Maïsadour expérimente le premier centre de collecte de céréales mobile
Une installation inédite est visible ces jours-ci sur la plateforme de collecte Maïsadour de Castaignos-Souslens (Landes). On y aperçoit ce qui ressemble à un transbordeur. «On est convaincu qu’on tient là un système fiable, qui va être amené à remplacer les centres de collectes classiques dans le futur», confiait Michel Prugue, le président du groupe coopératif landais, à l’occasion de la présentation du premier système mobile destiné à la collecte des céréales. Un outil mis au point avec la société Perard qui est amené à se développer dans les années à venir.
Le prototype du premier silo mobile de collecte de céréales imaginé en Europe est actuellement testé dans le sud des Landes. Pour le mettre au point, Maïsadour s’est rapproché du constructeur Perard, leader français sur le marché du transbordeur. Baptisé Prox’silo, ce système présente l’avantage de garantir ainsi un service de proximité aux agriculteurs. Son déplacement se fait au moyen d’un tracteur agricole, sans dispositif de convoi agricole exceptionnel.
En phase d’évaluation
En pratique, le système est composé d’une trémie de réception équipée d’une vis. Cette dernière alimente un transbordeur spécialement mis au point qui fait office de silo tampon. D’une capacité de 63 tonnes, soit l’équivalent de deux semi-remorques, il permet de réceptionner les céréales livrées depuis le champ par bennes agricoles, de les stocker temporairement et de permettre ensuite le chargement d’un camion routier. Il est accompagné d’un fourgon «agréage», dédié à la mesure des taux d’humidité, des impuretés et des différentes caractéristiques à étudier sur le grain. L’objectif est de proposer les mêmes fonctionnalités qu’un point de collecte classique.
La récolte du maïs 2018 est donc une phase d’essais et d’optimisation du prototype. «Cela nous permet de tester l’efficacité et la praticité du système en conditions réelles, indique Daniel Peyraube, vice-président du groupe coopératif en charge du secteur céréales et agrofournitures. Il s’agit aussi d’évaluer l’appropriation de l’outil par nos équipes et nos adhérents». Un des aspects qu’ont eu à gérer les équipes de développement de cet outil concerne la métrologie légale. C’est pourquoi il nécessite d’être installé sur une plateforme stabilisée (et suffisamment vaste pour les manœuvres autour).
Fragmentation et proximité
Pour Maïdasour, premier collecteur de maïs en Europe avec près de 700.000 tonnes par an en moyenne, la mise au point de ce concept répond à plusieurs objectifs. Tout d’abord, le réseau de silos fixes actuel montre ses limites (85 centres et silos au total dédiés à la collecte, au séchage et au stockage des céréales). Certains sont à bout de souffle, avec des équipements vieillissants mais aussi des gabarits désormais inappropriés aux machines actuelles, en particulier en ce qui concerne les fosses de réception.
«Plus généralement, le modèle de silos fixes était bien adapté au contexte des années 1990 et 2000… Ce n’est plus le cas aujourd’hui», constate Michel Montet, directeur des productions végétales du groupe coopératif. «La réduction des surfaces en maïs standard et la fragmentation des cultures nécessitent de s’adapter, avec des outils polyvalents ainsi qu’une plus grande souplesse dans l’organisation», complète le directeur général, Philippe Carré.
Le déploiement du silo mobile doit également permettre de répondre au défi de la compétitivité, avec une optimisation des flux et des coûts, tout en préservant le maillage territorial. À ce titre, ce projet est une illustration parmi d’autres du plan d’action «vision 2020 : nouvelle proximité pour une nouvelle performance», mis en œuvre par la coopérative landaise.
Modifier la chaîne de collecte
Prox’silo doit permettre de faire un pas supplémentaire dans la valorisation des données. Grâce à des capteurs adaptés, il pourra bientôt transmettre des informations en temps réel pour des prises de décisions réactives et efficaces. «L’enjeu est de proposer les mêmes fonctionnalités qu’un point de collecte classique tout en offrant plus de mobilité, moins de contraintes logistiques, des conseils personnalisés, en bref une nouvelle proximité», affirme Daniel Peyraube.
À l’issue de la phase de test, un bilan de campagne est prévu pour l’ensemble des intervenants concernés. Il s’agira alors de cerner au mieux les bénéfices de l’outil, les limites et les éventuelles améliorations à apporter. «Cette innovation va modifier toute la chaîne de collecte demain et nécessite que tous les acteurs se l’approprient, les agriculteurs bien sûr mais aussi les entreprises de travaux agricoles ou les Cuma», estime Michel Prugue. Une fois Prox’silo définitivement mis au point, Maïsadour prévoit de déployer une dizaine de modèles dans les trois années suivantes sur son territoire.
F. Brèthes