Les exportations françaises de céréales fléchissent en fin de campagne
Dans son bilan mensuel de la campagne céréalière 2017/2018 établi le 13 juin, FranceAgriMer a abaissé de 45.000 tonnes (t) ses prévisions d’exportation de blé tendre vers l’Union Européenne, pour les porter à 9,03 millions de tonnes (Mt). Il s’agirait, toutefois, du meilleur résultat enregistré depuis la campagne 2005-2006. En revanche, les objectifs d’exportations vers les pays tiers ont été maintenus par l’établissement public à 8,4 Mt en raison de l’évolution du taux de parité euro/dollar, plus favorable aux origines françaises et du tarissement progressif de l’origine mer Noire dont les cours augmentent en cette fin de campagne.
Au 11 juin, la France avait exporté 7,86 Mt de blé tendre, dont 4,14 Mt vers l’Algérie qui reste et de loin notre premier acheteur, 1,11 Mt vers le Maroc, 0,62 Mt vers l’Arabie saoudite et 0,4 Mt vers Cuba. Les expéditions vers ces pays seront cependant inférieures d’environ 30% à celles enregistrées au cours de la campagne 2015-2016, et le dynamisme des ventes vers le nord de l’UE observé en mars et avril ne s’est pas confirmé ces dernières semaines.
FranceAgriMer n’a pas pu chiffrer les conséquences de la grève perlée du trafic ferroviaire commencée début avril. «Combien de ventes ont été reportées ou annulées, nous ne le savons pas encore», a commenté Rémi Haquin, président du conseil spécialisé pour la filière céréalière de FranceAgriMer. Et d’ajouter que l’export vers les pays tiers pourrait être affecté par ces difficultés logistiques.
Sur le marché intérieur français, les prévisions d’utilisations par les fabricants d’aliments du bétail (FAB) sont inchangées à 5,55 Mt. Si la collecte a été encore une fois abaissée (-46.000 t) à 32,97 Mt, les importations ont été revalorisées de 30.000 t à 360.000 t. Au final, le stock de report est majoré de 29.000 t à 2,57 Mt, niveau inférieur de 330.000 t à la moyenne quinquennale.
Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit un stock de fin de campagne en hausse en un mois de 34.000 t à 179.000 t, conséquence de prévisions d’exportation en baisse de 20.000 t vers les pays tiers et d’une revalorisation de l’utilisation par les FAB (+3.000 t à 20.000 t) et de la collecte (+17.000 t à 1,97 Mt).
Alourdissement des stocks d’orge et de maïs
Côté orges, l’organisme public projette des ventes vers l’UE à 3,44 Mt (+27.000 t par rapport au mois de mai). Les objectifs d’exportation vers les pays tiers sont une nouvelle fois réduits de 300.000 t à 2,8 Mt, même si après 11 mois de campagne (chiffres douanes sur 9 mois et estimation des embarquements d’avril et mai), les ventes avaient progressé de 2% par rapport à la campagne 2016-2017 à 2,49 Mt.
L’Arabie Saoudite était le 11 juin le principal débouché de l’orge française pour un volume de 841.400 t. La Chine (408.800 t) était la deuxième destination, suivie par la Tunisie (360.000 t), le Maroc (303.000 t) et l’Algérie (269.000 t), pays qui avaient accru leurs achats pour cette campagne, respectivement de 72% et 62%. Concernant les autres postes du bilan, FranceAgriMer n’a modifié que ses prévisions de collecte (- 7.000 t à 10,04 Mt). Le stock de fin de campagne, en hausse de 279.000 t à 1,4 Mt, se situerait légèrement au-dessus de la moyenne quinquennale (1,18 Mt).
Le stock français de maïs en fin de campagne pourrait, quant à lui, s’alourdir de 143.000 t à 2,84 Mt, au-dessus (+389.000 t) du niveau moyen des cinq dernières campagnes. FranceAgriMer a modifié quatre postes du bilan présenté en mai. La collecte a été revalorisée de 19.000 t à 11,9 Mt et les importations ont été portées à 590.000 t (+40.000 t). L’organisme public a en revanche révisé à la baisse les utilisations par l’amidonnerie : -50.000 t à 2,2 Mt et les exportations vers l’UE : -35.000 t à 4,96 Mt.
Le potentiel de rendement des blés et des orges mis à mal par les orages
Les moissonneuses-batteuses ne devraient pas tarder à faire leur apparition dans les champs d’orges. Pour les blés, les premières moissons (en Midi-Pyrénées) sont prévues à la fin du mois. «Globalement, le potentiel est bon, voire très bon pour les trois quarts des surfaces semées en céréales d’hiver», a affirmé Catherine Cauchard, chargée du suivi du programme Céré’Obs à FranceAgriMer. Le début de printemps ensoleillé et doux a permis aux cultures de rattraper leur retard de développement, provoqué par un hiver pluvieux et des gelées tardives.
Au 4 juin, les blés et les orges étaient, dans la plupart des régions, en avance par rapport à la moyenne des cinq dernières années. FranceAgriMer estime cependant qu’il est encore trop tôt pour établir des pronostics de rendement d’autant que les orages et les pluies abondantes qui ont touché le pays au début du mois de juin laissent craindre des dégradations qualitatives et l’apparition de maladies. Ce sont surtout les risques de fusariose des épis qui inquiètent. Heureusement, dans de nombreuses parcelles, le stade «floraison», de forte sensibilité à cette maladie, est désormais dépassé.