Mais : déferlante de protestations à Biarritz
Dans le cadre de son grand rassemblement annuel qui s'est déroulé à Biarritz les 13 et 14 novembre, la filière maisicole a lancé un appel à la mobilisation contre les entraves à la production et les options que s'apprête à retenir la France au niveau de la PAC.
Berceau de la production, le département des Pyrénées-Atlantiques a accueilli, à Biarritz, le grand rassemblement des producteurs français de mais. © Le Sillon
Les maisiculteurs français vivent une période trouble. Frappés par une très mauvaise campagne où se conjuguent pertes de rendements et baisses des prix, ils déplorent aussi une série de décisions politiques qui assombrissent leur horizon. Les perspectives de la nouvelle PAC et la suppression des traitements de semences cristallisent actuellement leur mécontentement.
Les 13 et 14 novembre, près de cinq cents d'entre eux, venus de toutes les régions productrices, étaient réunis à Biarritz pour les traditionnelles Journées mais, l'événement annuel de la filière. En plus des différentes sections de l'Association générale des producteurs de mais (AGPM mais doux, Irrigants de France), il regroupe aussi le secteur des semences, avec la Fédération nationale de la production de semences de mais et de sorgho (FNPSMS), la section mais de l'UFS (Union française des semenciers), ainsi que la Confédération européenne de la production de mais (CEPM) et de l'Amicale des anciens du mais.
Toutes ces structures profitent de l'occasion pour organiser leurs assemblées générales respectives. Les discussions ont donc été particulièrement denses et très constructives. Elles ont aussi bien permis de se pencher sur le bilan de la production 2013, que d'évoquer plus largement les problématiques d'ordre politique et économique.
La hantise de la réforme de la PAC
S'il est un sujet essentiel en cette fin d'année, c'est bien celui de la politique agricole commune. Les orientations prises pour la période 2015/2020 vont conditionner en partie l'avenir des différentes filières agricoles. De leurs côtés, les producteurs de mais s'estiment pénalisés par les premières décisions annoncées. Ils avancent plusieurs éléments. Tout d'abord, la réforme se traduira, selon eux, par une forte baisse des soutiens directs accordés à leur production.
Une autre source de préoccupation concerne les mesures liées au verdissement. Les exigences en termes de diversification des cultures pourraient notamment affecter la compétitivité des exploitations. À ce titre, l'AGPM met l'accent sur « la nécessaire reconnaissance du mulching au titre des équivalences agronomiques » (la pratique du mulching pourrait être équivalente à une couverture hivernale des sols par une culture intermédiaire). Si tel n'est pas le cas, près de 7 500 exploitations pourraient devoir réduire leur surface en mais de 40 000 hectares, selon les calculs de l'AGPM.
Plus généralement, les responsables de la filière entendent rester « vigilants sur les dispositions restant à arbitrer » par l'État français au niveau de la PAC. Les niveaux de transfert des enveloppes du premier vers le deuxième pilier sont notamment dans le collimateur.
Une rupture de dialogue
Un autre sujet de mécontentement concerne la suspension de l'utilisation de trois traitements de semences de la famille des néonicotinoides. À partir du 1er décembre 2013, trois insecticides vont être interdits pour une durée de deux ans, dans un premier temps. La mesure est lourde de conséquences pour la filière mais. Les responsables de l'AGPM dénoncent une « décision de rupture, pour laquelle l'Etat n'assume pas les conséquences ».
Depuis l'été, le cabinet du Premier ministre a été sollicité à plusieurs reprises dans le but d'engager un dialogue sur ce sujet ainsi que sur le dossier de la clause de sauvegarde visant les OGM. Deux courriers lui ont été envoyés afin d'appeler un débat sur l'avenir des biotechnologies. Sans suite. Face à cette absence de réponse, le président de l'AGPM, Christophe Terrain, a exprimé sa colère. Il dénonce « un manque de correction » et envisage de publier une lettre ouverte à M. Ayrault, « pour prendre acte de son mépris ».
À la vue des atouts que représente la filière mais pour l'économie française, les responsables professionnels ont du mal à s'expliquer une telle attitude. Pourquoi s'obstiner à mettre des bàtons dans les roues d'une production aussi porteuse ? Ils évoquent toutefois l'image négative dont souffre cette culture. Une image souvent biaisée, selon eux. C'est pourquoi, dès demain, la filière envisage de faire entendre un peu plus sa voix. « On veut démontrer que le mais s'inscrit parfaitement dans la logique qui est demandée aujourd'hui au niveau environnemental, en terme de durabilité par exemple », expliquent les responsables professionnels.
Plusieurs actions engagées
Lors des rencontres de Biarritz, un débat a été organisé autour du concept de l'agriculture écologiquement intensive, en présence de l'agronome Michel Griffon. Les professionnels sont attentifs à cette idée qui consiste à utiliser au maximum les fonctionnalités des écosystèmes comme ressource de protection, sans refuser les apports des techniques conventionnelles. D'ailleurs, les discussions ont permis de confirmer que les producteurs du mais mettent en oeuvre depuis longtemps déjà des mesures qui répondent à ces notions.
Dans un autre registre, l'AGPM est en train de mettre sur les rails plusieurs opérations de communication à l'attention du grand public. Un site internet a déjà vu le jour (www.maisculturedurable.com). Sur un front régional, d'autres types d'actions pourraient être engagés afin d'interpeller les pouvoirs publics. Le président de la FDSEA des Landes, Christophe Barrailh, évoque notamment une journée de mobilisation au début du mois de décembre. Une initiative soutenue par l'AGPM et l'AGPB.
Fabien Brèthes