L’interdiction du glyphosate coûterait 2 milliards d’euros à l’agriculture française
«La France pourrait perdre plusieurs milliards d’euros en cas d’interdiction du glyphosate, dû à une baisse de rendement», souligne l’Institut Ipsos, le 6 septembre, qui a évalué l’impact à 1,06 milliard d’euros pour la filière céréalière et 900 millions pour celle du vin.
Cette étude réalisée pour la Plateforme Glyphosate, un groupe d’entreprises commercialisant l’herbicide, montre une baisse des rendements de 12% en céréales, 13% en viticulture, une hausse des coûts de production de 10% en céréales, 18% en viticulture.
Rentabilité amputée d’un tiers
La non-réautorisation du glyphosate induirait une perte de rentabilité pouvant aller jusqu’à 33% pour les exploitations céréalières et 20% pour les exploitations viticoles, poursuit le communiqué commun. Et de rappeler que la molécule est principalement utilisée pour «nettoyer» le sol avant l’implantation d’une culture (80% des utilisations).
«Il ne s’agit donc pas d’un usage récurrent, mais bien saisonnier (1,2 traitement en moyenne par an)» et le glyphosate est employé sur seulement 33% de la surface agricole, d’après Ipsos et le collectif qui ne distinguent «pas aujourd’hui de solutions aussi efficaces et adaptées».
La Fondation Concorde a publié une autre étude, le 17 juillet dernier, délivrant le même message : «Il n’y a pas d’alternative technique réelle au glyphosate pour éliminer durablement les plantes vivaces telles que chiendent, rumex, ambroisie, graminées adventices, etc.».
Elle évalue, en s’appuyant sur des données d’Arvalis-Institut du végétal, le coût d’une disparition du glyphosate à 976 millions d’euros en grandes cultures, dont 736 millions de frais supplémentaires liés au travail du sol en interculture, 182 millions d’euros de désherbage en plus.
Le glyphosate est essentiellement utilisé en gestion d’intercultures, rappelle Jean-Paul Bordes, directeur recherche et développement de l’institut technique. En cas d’interdiction, il faut remplacer par plusieurs passages mécaniques. Un des effets indirects est le déstockage du carbone des sols. «Nous travaillons sur des alternatives, indique-t-il. C’est récent. La synthèse doit être faite en interne à l’automne».
Pas d’alternative
Éric Thirouin, le président de la commission environnement de la FNSEA, déclare : «J’aimerais que la France mette son énergie à trouver des alternatives. Quand nous aurons des alternatives, nous pourrons changer. Aujourd’hui, l’alternative, c’est la charrue avec ce que cela implique : une remise en question du semis direct».
L’agriculture de conservation des sols apparaît la plus menacée, alors que cette pratique culturale suscite beaucoup d’espoir en matière de stockage du carbone. Une interdiction du glyphosate marquerait un «coup d’arrêt» à son développement, s’inquiète l’APAD (Association pour la promotion d’une agriculture durable). «On ne peut pas s’en passer», affirme aussi Frédéric Thomas, membre fondateur du réseau BASA (Biodiversité, agriculture, sol et environnement).