Maïs: la disparité des rendements «justifie l’irrigation»
L’AGPM a souligné le 3 novembre l’hétérogénéité des rendements en maïs grain, qui varient cette année de 35 à 175q/ha avec une moyenne nationale à 90,1q/ha: «L’accès à l’eau a fait toute la différence». Face à une troisième année consécutive de marges nettes négatives, les producteurs plaident pour l’irrigation et les systèmes assurantiels.
L’année 2015 a été «démonstrative des besoins d’irrigation», laquelle constitue une «assurance sur le revenu» pour les agriculteurs, a déclaré Daniel Martin, président d’Irrigants de France, lors d’une conférence de presse. La récolte de maïs grain est en baisse de près de 23%, à 13,9 millions de tonnes, en raison de la sécheresse et des fortes chaleurs estivales, a annoncé l’AGPM. L’est de la France est particulièrement touché (Rhône-Alpes, Alsace-Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté), même si les pluies de la fin août ont permis de limiter les dégâts.
Les rendements, en baisse en moyenne à 90,1 quintaux/hectare, sont très variables selon les régions, l’irrigation et les sols. «Les gains de rendement permis par l’irrigation en maïs grain sont en général compris entre 30 et 90 q/ha», a indiqué Gilles Espagnol, responsable national de la filière maïs chez Arvalis. Dans certaines zones «parfaitement irriguées» autour de la Garonne et des Landes, les rendements sont «très proches des records», d’après lui.
Nouveaux recours contre des retenues d’eau
«La pertinence de l’irrigation se justifie économiquement et c’est un dossier qu’il faut absolument défendre parce que de nombreux producteurs aujourd’hui sont demandeurs de pouvoir irriguer […] au moins les parcelles les plus adaptées, là où il y a des possibilités de création de réserves» d’eau, a estimé Daniel Peyraube, président de l’AGPM. 25% des cultures de maïs françaises bénéficient de l’irrigation, selon l’AGPM. Une part qui monte à 45% dans le cas du maïs grain.
La question de l’irrigation est sujette à polémique: elle est notamment au cœur du débat sur le projet de retenue d’eau à Sivens (Tarn), qui a donné lieu à de violents affrontements entre opposants au projet et forces de l’ordre en 2014. Daniel Martin s’est dit «inquiet» de nouveaux recours concernant l’irrigation. «Après une pause d’un mois» suite aux déclarations de Manuel Valls favorables au stockage, «sont réapparus des recours contre des retenues, d’ailleurs en place, qu’on ne va pas pouvoir utiliser l’année prochaine», a-t-il dit.
Difficultés de trésorerie
«Il est urgent de capitaliser le potentiel (de la plante maïs) en sécurisant les producteurs de la filière française par une politique de stockage de l’eau ambitieuse et des outils assurantiels performants», selon Daniel Peyraube. L’AGPM relève que, pour la troisième année consécutive, les prix de vente sont inférieurs aux coûts de production. Cela se traduit par des comptes d’exploitation «dans le rouge». Le maïs est payé, d’après ses chiffres, entre 120 et 140 euros la tonne. Insuffisant pour couvrir les coûts de production de 180 euros la tonne (hors amortissement, rémunération de la main-d’œuvre familiale, cotisations).
Cette situation pourrait faire baisser de 30% les revenus des maïsiculteurs cette année, a estimé Christophe Terrain, président de Maiz’Europ. «Aujourd’hui, la grande difficulté du monde agricole, c’est un problème de trésorerie», a-t-il souligné en tant que président de coopérative. «Un indicateur très simple est le volume de créances des adhérents: en quelques mois sur 800 livreurs (de Vivadour), on a 1 million d’euros supplémentaires de retards de paiement.»