Les irrigants sonnent la révolte (40)
Non entendue dans ses propositions sur les volumes prélevables , la profession agricole a décidé de suspendre ses relations de travail avec l'administration concernée sur ce sujet.
Le débat sur la politique de l'eau dure depuis de nombreux mois. L'administration semble hermétique à tous les arguments avancés par le monde agricole. C'est pourquoi lundi 28 juin, la chambre d'agriculture des Landes faisait de la politique de l'eau le thème central de sa session. « Nous sommes au point de rupture avec l'administration » a déclaré Dominique Graciet, le président de l'organisme consulaire. Rupture, car, selon la profession, l'administration refuse d'entendre les propositions du monde agricole quant à la réforme des procédures de prélèvements d'eau pour l'irrigation (voir encadré ci-dessous).
Sont d'abord réclamées une gestion débimétrique sur la base des autorisations actuelles et la mise en place d'une politique ambitieuse de création de ressources en eau pour faire face aux différents usages. « On vide les réserves au 1er août si on suit la circulaire. Ce n'est même pas l'intérêt de l'environnement. C'est fou ! Mais ce n'est pas la loi qui est en cause, c'est la circulaire d'application. Elle doit revenir dans la réalité » réclame Jean-Luc Capes, le président de l'AGIL. Il s'en prend aussi au « diktat de l'environnement dans les arbitrages de l'État ».
Une période de transition demandéeLa profession demande aussi une période de transition, partant de la situation actuelle, qui responsabilise les acteurs. « En attendant d'avoir des certitudes sur les ressources en eau qui seront réellement créées et les volumes qui seront prélevables, gardez le système actuel qui fonctionne bien Monsieur le Préfet » tempête Jean-Marc Benquet, secrétaire général de la Fdsea.
Pourtant, avant ces fameuses circulaires d'application de la loi sur l'eau, les choses étaient simples. Les irrigants du bassin de l'Adour, depuis de nombreuses années, et avec à l'appui des collectivités territoriales et de l'Agence de l'eau, avaient engagé un travail d'économie et de gestion des volumes. « Les agriculteurs ont été les premiers à s'intéresser à la gestion de l'eau. Ils ont fait preuve de responsabilité jusque-là , mais maintenant ils ne peuvent financer seuls les créations de ressources en eau ! » répète Dominique Graciet.
Pierre Lajus, agriculteur irrigant dans le Gers et invité à témoigner de la situation sur son secteur, sort de ses gonds en s'adressant au représentant de l'État : « Comment un carcan administratif peut-il être aussi rigide ? Vous enlevez 50 % du revenu de certaines exploitations à une période déjà critique, alors que l'irrigation est un facteur de stabilité dans un contexte très volatil. Savez-vous que l'irrigation a permis de rehausser largement le niveau de vie dans la région au sortir de la guerre ? ».
Christophe Barrailh, vice président de la chambre d'agriculture rappelle quant à lui que la vie de familles et du tissu rural est en jeu dans cette bataille de l'eau. Des propos renforcés par Jean-Louis Darrieutort, salarié à Maisadour : « Les salariés qui travaillent dans les entreprises vivant autour de l'agriculture sont dans le même bateau ». Et dans les Landes, les entreprises agroalimentaires qui dépendent des cultures irriguées sont nombreuses et réputées C'est pourquoi le sujet n'est pas seulement celui des agriculteurs. « Les Landais doivent s'emparer de ce débat citoyen » insiste Jean-Luc Capes qui annonce le lancement d'une pétition pour obtenir un débat public sur l'eau.
En conséquence, pour éviter « le massacre de notre agriculture », Dominique Graciet invite les responsables professionnels à suspendre toute relation de travail avec les services de l'État concernés par la définition des volumes prélevables. « Ces relations ne reprendront que sur de nouvelles bases de négociations, prenant en compte les propositions professionnelles que nous avons faites et jusqu'ici ignorées ». Il espère un retour à la raison, au bon sens et au pragmatisme des services de l'État « qui devraient faire leurs les propos du Président de la République. En déplacement en Lot-et-Garonne le 21 mai dernier, il a encouragé la création de nouvelles retenus collinaires ».
