Les sacs à usage unique sont complètement interdits
La loi de transition énergétique s’est employée à réduire l’emploi des sacs plastiques d’origine fossile en deux phases. Première phase du plan gouvernemental, l’interdiction des sacs plastiques en caisse depuis le 1er juillet 2016.
Depuis cette date, seuls les sacs plastiques réutilisables (c’est-à-dire d’une épaisseur de plus de 50 microns) ou en d’autres matières que le plastique (tissu, papier, etc.) peuvent être remis aux clients, que ce soit à titre gratuit ou non.
Seconde phase, interdiction des sacs à usage unique autres que les sacs de caisse, par exemple pour les produits frais (fruits et légumes, poissons, viandes etc.), depuis le 1er janvier 2017. Seuls les sacs biosourcés et compostables en compostage domestique peuvent être utilisés.
50% de bio-plastique à partir de 2020
Le marché des sacs bio-plastiques se situe ainsi entre 25.000 et 35.000 tonnes de résine bio-plastique, contenant au moins 30% de matière première végétale issue (dans l’ordre des tonnages) d’amidon de maïs, de pomme de terre et de blé (marginalement), d’après le Club bio-plastiques. Le club rassemble des producteurs de résines de plastique biosourcé, des producteurs de produits finis (plasturgistes), des associations de producteurs de grandes cultures comme l’AGPM (maïs), l’AGPB (blé), l’UNPT (pommes de terre). La teneur en matière première végétale devra atteindre 40% au 1er janvier 2018 pour qualifier un bio-plastique, puis 50% à partir de 2020, dit la loi.
La loi est ainsi faite que le champ des sacs bioplastiques est limité à la seule grande distribution. En effet, il ne peut s’étendre au petit commerce. Pourquoi? Parce que la seconde phase de la loi vise les sacs «autres que les sacs de caisse». Or, chez les détaillants, la notion de sac éloigné des caisses est extrêmement difficile à appliquer, car les produits sont tout simplement proches de la caisse, fait remarquer le président du Club bio-plastiques, Christophe Doukhi-de Boissoudy.
Un effet pervers chez les détaillants
Les détaillants ne peuvent donc pas distribuer de ces sacs ultrafins, qui sont dits aussi “sacs de fruits et légumes” et ce, même pour les produits frais. Une première conséquence, c’est un potentiel de marché de 5.000 à 6.000 tonnes de bioplastique qui échappe à la nouvelle industrie du bioplastique.
Une seconde conséquence, c’est que les détaillants auront toujours besoin de sacs de caisse plastique. Ils ne pourront alors, finalement, distribuer que des sacs de caisse d’une épaisseur d’au moins 50 microns (les autres étant interdits par la loi).
Surcout
La philosophie de cette loi étant la fin des sacs à usage unique, le fait de pouvoir distribuer le même type de sacs de caisse que précédemment en 50 microns, au lieu de 15 à 25 microns, et ceci même pour des produits frais, est un effet pervers que souligne Christophe Doukhi-de Boissoudy. Autrement dit, «le risque est de voir davantage de quantité de plastique toujours non compostable et non biosourcé utilisée», note le président du Club bio-plastiques.
Peut-on envisager alors de voir des sacs épais (des sacs de caisse) en bioplastique? «En pratique non», répond Christophe Doukhi-de Boissoudy. Car comme tout est une question de prix et que les bioplastiques sont de deux à trois fois plus cher que le plastique, «ce surcoût qui serait supportable et même compétitif pour un sac ultrafin (18 à 25 microns), est inenvisageable pour un sac épais de plus de 50 microns qui pourra toujours être fabriqué en plastique traditionnel».