“Lire en Tursan” signe le roman de ses 20 ans
Cette année encore le beau temps accompagnait le salon “Lire en Tursan” qui, en plein air et sous les arcades, feuilletait sa vingtième édition et transformait, le temps d’un week-end, la petite bastide landaise en place forte littéraire.
Né en 1995 à l’initiative d’un éditeur de Bats, porté quelques années par la mairie de Geaune puis repris il y a une décennie par la communauté de communes, ce salon du livre est devenu au fil des ans un pilier fort du paysage culturel du Tursan.
Ainsi, chaque début octobre, au temps de la collecte du maïs et des vendanges de l’appellation éponyme, les habitants du Tursan et des contrées voisines du grand Sud-Ouest découvrent le nouveau cru littéraire de ce canton de 4600 habitants qui se plaît à faire rimer ruralité et rayonnement culturel. Et si l’affiche 2015 ne portait pas les invités de renom de certaines précédentes éditions — on a vu ici entre autres, Axel Kahn, Jean-Michel Cohen, Michel Serres, les frères Bogdanov, José Artur, Titouan Lamazou, Michel Guérard… —, la qualité et le succès populaire n’en ont pas moins été présents au rendez-vous tout au long des deux jours.
Ambiance tout à la fois érudite et populaire
Pour Jean-Pierre Lafferrère, président de la communauté de communes durant 15 années, actuellement vice-président en charge de la culture et locomotive du comité de pilotage composé d’élus, d’administratifs et de bénévoles, ce salon d’un week-end, ouvert à tous, avec des partenariats associatifs locaux, est important dans la vie sociale et culturelle du territoire en ce sens qu’il favorise les rencontres.
“Lire en Tursan” est d’ailleurs particulièrement attaché aux fondamentaux qui génèrent son succès: gratuité d’entrée, offre littéraire plurielle, de qualité et pour tous publics, rencontres-conférences avec des invités littéraires sur un sujet de société. Sans oublier la convivialité comme invité d’honneur de ces lieux de rencontres, d’échanges, de questionnements.
Liberté d’expression
Cette année, ce sont plus de 70 acteurs du livre qui ont installé leurs tréteaux sous les arcades de la place centrale: 50 auteurs régionaux, 17 maisons d’édition, 2 librairies et 5 invités littéraires. Temps forts de cette 20e édition, les rencontres avec l’écrivaine Fabienne Juhel, la chroniqueuse Catherine Dufour, le dessinateur de presse Lasserpe, l’auteur jeunesse Fabian Grégoire et la psychothérapeute Françoise Dorn. Comme autant d’antidotes aux intolérances, ces conférences animées par Tomasz Ryba de France Bleu Gascogne, ont ouvert la réflexion et poussé l’introspection sur le thème de la liberté: liberté d’expression, liberté au féminin, liberté intérieure…
Venu en voisin de Hagetmau, Jean-Claude Vidon, est depuis 2002 un fidèle du salon où il propose des monographies sur les villages landais au fil du Gabas: Samadet, Arboucave, Lacajunte, Pimbo… «A Geaune, l’ambiance générale est sympathique, à la fois érudite et populaire. Aujourd’hui, les gens sont davantage curieux de leurs racines et de leur territoire, et ce que je propose intéresse curieusement beaucoup les générations de 30-35 ans» relate le retraité revenu vivre au pays après une vie professionnelle à Paris.
S’inscrire dans l’avenir
Beaucoup plus jeune, Sarah Arcane vient sur le salon pour la première fois après l’avoir découvert sur Internet. «Félicitations aux responsables, c’est vraiment très bien organisé avec un accueil particulièrement sympa» dit la jeune girondine de Castillon-la-Bataille qui rédige des témoignages de vie d’anciens pêcheurs recueillis lors d’une épopée d’une année, du mont Saint Michel à Hendaye. Elle est satisfaite des ventes et des contacts et elle reviendra en Tursan en 2016.
Heureux des retours positifs de cette vingtième édition, Jean-Pierre, Sophie, Camela, Suzanne, Denis et les autres pilotes du salon “Lire en Tursan” vont en tirer un bilan précis avant de lancer la réflexion sur la prochaine édition d’octobre 2016. Dans la même expression globale sans doute, avec l’attribution des prix qui s’écrit dans l’avenir. À Geaune, la 21e cuvée du salon du livre est déjà sous presse.
Gilbert Delahaye
Un prix et un coup de cœurLieu de rencontres privilégiées entre lecteurs, auteurs et éditeurs le salon a voulu marquer son 20e anniversaire en créant deux prix destinés à valoriser le roman made in Sud-Ouest. «Nous avons besoin des auteurs et éditeurs régionaux qui participent et animent notre salon. Nous voulons ainsi leur témoigner notre reconnaissance et les remercier de nous accompagner depuis l’origine. Nous souhaitons aussi mettre en valeur le travail d’écriture qui produit des œuvres de belle qualité et, bien évidemment, inciter d’autres auteurs à se joindre à Lire en Tursan» témoigne Jean-Pierre Laferrère. Cette année, les 6 membres du jury présidé par Denis Le Liard, facteur à Geaune, ont attribué le prix “Lire en Tursan” à Marie-Laure Hubert-Nasser pour son roman “Spleen machine” aux éditions Passiflore de Dax. Et le coup de cœur est destiné à Mathilde Freigneau pour “Les sentiers de la bohème” aux éditions Lucien Souny en Haute-Vienne. |