Mais : une deuxième année noire en perspective
Les rendements, qui seront au plus haut, auraient dû redonner le moral aux producteurs de mais. Hélas, l'AGPM prédit des résultats d'exploitation « nuls voire négatifs » en 2014 en raison de la chute des prix et des soutiens. « Des décisions s'imposent », affirme-t-elle, en appelant les pouvoirs publics à accompagner le secteur.
Cette année, les responsables de l’AGPM ont décidé d’organiser leur congrès au cœur du bassin français de la production de maïs.
Les rendements seront au pinacle mais les prix et les soutiens directs de la PAC sont en baisse, les chiffres d'affaires très en retrait pour la deuxième année de suite, avec des marges sous pression», a souligné le président Christophe Terrain, en conférence de presse le 10 septembre. Conséquence, «des situations très délicates commencent à apparaître», selon lui: «On va vers des marges légèrement inférieures à celles de 2013, déjà proches de zéro». À cause de mauvaises récoltes, «beaucoup d'exploitations ont clôturé l'an passé des comptes catastrophiques».
La perspective d'une bonne récolte 2014 est donc ternie. En rendement, celle-ci est chiffrée par l'AGPM entre 100 et 105q/ha.«Le potentiel raisonnablement atteignable se situe entre 102 et 103q/ha», a précisé Gilles Espagnol, responsable du mais chez Arvalis. Cela laisse entrevoir une production supérieure à 17 millions de tonnes (transferts du mais fourrage vers le grain inclus), soit un niveau historique. Problème, le marché est au plus bas depuis quatre ans. Sur les bases actuelles, les prix de la récolte pourraient se situer dans la fourchette de 120-130euros/t, soit une nouvelle baisse de 15 à 20% par rapport à ceux de l'an dernier.
Un potentiel de production record
«À 144 euros la tonne, le prix payé au producteur tombe à 110 euros, une fois ôtées les charges diverses dont celle du séchage» (chiffrée entre 20 et 30 euros/t), a calculé Christophe Terrain. L'AGPM estime le coût de revient (toutes charges et primes comprises) d'une tonne produite entre 160 et 180 euros. «Le chiffre d'affaires des producteurs serait en légère baisse comparé à 2013, mais entre - 25% et - 30% par rapport à la moyenne triennale», a indiqué Matthieu à‡aldumbide, responsable du service économique à l'AGPM. Les DPU (droits à paiement unique) sont estimés à -9%. Les charges afficheraient une légère baisse, gràce aux postes énergie et engrais. Au final, les résultats d'exploitation seraient «nuls voire négatifs» en 2014.
«Des réponses existent», selon l'AGPM, pour qui il s'agit de «faciliter le stockage de l'eau, réduire la pression sur l'utilisation des produits phytosanitaires, définir les modalités d'application de la PAC, et de permettre l'utilisation du mais en méthanisation agricole». Daniel Peyraube, président délégué de Maiz'Europ, a relayé un «agacement des producteurs»: «On ne connaît pas les règles sur l'application du verdissement de la PAC, alors que les semis d'automne sont engagés».
Au sein d'une délégation des céréaliers reçue le 10 septembre par Stéphane Le Foll, l'AGPM allait demander notamment de lever une incertitude réglementaire sur le verdissement de la PAC. Il s'agit en particulier d'obtenir la reconnaissance de la couverture hivernale des sols comme pratique équivalente à la diversité d'assolement, un dossier en cours d'arbitrage à Bruxelles. L'occasion aussi pour Christophe Terrain de dénoncer un «millefeuille réglementaire qui s'épaissit»: «Notre schéma de production est mis en danger par un rouleau compresseur qui condamne la maisiculture», d'après lui.