour 930.000 t, l'Égypte pour 860.000 t et le Maroc pour 390.000 t. Le cas le plus exemplaire est celui de l'Égypte. À la date du 12 octobre, les ventes contractualisées avec ce pays atteignent 1,5 Mt, soit 43 % de plus qu'il y a un an et la France représentait, à cette date, 49 % des importations de blé par l'Égypte, devant les États-Unis, 885.000 t. En revanche, nos ventes à l'Union européenne ont été ajustées, en baisse de 100.000 t à 6,8 Mt.
Orge : déstockage de l'intervention
Le problème posé par un tel volume d'exportation est l'équilibre du bilan en fin de campagne. Les besoins intérieurs à satisfaire en blé sont estimés à 15 Mt, et ceux pour l'exportation à 18,4 Mt, soit un total des utilisations de 34,3 Mt contre 33,7 en 2009/2010, alors que la production est revue en baisse de 800.000 t par rapport à 2009. L'exportation demande des blés meuniers, tout comme le marché intérieur, excepté celui de l'alimentation animale.
Pour éviter un manque d'offres dans cette catégorie de blé vers la fin du premier trimestre 2011, et une tension des prix, FranceAgriMer envisage une augmentation de la collecte de 600.000 t, provenant d'une réduction du stock et de l'utilisation à la ferme, ainsi qu'une augmentation de 100.000 t des importations de blé fourrager, abondant dans l'Union européenne, en particulier en Allemagne, pour au moins 1 Mt. De telle sorte que la prévision de report a été fixée à 2,15 Mt, un volume modeste, inférieur de 37 % à celui de fin 2009/2010.
La remise sur le marché, soit indirectement par l'aide aux plus démunis, soit par les adjudications, des 5 Mt à l'intervention dans l'Union européenne va aussi apporter un complément de céréales fourragères sur le marché européen. En ce qui concerne plus particulièrement le marché français, les bilans prévisionnels ont été peu remaniés, sauf une augmentation des exportations vers l'Union européenne, à 4 Mt, ce qui est tout de même inférieur de 10 % à la dernière campagne, l'abondance des disponibilités en blé fourrager dans l'Union y concurrençant nos ventes d'orge. Par contre, les exportations vers les pays tiers sont projetées à 2,1 Mt, le triple de 2009/2010. Les incorporations par les fabricants d'aliments du bétail sont reconduites à 1,8 Mt. Le stock de report, allégé de l'intervention, resterait néanmoins abondant à 1,56 Mt.
Mais : la concurrence brésilienne
Pour le mais, la conjoncture au plan mondial a été perturbée par le récent rapport du département de l'Agriculture américain (USDA) annonçant une forte réduction de la récolte des États-Unis, pour manque de rendement. Il s'en est suivi une brutale remontée des cours mondiaux. Mais pour le mais français, le marché se situe plus dans les cadres national et européen avec le débouché auprès de nos partenaires qui risque d'être réduit par la concurrence brésilienne. Les prévisions d'exportations vers l'Union ont donc été estimées à 5,3 Mt, soit 26 % de moins que la dernière campagne. La récolte de mais est estimée à 13,5 Mt, la collecte à 11,89 Mt, les prévisions d'utilisations intérieures sont maintenues 12,4 Mt dont 3,1 Mt pour l'alimentation animale (13 % de plus qu'en 2009/2010). La prévision de stock de report est réduite de 140.000 t à 2,18 Mt, se plaçant dans une bonne moyenne.
Quant à la récolte de blé dur, elle est confirmée très abondante avec 2,48 Mt. Les utilisations intérieures sont maintenues à 583.000 t et les exportations augmentées de 100.000 t à 1,65 Mt. Le stock de report est abaissé de 100.000 t, mais demeure néanmoins élevé, à 332.000 t.