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Les marchés agricoles sous le règne de la volatilité

Demande chinoise, stocks de grandes cultures, climat, incertitudes de la demande américaine, interdictions de produits phytos… Tout concourt à rendre l’année 2017 incertaine. Revue des grands marchés.

file-L’année 2016 en viande bovine a été marquée par la décapitalisation des éleveurs laitiers, dont les vaches ont concurrencé celles des éleveurs allaitants sur le marché, la fermeture du marché turc et de fortes attaques médiatiques contre la viande.
L’année 2016 en viande bovine a été marquée par la décapitalisation des éleveurs laitiers, dont les vaches ont concurrencé celles des éleveurs allaitants sur le marché, la fermeture du marché turc et de fortes attaques médiatiques contre la viande.
» Viande bovine : retournement de conjoncture toujours possible

«En 2016, il n’y a pas eu de vrai retournement de conjoncture», expliquait un chef de projet viande bovine de l’Institut de l’élevage (Idele) le 5 janvier. Et les prix sont restés bas tout au long de l’année. D’après lui, avec ces baisses de prix, les éleveurs allaitants devraient perdre de 4.000 à 5.000 euros de revenu, voire plus pour les engraisseurs et naisseurs-engraisseurs qui produisent des céréales.

L’année a été marquée par la décapitalisation des éleveurs laitiers, dont les vaches ont concurrencé celles des éleveurs allaitants sur le marché, la fermeture du marché turc et de fortes attaques médiatiques contre la viande. Dominique Langlois, président d’Interbev, explique : «On a des sorties massives de vaches laitières. On a des investissements lourds pour l’export de génisses, export stoppé à cause de la FCO. On a une sous-valorisation et des difficultés de valorisation du troupeau allaitant et une consommation atone. Il manque 0,4 à 0,60€/kg carcasse».

Ce constat a perduré tout au long de 2016 et risque de perdurer encore en 2017, avec en prime l’application de l’accord de libre-échange Europe-Canada (contingent à droit nul de 65.000 tonnes de viande). À moins d’un retournement de conjoncture, toujours possible, avec les marchés exports.

» Lait : probable reprise de la production

«L’année 2017 démarre dans un contexte beaucoup plus favorable qu’au cours des deux années précédentes», estimait Benoît Rouyer, économiste au Cniel, le 22 décembre. Il tempère : «L’ampleur de la reprise demeure pour le moins incertaine. Elle dépendra de l’évolution de la collecte à partir du printemps après la mise à l’herbe». Un constat partagé par Gérard You, chef de service conjoncture laitière à l’Institut de l’élevage (Idele), le 4 janvier : «Le potentiel de production a diminué un peu mais pas au point d’empêcher une reprise de la production au premier semestre 2017». Mais cette reprise se fera, d’après lui, «très différemment selon les pays européens». Effectivement, les éleveurs laitiers ont plus ou moins décapitalisé en fonction des pays. «En France, la baisse du cheptel est modeste, observait-il. Par contre, en Allemagne, en novembre 2016, la baisse atteignait 1,6% par rapport à la même époque en 2015».

L’état de trésorerie des éleveurs, tout comme la production fourragère durant l’année, aura aussi un impact dans cette reprise. En 2016, les éleveurs ont été effectivement durement atteints avec un prix du lait au plus bas en juillet (28,51€/100kg en France, selon le Milk Market Observatory). Un prix qui est resté plus d’un an au-dessous des coûts de production. «L’un des faits majeurs de 2016, c’est le retournement rapide des cours du beurre», souligne également Gérard You, et sa déconnexion de celui des protéines laitières «qui s’est redressé, lui, modestement».

» Porc : les Européens dépendront encore des achats chinois

L’année 2016 devait être l’une des pires en termes de prix du porc depuis longtemps. Pire encore que 2015, marquée par des manifestations estivales tumultueuses qui avaient conduit à la suspension du marché au cadran. 2016 avait d’ailleurs très mal commencé avec un cours moyen en baisse de 6% sur les quatre premiers mois de l’année. Finalement, les producteurs de porc ont été sauvés au printemps par les acheteurs chinois qui ont complètement aspiré les excédents du marché européen.

Alors que le marché européen était en surproduction, l’Empire du milieu (un porc sur deux dans le monde) était en sous-production, et s’est porté vers le marché international pour compenser. Résultat, le prix moyen de 2016 est en progression de 5,4% à 1,30€/ kg au marché de Plérin, après deux années de baisse successives (-11% en 2015 et -9% en 2014). Les professionnels s’accordent à dire qu’il s’agit d’un répit dont les économistes ont cependant du mal à prévoir la durée.

Mais un reflux des achats chinois est attendu pour 2017, qui devrait laisser le marché européen reprendre le rythme de son propre cycle de production. Et de ce côté, aucune bonne nouvelle. Selon le marché du porc breton, la consommation française est en baisse sur les premiers mois de l’année. Tandis que la production européenne a continué de progresser sur les huit premiers mois de l’année. Les fondamentaux du marché européen semblent très baissiers. Les prix dépendront largement de la vitesse du reflux des exportations vers la Chine.

» Volailles de chair : des exportations grevées par la crise aviaire

La volaille est clairement la production qui s’en est le mieux sortie durant l’année 2016. Les consommations de poulet et de dinde ont respectivement progressé de 4,4 et 2,5% sur les neuf premiers mois de 2016 (en TEC). Toutefois, comme les années précédentes, la production nationale n’en a qu’à moitié profité. Pour deux points de progression de la consommation de volaille, les producteurs français ne gagnent qu’un point de production, estime Yann Brice, délégué général du Cidef.

Finalement, l’année 2016 aura été marquée par deux événements en volaille de chair : l’influenza aviaire et les rapprochements industriels. Le premier épisode de l’épizootie dans le Sud-Ouest (fin 2015) a provoqué d’importants dégâts collatéraux sur le reste de la volaille française, par la perte du statut indemne. Le grand export est en recul de 8,2% sur les 9 premiers mois, notamment pour cette raison. Si certains pays ont appliqué une politique de régionalisation, et continuent d’importer depuis le grand Ouest, d’autres ont profité de l’occasion pour mettre fin à leurs relations avec des fournisseurs français. C’est le cas notamment de l’Afrique du Sud.

Les espoirs que nourrissait la filière de retrouver le statut indemne au 3 décembre ont été douchés par le nouvel épisode H5N8. Et à ce titre, les premiers mois de 2017 semblent déjà compromis.

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