Les vendanges 2017 devraient être les plus faibles depuis 1945
Selon les estimations du ministère de l’agriculture, la production viticole ne devrait pas dépasser cette année les 37,2 millions d’hectolitres, soit une baisse de 18% par rapport à 2016 et de 17% par rapport à la moyenne quinquennale de 45 millions d’hectolitres. Cette diminution s’observe dans tous les bassins de production, à l’exception de la Bourgogne-Beaujolais.
La campagne vinicole 2017 a, en effet, été marquée par un gel très important pendant les dix derniers jours d’avril, sur une grande partie du territoire (Aquitaine, Charente, Val de Loire, Est, Occitanie). À cela s’est ajoutée une sécheresse importante dans le Sud-Est de la France, le bas de la vallée du Rhône, l’Est du Languedoc, qui a aussi conduit à réviser à la baisse les prévisions de récolte.
L’alternance du chaud et du froid a notamment eu des répercussions sur le nombre de grains de raisin sur les grappes, et le poids des baies, parfois inférieur de moitié à celui de l’année dernière. Ce qui présage peut-être d’une récolte encore inférieure aux prévisions : «Je crains que malheureusement, nous soyons en dessous des 37 millions d’hectolitres», déplore Jérôme Despey, président du conseil spécialisé viticole de FranceAgriMer.
Faire face aux aléas
La qualité devrait cependant être au rendez-vous, et en l’absence de pression sanitaire observée, «il n’y a pas de raison que les cours n’augmentent pas», estime Jérôme Despey, qui considère que les euros perdus lors des deux dernières campagnes doivent cette année être rattrapés. À noter que la récolte européenne devrait, elle aussi, afficher une baisse de 10 à 12%, autour de 148 millions d’hectolitres, au lieu de 165,6 millions d’hectolitres l’année dernière.
L’année 2017 est également exceptionnelle pour la précocité de ses vendanges, qui ont commencé par deux à trois semaines d’avance dans la plupart des régions. D’une façon générale, «on s’aperçoit bien que les vendanges sont de plus en plus précoces», en lien avec le climat, explique Jérôme Despey. Alors que cette année, certains producteurs sont touchés jusqu’à 100% en raison des accidents climatiques, le président du conseil viticole insiste sur l’importance des outils de gestion des risques.
Une moyenne problématique
La filière a interpellé le ministre de l’agriculture sur la nécessité de baisser le seuil de déclenchement de l’assurance à 20%, ainsi que sur la problématique de la moyenne olympique qui, quand elle est calculée avec plusieurs mauvaises années, ne donne pas un résultat qui correspond à la réalité de l’exploitation.
«Nous voulons remplacer la moyenne olympique par le rendement butoir prévu dans le cahier des charges», explique Jérôme Despey, qui espère un rendez-vous avec Stéphane Travert avant le 15 septembre. Il demande, pour les viticulteurs impactés par les aléas, une exonération de 100% de la taxe sur le foncier non bâti, ainsi que l’extension à la filière viticole du plan de refinancement des exploitations mis en place par le gouvernement à la suite de la crise de l’élevage.
Contrer les importations
Pour le président du conseil spécialisé, il est également important de rouvrir les discussions sur la contractualisation. Par exemple, la capacité à fournir les volumes en entrée de gamme permettrait à certaines marques de n’acheter que du vin français, au lieu d’importer du vin étranger pour des questions de continuité de l’approvisionnement. Jérôme Despey évoque par ailleurs la nécessité de renforcer l’indication de l’origine France dans les grandes surfaces. Après les foires aux vins, des tests seront d’ailleurs effectués auprès des consommateurs sur cette question de l’origine.