Lur Berri prend le contrôle de Labeyrie
En prélude à l'assemblée générale du groupe Lur Berri de ce vendredi 17 février 2012, Sauveur Urrutiaguer, le président, et Olivier Gémin, le directeur général, ont organisé une conférence de presse pour revenir sur les temps forts de l'exercice écoulé et évoquer quelques perspectives.
Parmi les dossiers du moment, à noter l'aboutissement logique d'un processus entamé de longue date. Lur Berri, à la faveur d'un retrait d'un partenaire islandais, Alfesca, est en effet devenu actionnaire majoritaire chez Labeyrie à 63% (contre 33,3% à LBO France). La société en profite au passage pour changer de nom en devenant Labeyrie Fine Foods.
Fleuron de l'agroalimentaire français, la société Labeyrie, basée à Saint-Geours-de-Maremne (Landes) affiche un chiffre d'affaires annuel de 700millions d'euros, dont 50% sont réalisés en France. Saumon et poissons fumés arrivent en tête (40%), suivis des crustacés et autres coquillages (30%), du foie gras (20%) ainsi que des spécialités apéritives internationales telles que le blini, le tarama ou le guacamole et des pàtisseries sucrées et salées.
Si la nouvelle dénomination anglaise peut surprendre, Olivier Gémin s'en explique: l'entreprise est tournée vers des produits de bouche à connotation festive (Fine) et vers l'international (Foods). Cette acquisition confère ainsi une nouvelle dimension à Lur Berri.
L'agriculteur au centre de la stratégie
Cette extension de périmètre ne change pourtant pas la philosophie originelle de la maison: une structure au service de l'agriculteur. Sauveur Urrutiaguer, comme son directeur, n'entend pas dévier du droit chemin fixé par leurs glorieux aînés. Mais les temps changent et il est absolument nécessaire de s'adapter. Il faut en effet aujourd'hui être réactif face à une conjoncture fluctuante et volatile et maintenir un contact direct en prise avec les productions végétales et animales. Voilà pour les principes directeurs. Sans oublier également une nécessaire solidarité entre les filières dont certaines réussissent mieux que d'autres.
Ainsi, Lur Berri se veut-elle partenaire privilégié de ses producteurs de céréales, un secteur porteur actuellement et en forte croissance (+9%) avec 375.000 tonnes récoltées. Idem pour le mais semence avec le donneur d'ordres habituel, Pioneer, ou encore les légumes plein champ. Quant aux productions animales, elles constituent un autre fleuron: porcins et ovins sous signes de qualité, viande bovine avec le partenaire historique Arcadie Sud-Ouest, suivi de Spanghero (produits carnés) et la viande hachée avec la société Poujol rachetée en 2011.
Trait d'union entre l'amont et l'aval
Les 12.000 tonnes de haché surgelé commercialisées chaque année dans la restauration hors foyer ont nécessité un agencement en amont, auprès des éleveurs de vaches laitières à la base de ce produit. Voilà un exemple du rôle que joue la coopérative comme trait d'union entre l'aval et l'amont, entre le consommateur et ses attentes et le producteur.
Ce développement par métiers est aussi illustré par l'appel à des producteurs de légumes pour approvisionner Pinguin d'Ichoux dont Lur Berri détient 28% des parts. Au rayon palmipèdes, un brevet concernant les cages collectives pour palmipèdes gras a été déposé fin 2011.
Contentieux à régler
Et que penser du vieux contentieux avec les salariés? Olivier Gémin s'explique: «Une première décision de justice a considéré que notre coopérative devait 1.000 euros à chaque salarié au titre de l'intéressement au bénéfice de l'entreprise. Nous avons prévenu qu'il valait mieux déposer cet argent dans un compte séquestre en attendant la décision de la cour de cassation. Laquelle a infirmé cette première décision. Et voilà donc les plaignants obligés de rendre un argent qu'ils s'étaient empressés d'encaisser. On les avait pourtant prévenus». Évidemment, cet arrêté, à nouveau contesté par les salariés, détonne un peu dans le paysage à l'heure où Lur Berri affiche une excellente santé financière. À suivre donc.
Michel Bengoechea