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L’INAO prépare l’avenir des signes d’origine et de qualité

En 2015, l’INAO a entamé une vaste réflexion sur les enjeux auxquels vont être confrontés les signes d’origine et de qualité dans les années qui viennent, notamment ceux concernant les dossiers sensibles comme le lait cru, l’irrigation des vignes ou la protection des terroirs.

file-Le directeur de l’INAO, Jean-Luc Dairien, a présenté le fonctionnement des commissions transversales mises en place par l’Institut pour répondre aux enjeux des années à venir.
Le directeur de l’INAO, Jean-Luc Dairien, a présenté le fonctionnement des commissions transversales mises en place par l’Institut pour répondre aux enjeux des années à venir.

Pour mener à bien ce chantier, l’Institut national de l’origine et de la qualité va s’appuyer notamment sur les travaux de «commissions nationales transversales». «Ces commissions, mises en place dans le cadre du contrat d’objectifs et de performances 2014-2018 signé avec le ministère de l’agriculture en début d’année, associent des membres des commissions nationales et des experts associés dans différentes disciplines scientifiques, techniques et économiques», a expliqué Jean-Luc Dairien, directeur de l’INAO, le 22 décembre dernier, lors d’une conférence de presse tirant le bilan de l’activité de l’institut en 2015.

Pour Jean-Luc Dairien, «cette ouverture au monde extérieur constitue une petite révolution intellectuelle pour l’institut. Elle a d’ores et déjà permis de stimuler la réflexion sur plusieurs dossiers importants pour l’avenir des différents signes d’origines et de qualité» que sont les AOC-AOP, IGP, label rouge, bio et spécialités traditionnelles garanties (STG).

Des sujets sensibles et incontournables

Les commissions transversales se sont emparées de thématiques particulièrement sensibles pour l’avenir de certaines productions, comme la place du lait cru dans les produits laitiers. «Sur cette question, les avis des professionnels divergent selon leur mode de production mais aussi leur type de débouché, en France, qui valorise le lait cru ou à l’export où les réticences sont parfois très fortes», explique Jean-Luc Dairien.

«Il faut nous mettre d’accord sur une stratégie réglementaire et sur la possibilité de faire cohabiter les deux productions dans un même cahier des charges. C’est bien sûr compliqué, sachant que l’initiative du cahier des charges revient toujours à l’organisme de défense et de gestion», commente le directeur de l’INAO.

Paroles d’experts

Un autre dossier technique important sur la table de ces commissions transversales est celle de l’ouverture à l’irrigation des vignes. «L’orientation générale de la politique française et européenne en matière d’eau est d’en maîtriser l’usage. Mais on ne peut pas pour autant laisser dépérir certains vignobles, affectés conjoncturellement, et certains structurellement, par le manque d’eau. Nous avons entamé sur ce sujet une réflexion avec les ministères de l’agriculture et de l’écologie», a précisé Jean-Luc Dairien, qui annonce des premières conclusions pour mai-juin 2016.

L’Institut aura également à se prononcer dans les mois qui viennent sur d’autres questions techniques comme l’ouverture des cahiers des charges à des considérations environnementales ou encore économiques comme l’ouverture des volumes complémentaires individuels (VCO) aux vins rosés.

L’expertise de l’INAO a également été sollicitée par le ministère de l’agriculture sur les difficultés rencontrées par des terroirs agricoles menacés, par exemple par des projets de construction de lignes TGV ou LGV. «La loi d’avenir nous a confié cette mission d’expertise. Elle nous amènera à dire non à certains équipements, mais aussi parfois à certains producteurs».

Un mode de production alternatif

Les crises agricoles de 2015 ont fait ressortir la solidité du modèle alternatif des signes officiels de qualité et d’origine, a jugé le directeur de l’INAO. «Cette année, valait-il mieux être livreur pour du lait standard ou pour du Comté AOC à une fruitière du Jura ? De porc standard à un gros abattoir ou au sein du consortium du jambon de Bayonne ?», s’est-il interrogé.

L’institut, qui compte accentuer ses efforts en 2016 pour défendre la protection des appellations françaises à l’étranger, entend également promouvoir cette philosophie dans les pays tiers. Une dizaine de collaborateurs de l’institut sont actuellement mobilisés pour aider les organisations agricoles et l’État algériens à construire le cadre réglementaire et technique pour créer des indications géographiques dans les secteurs des agrumes, de la figue fraîche et des dattes.

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