L’Italie, leader européen de l’agriculture bio et des appellations
Sur le site de l’Exposition universelle qui a ouvert ses portes le 1er mai, les pavillons de l’Italie occupent une belle place. Quatre bâtiments déploient le savoir-faire italien sur le thème de l’exposition “Nourrir la planète, énergie de la vie”. Dans tous les pavillons, la gastronomie à l’italienne se dévoile sous toutes ses formes et se déguste sans modération avec entre autres, son concept du slow food (nourriture lente) en opposé au fast-food.
Proche de la France, l’Italie cultive son image d’agriculture diversifiée misant sur la qualité des produits. Elle détient le record du nombre d’appellations d’origine. Au nord, dans la plaine du Pô et de ses affluents proches de Milan, les exploitations intensives en culture et en élevage mettent à profit l’irrigation. L’élevage bovin — 2,7 millions d’UGB — est un des piliers de cette région. 80% des jeunes bovins sont importés de France. «La tendance est à la baisse. Pour 2014-2015, les experts misent sur un peu moins de 900.000 têtes. Avec la crise et la diminution du pouvoir d’achat, le consommateur privilégie des viandes moins chères», relève Brice Huet, conseiller agricole de la mission économique à l’ambassade de France en Italie.
Dans cette région de terres fertiles, le biométhane se développe et comme en Allemagne, les agriculteurs peuvent utiliser des maïs fourrage pour alimenter le méthaniseur. Un tiers de la surface agricole est situé dans ces zones de plaines. Le reste est partagé en zones montagneuses et de collines et avec au sud, des petites et moyennes exploitations morcelées tournées vers l’élevage ovin, caprin et de bufflons.
Gastronomie et qualité des produits
À majorité familiale, ces fermes reposent sur moins de deux hectares en moyenne. Les bons vins et l’agriculture biologique y tiennent une bonne place. En 2013, l’agriculture biologique représentait 10% de la SAU (1,3 million ha) contre 4% en France et générait un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, faisant de l’Italie le deuxième producteur d’agriculture biologique en Europe après l’Espagne.
«Les Italiens sont très attachés à leurs territoires, mais s’identifient peu aux racines agricoles. Ils sont par contre très friands et fiers de leur gastronomie et la qualité de leurs produits avec l’indication de leur origine, “made in Italie”» souligne Brice Huet. «Ce concept se retrouve aussi dans les produits élaborés». Selon la Commission européenne, le pays recense 193 appellations en 2010 alors que la France en compte 174. Les fruits et légumes, la charcuterie et les fromages détiennent à eux seuls 145 indications géographiques.
Chantres du consommer local, les Italiens peuvent donner quelques leçons aux Français pour la conquête de l’export; ils chassent en meute comme les Allemands. Antonio Boselli, président du syndicat agricole majoritaire invité par une délégation de l’Association française des journalistes agricoles (Afja), à une table ronde sur les modèles agricoles de demain met cartes sur table: «Je suis favorable au Tafta (accord de libre-échange transatlantique)». Par ailleurs, cet éleveur n’hésite pas à plaider pour les OGM: «une utilisation correcte des OGM signifie moins d’engrais». Le consommateur italien rejette pourtant les OGM. Antonio Boselli envie le modèle français dans son organisation autour d’interprofessions.
Catherine Longueville
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Carte d’identité de l’Italie agricole |
L’Italie est le troisième pays agricole de l’Union européenne (42,4 Md €) après la France et l’Allemagne. On recense 786.000 exploitants à temps plein contre 507000 en France. L’Italie est le premier producteur européen de riz, de tomates et le deuxième producteur de vins après la France. L’agriculture emploie 3,9% de la population active et représente 2% du PIB en 2014. 69% des terres sont en propriété avec un prix moyen de l’hectare de 20000€. Le pays a perdu 40% de sa superficie en 50 ans du fait de l’urbanisation. La balance commerciale agroalimentaire est déficitaire de 6, 8 Md € (2014). Les échanges entre l’Italie et la France on atteint 9,6 Md €. Un produit sur huit est de la contrefaçon. Dans les produits agricoles, on retrouve en haut de l’affiche, Barilla, Ferrero et Lactalis qui a racheté Parmala. Dans le top 5 des produits exportés, il y a le lait de vache, le blé, les raisins, la tomate fraîche, l’olive. Pour ce qui est de la PAC, l’Italie reste un des pays les mieux dotés. La moyenne des DPB se situe à 500€/ha contre 333€ en France. La convergence est positive pour l’Italie. L’Italie n’a pas fait le choix du paiement redistributif sur les 52 premiers ha. |