Métier d'agriculteur : les Jeunes y croient
Le métier d'agriculteur est attendu par nos sociétés sur l'alimentation et l'environnement notamment. C'est « un métier d'avenir », plaide aussi le syndicat Jeunes Agriculteurs. Mais certains freins liés à la vie familiale et sociale nuisent encore à son attractivité.
En écho à l'émission « L'amour est dans le pré », diffusée sur la chaîne de télévision M6, le syndicat Jeunes Agriculteurs a voulu rebondir plus largement sur l'avenir du métier d'agriculteur et la réalité de sa vie sociale, affective, familiale. Ce fut au cours d'un débat organisé à Paris, le 15 décembre.
Ce rendez-vous a permis de mieux cerner les freins au choix d'exercer la profession agricole aujourd'hui, mais aussi d'affirmer clairement qu'être agriculteur est un métier d'avenir, attendu par les Français.
« Il n'y a pas beaucoup de professions qui réunissent différents enjeux aussi fondamentaux aujourd'hui que l'alimentation mondiale, l'environnement, etc. », a rappelé François Purseigle lors de ce débat, maître de conférences en sociologie à l'Institut national polytechnique et auteur de l'ouvrage collectif Les mondes agricoles en politique (avec N. Mayer, B. Hervieu, P. Muller et J. Rémy, Presses de Sciences Po, 2010).
Les agriculteurs sont attendus par les Français et les sociétés en général sur tous ces sujets, ils gèrent des biens publics comme les milieux naturels et donc leur métier « reste désiré », selon François Purseigle. Minorité aujourd'hui dans la société française, les agriculteurs n'en sont pas moins regardés, mais des images négatives, plus ou moins fondées, collent à leur statut et sont autant de repoussoirs pour la profession.
Célibat : un faux débat ?
Le célibat est souvent évoqué et vécu parfois douloureusement par de jeunes exploitants et de moins jeunes. L'isolement géographique, la dureté ressentie de la vie d'agriculteur ou encore le vide démographique de certaines campagnes expliquent des situations de célibat. Seulement, gare au cliché ! « Le taux de célibat dans la profession agricole n'est pas forcément supérieur à celui d'autres catégories socioprofessionnelles », rappelle François Purseigle.
L'agriculteur serait surtout ramené à l'image d'un célibat subi et lié à des logiques patrimoniales, différent de celui choisi par le jeune cadre vivant en ville. Et cette image gêne le jeune sociologue : « Si on est célibataire aujourd'hui en agriculture, ce n'est pas forcément parce qu'on craint la division du patrimoine familial. » « Il y a en fait une grande hétérogénéité territoriale en termes de poids démographique et donc de célibat », observe, lui, le président des JA, Jean-Michel Schaeffer.
Le visage des jeunes agriculteurs a en outre beaucoup évolué, re-légitimant le métier aux yeux de la société. Selon le dernier Guide de l'installation 2010 (de Marie-Laëtitia Melliand, Éditions France Agricole), la majorité d'entre eux s'installe à 28-29 ans et la plupart ont travaillé auparavant.
Leur niveau de formation a aussi augmenté : 30 % des installations sont le fait de diplômés BTS et le niveau des salariés agricoles est également en hausse. « Le métier d'agriculteur n'est donc pas synonyme de carrière sous-qualifiée ou de disqualification professionnelle », commente François Purseigle.
Enfin, un tiers des agriculteurs aujourd'hui s'installent hors cadre familial. « Le métier se pense à travers des césures, on l'arrête après un certain temps pour parfois mieux y revenir ensuite », note aussi François Purseigle. D'autres logiques que celles familiales et patrimoniales existent donc aujourd'hui en agriculture et les projets d'installation sont parfois pensés sur une génération et non dans le cadre d'une transmission de père en fils.
Services de proximité
De plus, les agriculteurs désirent jouir aussi de moments de loisirs, de congés. Le taux de remplacement observé au niveau des services de remplacement en agriculture a doublé en dix ans et a atteint 30 %. « Mais on manque encore de jeunes pour le remplacement afin que des familles partent en vacances en toute tranquillité », constate Pascal Cormery, membre du conseil d'administration de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole.
Enfin, l'absence parfois de services de proximité en milieu rural (poste, soins, garde d'enfants, etc.) effraie certaines vocations. C'est pourquoi le réseau de la Mutualité sociale agricole (MSA) aide les jeunes familles en créant des crèches par exemple.
Pascal Cormery pousse aussi au développement des Maisons de santé rurale pluridisciplinaires, issues de la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires, votée en juin 2009. Chez JA, on attend surtout demain « une politique rurale et pas qu'urbaine », une politique d'aménagement du territoire assurant le maintien d'une vie rurale dynamique.