Maïs : face à la flambée des cours de l’azote, quelle conduite adopter ?
Le prix des engrais azotés atteint des valeurs record. Dans ce contexte, quels sont les critères à prendre en compte pour raisonner la fertilisation des cultures ?
L’ammonitrate, dont le prix moyen ramené au kilo d’azote s’établissait à 0,95 € sur les 5 dernières années, a vu son prix plus que doubler au terme d’une envolée inédite de près de 6 mois qui semble enfin marquer le pas. L’urée et la solution azotée ont subi une hausse des prix similaire voire encore plus importante.
Outre l’impact direct sur les coûts de production, cette tension sur le marché des engrais occasionne de fortes difficultés d’approvisionnement, qui se traduisent par un retard important des livraisons, en comparaison aux campagnes précédentes. La situation actuelle laisse présager que de nombreuses commandes d’engrais ne pourront pas être honorées à temps pour les apports d’azote au printemps prochain.
Dans ce contexte inédit, deux principales questions se posent :
- Comment raisonner le calcul de la dose d’azote pour approcher l’optimum technico-économique ?
- Dans les situations où les besoins en approvisionnement n’auront pas été entièrement satisfaits, quelle stratégie de fertilisation faudra-t-il adopter ?
Raisonner la dose d’azote
En règle générale, la dose d’azote à l’optimum technique et la dose d’azote à l’optimum économique sont quasiment équivalentes.
C’était le cas pendant la période de septembre 2016 à septembre 2021, avec un coût moyen de l’urée sur cette période de 345 €/t soit 0,75 €/kg N et un prix de vente moyen du maïs de 160 €/t. Cependant, compte tenu du cours actuel des engrais azotés, la question de revoir à la baisse les doses d’azote est tout à fait légitime.
Arvalis a constitué une matrice illustrant les variations d’écart de doses d’azote à apporter entre une parcelle conduite à l’optimum technique (où l’on vise à maximiser le rendement) et une parcelle conduite à l’optimum technico-économique (où l’on vise à maximiser la marge brute) en fonction de deux critères économiques : le prix de l’azote ainsi que celui du maïs.
Les prix de l’azote et du maïs sont souvent liés (notamment pour des raisons de fret et de coût de production). Malgré une certaine volatilité des prix, les optima techniques et technico-économiques sont souvent confondus (Zone blanche du tableau). Toutefois, ces derniers mois, le prix de l’azote a augmenté beaucoup plus vite que celui du maïs. Il peut alors s’avérer judicieux de prendre en compte la dimension économique dans le raisonnement des doses d’azote à apporter.
Ainsi, pour un prix d’achat des engrais au cours actuel du marché (de l’ordre de 1,75 €/kg d’azote pour de l’urée) et pour un prix du maïs négocié pour la prochaine campagne autour de 185 €/t, il faudrait réduire la fertilisation azotée d’environ 25 kg N/ha par rapport à l’optimum technique (Cas 1 : cercle rouge sur le tableau).
En revanche, dans des situations où l’approvisionnement en engrais azotés a pu être réalisé suffisamment tôt, lorsque leur prix n’excédait pas encore 1 €/kg d’azote, les doses d’azote à l’optimum technique et à l’optimum technico-économique sont équivalentes (Cas 2 : cercle bleu sur le tableau).
Les cours du maïs sont également amenés à varier. Il peut s’avérer judicieux de commencer à contractualiser afin de sécuriser le prix de vente, ce qui permettra, en outre, de faire le bon calcul de la dose d’azote.
Ainsi, en faisant l’hypothèse que le prix du maïs négocié pour la prochaine campagne atteigne 230 €/t, et sur la base d’engrais azotés achetés actuellement, la réduction de la dose d’azote ne serait plus que de 15 kg N/ha pour viser l’optimum technico-économique (Cas 3 : cercle vert sur le tableau).
Compte tenu de l’évolution très rapide des prix, ces indications n’ont valeurs que d’exemple et il convient de se reporter à la matrice de la figure ci-dessous pour adapter le raisonnement à chaque situation.
D’après AGPM Info Janvier 2022