Dominique Maurel Contre-expertiseLa réforme actuelle des procédures de prélèvement d'eau pour l'irrigation, en application de la loi sur l'eau, se traduit sur le bassin Adour par une réduction brutale de 30 % des surfaces irriguées. Ce qui représente une perte de plusieurs milliers d'emplois directs. Les 4 chambres d'agriculture du bassin de l'Adour ont donc mené un travail commun de contre-expertise sur les volumes d'eau prélevables. Remis au préfet des Landes, coordonnateur du bassin Adour, Évence Richard, le rapport bat en brèche de nombreux aspects de l'étude réalisée par la CACG pour le compte de l'administration. Depuis, cette dernière n'a pas donné de réponse.
Sont d'abord réclamées une gestion débimétrique sur la base des autorisations actuelles et la mise en place d'une politique ambitieuse de création de ressources en eau pour faire face aux différents usages. « On vide les réserves au 1er août si on suit la circulaire. Ce n'est même pas l'intérêt de l'environnement. C'est fou ! Mais ce n'est pas la loi qui est en cause, c'est la circulaire d'application. Elle doit revenir dans la réalité » réclame Jean-Luc Capes, le président de l'AGIL. Il s'en prend aussi au « diktat de l'environnement dans les arbitrages de l'État ».
Une période de transition demandéeLa profession demande aussi une période de transition, partant de la situation actuelle, qui responsabilise les acteurs. « En attendant d'avoir des certitudes sur les ressources en eau qui seront réellement créées et les volumes qui seront prélevables, gardez le système actuel qui fonctionne bien Monsieur le Préfet » tempête Jean-Marc Benquet, secrétaire général de la Fdsea.
Pourtant, avant ces fameuses circulaires d'application de la loi sur l'eau, les choses étaient simples. Les irrigants du bassin de l'Adour, depuis de nombreuses années, et avec à l'appui des collectivités territoriales et de l'Agence de l'eau, avaient engagé un travail d'économie et de gestion des volumes. « Les agriculteurs ont été les premiers à s'intéresser à la gestion de l'eau. Ils ont fait preuve de responsabilité jusque-là , mais maintenant ils ne peuvent financer seuls les créations de ressources en eau ! » répète Dominique Graciet.
Pierre Lajus, agriculteur irrigant dans le Gers et invité à témoigner de la situation sur son secteur, sort de ses gonds en s'adressant au représentant de l'État : « Comment un carcan administratif peut-il être aussi rigide ? Vous enlevez 50 % du revenu de certaines exploitations à une période déjà critique, alors que l'irrigation est un facteur de stabilité dans un contexte très volatil. Savez-vous que l'irrigation a permis de rehausser largement le niveau de vie dans la région au sortir de la guerre ? ».
Christophe Barrailh, vice président de la chambre d'agriculture rappelle quant à lui que la vie de familles et du tissu rural est en jeu dans cette bataille de l'eau. Des propos renforcés par Jean-Louis Darrieutort, salarié à Maisadour : « Les salariés qui travaillent dans les entreprises vivant autour de l'agriculture sont dans le même bateau ». Et dans les Landes, les entreprises agroalimentaires qui dépendent des cultures irriguées sont nombreuses et réputées C'est pourquoi le sujet n'est pas seulement celui des agriculteurs. « Les Landais doivent s'emparer de ce débat citoyen » insiste Jean-Luc Capes qui annonce le lancement d'une pétition pour obtenir un débat public sur l'eau.
En conséquence, pour éviter « le massacre de notre agriculture », Dominique Graciet invite les responsables professionnels à suspendre toute relation de travail avec les services de l'État concernés par la définition des volumes prélevables. « Ces relations ne reprendront que sur de nouvelles bases de négociations, prenant en compte les propositions professionnelles que nous avons faites et jusqu'ici ignorées ». Il espère un retour à la raison, au bon sens et au pragmatisme des services de l'État « qui devraient faire leurs les propos du Président de la République. En déplacement en Lot-et-Garonne le 21 mai dernier, il a encouragé la création de nouvelles retenus collinaires ».
Dominique Maurel Contre-expertiseLa réforme actuelle des procédures de prélèvement d'eau pour l'irrigation, en application de la loi sur l'eau, se traduit sur le bassin Adour par une réduction brutale de 30 % des surfaces irriguées. Ce qui représente une perte de plusieurs milliers d'emplois directs. Les 4 chambres d'agriculture du bassin de l'Adour ont donc mené un travail commun de contre-expertise sur les volumes d'eau prélevables. Remis au préfet des Landes, coordonnateur du bassin Adour, Évence Richard, le rapport bat en brèche de nombreux aspects de l'étude réalisée par la CACG pour le compte de l'administration. Depuis, cette dernière n'a pas donné de réponse.