Orage en vue sur le marché porcin français
Les prix du porc n’en finissent pas de baisser en Espagne, en Allemagne, en Italie et au Danemark. Sur le marché hexagonal, un nouveau reflux des cours semble se profiler.
Alors que la Chine ralentit ses importations de porc, les nuages s’accumulent sur les marchés européens. Après six semaines de stabilité, le Marché du porc breton (MPB) a cédé une baisse «minime» de 0,2 centime, à 1,343€/kg le 2 août. La cotation de référence avait déjà dévissé en juillet, et «un nouveau reflux des prix semble possible dans les prochaines semaines», prévient FranceAgriMer. «Ailleurs en Europe, la chute du prix allemand ne semble pas avoir de fin avec 5 centimes de moins» le 1er septembre, entraînant dans son sillage les cours espagnols, constate le MPB.
La crise du porc en Allemagne est causée par l’épidémie de peste porcine (PPA) qui s’étend, avec 2.000 cas recensés sur des sangliers en Brandebourg et Sachsen, et quelques cas sur des porcs. À son apparition, la Chine avait cessé d’importer des porcs d’Allemagne, créant un afflux de porc sur le marché européen.
Répercussions chinoises
Autre motif d’inquiétude : le recul des exportations espagnoles vers la Chine. «La viande espagnole déferle sur le marché européen à des tarifs très compétitifs», alertait le MPB le 30 août. Et l’export vers Chine «ne semble pas s’améliorer», préviennent les analystes du marché de Plérin.
Or, les prix en Chine sont également en train de plonger et les autorités chinoises tentent de gérer un trop-plein de production, alors que les éleveurs procèdent à des abattages en masse dus également à la crainte d’un regain de PPA dans le pays. C’est le paradoxe : après avoir soutenu massivement depuis deux ans les élevages pour retrouver un niveau de production d’avant la pandémie de PPA qui avait décimé le cheptel, les autorités chinoises sont contraintes de stocker des volumes pour éviter l’effondrement des prix, en chute de 16% à période comparable.
Les éleveurs français misent sur Egalim 2
En France, l’effet de ciseaux joue à plein, entre prix morose et flambée des céréales et oléoprotéagineux – et donc de l’alimentation animale. «Aujourd’hui, la perte pour les éleveurs avoisine les 20€ par porc sorti», s’émeuvent les FRSEA de Bretagne et des Pays de la Loire dans un communiqué le 30 août. Les éleveurs appellent la filière à «privilégier le porc français au maximum» et à utiliser les indicateurs de coût de production d’Inaporc.
«Aucun opérateur n’utilise l’indicateur de coût de production interprofessionnel, à part certains distributeurs auprès d’un nombre limité d’éleveurs», précise Carole Joliff, présidente de la FDSEA des Côtes-d’Armor, au quotidien Les Marchés. «Il y a zéro ruissellement avec Egalim 1, déplore celle qui est aussi secrétaire générale de la FNP. On attend beaucoup» de la proposition de loi Egalim 2.