Les USA veulent leur «chàteau»
Bruxelles va proposer aux États membres de l'UE d'accorder aux négociants américains la possibilité d'utiliser la mention «chàteau» (en français) pour les vins qu'ils exportent sur le marché européen.
Dans le cadre de l'accord sur le commerce du vin, signé en mars 2006 par l'UE et les États-Unis, un protocole sur l'étiquetage autorisait notamment, pour trois ans, jusqu'à mars 2009, l'utilisation de la mention traditionnelle «chàteau», «clos» ou encore «sur lie» pour les vins américains exportés sur le marché communautaire, et ce, avec tacite renouvellement pour une période de deux ans sauf dénonciation du côté européen. L'UE a procédé à cette dénonciation, mais, entre-temps, les règles d'étiquetage de l'organisation commune du marché du vin ont ouvert aux pays tiers et à leurs organisations professionnelles la possibilité d'enregistrer de telles mentions.
L'association nationale Wine america a demandé cet enregistrement en 2010 pour la mention «chàteau». En juillet dernier, la Commission européenne a soumis un projet en ce sens au comité de gestion, à titre de consultation. Elle va lui présenter prochainement une proposition en bonne et due forme prévoyant l'autorisation de la mention en question pour les vins américains exportés dans l'UE. Le terme «chàteau» pourra être utilisé, même si l'entreprise concernée achète son raisin à une entreprise tierce, à condition que cet approvisionnement s'effectue dans le cadre d'un contrat de 3 à 5 ans.
La France isolée
Le ministre français de l'agriculture refuse de céder le droit aux viticulteurs américains d'exporter vers l'Europe des vins portant la mention «chàteau», mais a concédé le 24 septembre avoir du mal à convaincre ses partenaires européens de le suivre. «La Commission veut làcher sur l'appellation chàteau, ce à quoi la France est opposée», a souligné Stéphane Le Foll en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.
«On est dans une discussion difficile», a-t-il concédé, en reconnaissant que les autres pays européens «ne sont pas pour l'instant avec nous» sur ce dossier très sensible notamment pour les viticulteurs bordelais. «La France est particulièrement attachée» à cette dénomination «qui est notre spécificité dans le cadre de la viticulture, les autres pays le sont beaucoup moins», a-t-il résumé.