Plaimont élue “coopérative de l’année” 2017
La Revue du Vin de France a décerné son prix annuel de “coopérative 2017” aux Producteurs de Plaimont. Cette distinction récompense les actions de la cave coopérative auprès de ses terroirs pyrénéens et de Gascogne.
Longtemps, le “vin de coopérative” fut un mélange de cuves issues de vignes poussées au maximum. Payés au poids, les viticulteurs faisaient «pisser la vigne». Or cette logique du siècle dernier a évolué. Aujourd’hui, on produit moins, mais mieux.
Chez les producteurs de Plaimont, la prise de conscience date du déclin de l’armagnac. Quelques vignerons, dont André Dubosc, comprennent que le “digestif” est en voie d’extinction, mais veulent continuer à cultiver leurs collines. Ils fondent la coopérative de Plaimont en 1979.
À l’époque, le cépage Colombard, destiné à la distillation, est reconverti un vin blanc vif et aromatique baptisé Colombelle ou Florenbelle (IGP côtes de Gascogne). Par la suite, la cave se développe en AOC Saint-Mont, Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh, et devient la plus importante coopérative du Sud-Ouest avec 800 adhérents, 5.300 hectares et 40 millions de bouteilles par an, dont 10 de Colombelle.
Du vin de distillation à l’AOC
Afin de récompenser le travail, la rémunération des coopérateurs de Plaimont varie du simple au double pour une même quantité de raisin fournie. En effet, mieux contrôler la qualité exige de fréquentes interventions: épamprage, ébourgeonnage, relevage, vendange en vert… La paie de l’adhérent dépend donc de sa conduite de la vigne et des caractéristiques du raisin, notées par les techniciens qui décident la date de vendange. Une méthode aujourd’hui adoptée par de nombreuses coopératives.
L’autre choix stratégique de Plaimont fut de cultiver des cépages locaux. La coopérative évite ainsi le marché concurrentiel et sous-payé du Merlot ou du Chardonnay en camion-citerne, «des IGP que l’on peut faire n’importe où» selon Joël Boueilh, le vigneron élu président de Plaimont. En blanc, les cépages Colombard, Arrufiac, gros et petit Manseng et petit Courbu apportent leur originalité et une histoire à raconter.
Ressources locales et développement international
En 2002, Plaimont ouvre un conservatoire ampélographique pour préserver 60 cépages locaux abandonnés après le phylloxéra et dont quelques pieds ont survécu. Observés, vinifiés, goûtés, certains sont plantés à plus vaste échelle. En 2012 à Sarragachies (Gers), une vigne familiale âgée d’un siècle et demi (En savoir plus >), donc préphylloxérique, est inscrite à l’Inventaire des Monuments historiques. Elle recèle 21 cépages différents, dont 7 inconnus. Un fabuleux réservoir de biodiversité.
La cave parie sur ces cépages ancestraux, non par nostalgie mais pour adapter sa gamme aux attentes du public: moins d’alcool, plus de fruit. Plaimont a demandé l’homologation du tardif en réponse au réchauffement climatique. La grappe à petits grains espacés du petit manseng sèche vite après la pluie et résiste mieux aux maladies, donc requiert moins de traitements.
L’humidité du Gers ne facilite pas la conduite biologique, mais 40 ha de vigne sont conduits pour la Colombelle bio (côte de Gascogne) et Un pas de côté bio (Saint-Mont). Le Morenoa ou Manseng noir donne la cuvée Moonseng. Autre rareté du Sud-Ouest, le raisin noir pinenc ou fer servadou. Le terroir aussi est mis en valeur avec des cuvées telles Argilo. L’étiquette en bois du Faîte (blanc ou rouge) évoque une tradition perdue: conserver les bouteilles dans la terre.
Ne pas oublier son ADN
En septembre 2016, sous la direction d’Olivier Bourdet-Pees, Plaimont a organisé ses secondes Rencontres ampélographiques de Saint-Mont (En savoir plus >), avec conférences d’experts sur les cépages anciens des Pyrénées, tables rondes, visites de parcelles et dégustations de micro-cuvées. Biodiversité, environnement et société sont au cœur des débats: comment préparer l’avenir avec ce qu’on a oublié ou abandonné à une époque?
Fait remarquable: cette attention accordée au passé et aux ressources locales soutient la croissance internationale. Plaimont exporte 55% de ses vins dans une trentaine de pays, notamment plus d’un million de cols en Chine où la coopérative fête les 30 ans de sa joint-venture. Des précurseurs, sur ce marché vaste et complexe. Le jury de la Revue du Vin de France a donc distingué Plaimont “coopérative de l’année 2017”.
Pierrick Bourgault