Les mais non irrigués ont souffert
Bien que le rendement moyen qui est attendu soit globalement bon, la situation des cultures est très contrastée.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas Cette maxime peut être facilement transposée à la culture du mais. Si en 2011, les producteurs avaient connu un printemps très favorable aux semis précoces puis un été bien arrosé, l'année 2012 leur a présenté bien des surprises. «La campagne n'a pas forcement très bien démarré», rappelle à ce sujet Daniel Peyraube, membre de l'AGPM. En raison d'un début de printemps très arrosé, les semis précoces ont été plutôt rares. Ainsi, la période de floraison s'est étalée à la fin de juillet. Depuis cette date, la sécheresse a sévi, pénalisant surtout les cultures non irriguées.
En cette fin du mois d'août, les ingénieurs d'Arvalis-Institut du végétal dressent un état des lieux contrasté. «Le mois d'août a été particulièrement avec les mais, surtout les semis tardifs», indique ainsi Guillaume Clouté. C'est donc en situation sèche, que le contexte est le plus préoccupant. «En culture non irriguée et en semis tardif, les mais ont complètement làché depuis la semaine dernière et on voit déjà des épis qui ont â€basculéâ€, notamment sur une grande partie de la Chalosse qui n'a pas vu beaucoup d'orage cet été: pour eux la saison est finie», poursuit l'ingénieur.
En situation de terres profondes, la pluie de ces derniers jours est tombée à pic et va permettre d'engranger quelques quintaux supplémentaires. En situation irriguée, les constats sont plus homogènes. «L'irrigation doit se poursuivre encore jusqu'à fin août pour les semis de fin mars et jusqu'à mi-septembre pour les semis de mai, mais le potentiel est globalement au rendez-vous cette année», commente Guillaume Clouté.
Les éleveurs pénalisés
Pour Daniel Peyraube, cet état des lieux ne fait que conforter les demandes de la profession en ce qui concerne l'accès à l'irrigation. Cet outil constitue indéniablement la meilleure assurance contre les aléas climatiques. Le responsable de l'AGPM pointe également du doigt la situation des éleveurs. Ces derniers enregistrent des baisses de rendements parfois spectaculaires sur les ensilages de mais. À ce titre, les ingénieurs d'Arvalis notent que «les ensilages ont commencé en Chalosse sur des teneurs en grains faibles et des matières sèches un peu élevées. C'est pourquoi, il sera important de faire analyser le fourrage, afin de bien équilibrer la ration des vaches laitières».
Du côté des ravageurs, il faut noter la présence de pyrale sur le sud Adour, alors que la sésamie s'est installée sur le nord des Landes. Concernant les maladies, les températures chaudes n'ont pas permis le développement d'helminthosporiose, mais les producteurs ont pu déceler la présence de rouille, sur les mais semences principalement et dans une moindre mesure sur le mais grain.
Ne pas trop retarder la récolte
Malgré une année chaude, la période de semis pratiquée sur la moitié sud de l'Aquitaine devrait logiquement engendrer une récolte quelque peu tardive et des taux d'humidité très différents de l'année dernière. Cependant, Arvalis interpelle les producteurs sur les écueils liés à une récolte trop tardive. «Au-delà du 1er novembre, le risque fusariose augmente sensiblement, tout comme les dangers liés à la verse. De plus, il y a toujours un risque que les conditions de travail soient difficiles».
Au final, malgré les secteurs les plus touchés par la sécheresse, la moyenne de la récolte de l'Aquitaine devrait se situer au-delà des 90 quintaux par hectare, ce qui reste une bonne année mais. Toutefois, en culture non irriguée, des baisses de rendements de 30 à 45% sont attendues par rapport à la campagne précédente.
Fabien Brèthes