Mais : des bineuses très pointues
Gràce à des matériels toujours plus performants, le désherbage mécanique est une stratégie pertinente pour la gestion des adventices. Elle intéresse principalement le mode de production biologique.
Les désherbages mécanique et chimique peuvent être complémentaires lorsque leurs utilisations s'adaptent à la date de semis, à la présence des adventices et à leur stade de développement. © Le Sillon
Début juillet, la chambre d'agriculture des Landes et la fédération départementale des CUMA ont organisé plusieurs rendez-vous dédiés à la problématique du désherbage mécanique. Certaines de ces réunions s'inscrivaient notamment dans le cadre de la convention «agriculture-environnement» et le plan d'action territorial, avec le soutien du conseil général des Landes et l'Agence de l'eau. Elles tombaient à pic. En ce printemps si particulier, les outils de désherbage mécanique se sont retrouvés sur le devant de la scène.
En effet, les conditions climatiques ont complètement bouleversé les habitudes concernant la culture du mais. Au-delà du retard — voire de l'impossibilité — de semis, la météo a profondément changé la donne au niveau des itinéraires culturaux. Des phénomènes de battance très importants ont été observés sur de nombreux sols de la région. En outre, la mise en oeuvre d'un désherbage chimique a été particulièrement difficile par endroits. Ainsi, les bineuses, écroûteuses et autres houes ont trouvé toute leur légitimité.
Un investissement parfois conséquent
Au-delà de ce contexte très spécifique, le désherbage mécanique peut s'avérer une technique pertinente. En conduite conventionnelle, il peut être utilisé en complément de la lutte chimique et réduire sensiblement l'usage des produits phytosanitaires. Toutefois, sa mise en oeuvre continue de s'adresser principalement aux producteurs engagés en agriculture biologique.
Trois outils sont couramment utilisés en désherbage mécanique: la herse étrille, la houe rotative et la bineuse. Depuis quelques années, l'offre de matériels s'est considérablement étoffée. De nouveaux modèles, de plus en plus aboutis, sont récemment apparus sur le marché. Le jeudi 4 juillet dernier, au Domaine d'Ognoas, à Arthez-d'Armagnac, deux outils étaient au banc d'essai.
» La bineuse à étoiles - De marque Hatzenbichler, elle s'avère très efficace jusqu'à un stade très avancé de développement des plantes. Ses étoiles sont inclinables. En fonction de la hauteur du mais, leur réglage permet d'intervenir soit en direction du centre de l'interligne, soit de manière à diriger la terre en direction des lignes de culture. Elles ont la faculté de pulvériser la croûte de battance et d'extirper efficacement les adventices. Avec un tel outil, la vitesse d'avancement peut atteindre 8 à 10 kilomètres par heure.
» La bineuse équipée d'une interface et d'un guidage par caméra - De marque Steketee, elle est un outil particulièrement pointu. Elle scalpe les plantes et peut réaliser un travail en profondeur. L'outil se compose de deux cadres. Le premier est fixé sur les bras de relevage du tracteur. Le second, actionné par un vérin à double effet, suit les rangs de la culture. Cette partie hydraulique est commandée par caméra. La course entre la position gauche et droite de la bineuse est de 40 centimètres.
Le guidage consiste à déplacer latéralement la bineuse afin d‘assurer le centrage des dents dans l'interligne. L'indication d'écartement est basée sur l'analyse des images issues de la caméra (détection d'écarts de contraste ou de couleurs sur l'image). Lorsque la ligne théorique s'éloigne de la ligne réelle, une impulsion est envoyée aux électrovannes pour rétablir l'alignement. Au final, ce n'est pas vraiment la structure de la bineuse qui compte mais plutôt le type de dents que l'on mettra en oeuvre.
Selon le travail à effectuer, des réglages seront donc à réaliser. Pour désherber mécaniquement on recherchera avant tout la précision du travail. Oscillant entre 15.000 et 25.000 euros, le coût de ces outils de désherbage demeure élevé. Ce niveau d'investissement explique pourquoi ces matériels correspondent à des usages très intensifs.
Fabien Brèthes
Le mais, une culture propiceLe mais se prête bien au désherbage mécanique en raison de son semis en ligne avec un grand écartement. À l'issue de la période d'intervention, son grand développement végétatif lui permet de recouvrir le sol et de limiter la repousse des adventices. Le recours à un désherbage mécanique permet de réaliser un binage qui stimule l'activité biologique du sol et diminue la capillarité. Pour que le passage du matériel soit efficace, quelques règles doivent toutefois être respectées. La préparation du sol doit permettre d'obtenir une terre bien nivelée avec de fines mottes qui facilitent la séparation des adventices. Malgré tout, il convient d'utiliser les outils au bon stade afin de prévenir les pertes de pieds.