Pour la filière foie gras, la reconquête est bien amorcée
Pour Michel Fruchet, président du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras), «cette nouvelle saison sera placée sous le signe de la conquête de nouveaux instants de consommation et de nouveaux consommateurs». Après deux douloureux épisodes d’influenza aviaire, la production est stabilisée et les volumes sont en croissance. Selon les chiffres présentés le 18 octobre, la production devrait s’établir, en 2018, à 16.360 tonnes (+49% par rapport à 2017), se rapprochant ainsi du niveau de production de 2015 (19.500 t).
Après deux années noires marquées les abattages massifs et les vides sanitaires, la filière des palmipèdes à foie gras a énormément investi pour sécuriser la production, notamment au niveau des transports qui étaient le maillon faible en matière de biosécurité. La réactivité face à l’éventuelle émergence de virus hautement pathogène sera également beaucoup plus forte grâce à une cartographie en ligne de l’ensemble des acteurs (bâtiments, élevages, couvoirs, transformateurs, etc.) et de tous les mouvements d’animaux.
Par ailleurs, la BDAvicole est désormais déployée. Cette démarche professionnelle et collective recense tous les acteurs de la filière — éleveurs, producteurs, gaveurs, organisations de production, accouveurs —, ainsi que les bâtiments et trace l’ensemble des mouvements d’animaux. Ce dispositif permettra d’alerter tous les maillons dès qu’une zone d’infection est identifiée.
Cette dynamique retrouvée va être accompagnée dans le cadre du plan de filière. Son objectif est de développer des outils — indicateurs de marchés plus fréquents, données de suivi — pour mieux répondre à la demande et aux attentes sociétales (biosécurité, bien-être animal via la démarche PalmiG Confiance…). D’autre part, la contractualisation, déjà forte dans la filière, permet aujourd’hui d’indexer le coût du foie gras sur ceux de l’alimentation et de valoriser la filière par une juste rémunération.
Fidèles consommateurs
Les Français restent de grands amateurs de foie gras, puisque 93% en consomment et que 91% estiment qu’il faut soutenir ce produit made in France. Le Cifog demande d’ailleurs à ce que l’origine des foies gras soit davantage mise en avant dans la restauration. «Nous sommes persuadés que le consommateur, lorsqu’il est en France, s’attend à manger du foie gras français, or aujourd’hui il n’a pas cette information», déplore Marie-Pierre Pé, déléguée du Cifog. Cette information permettrait peut-être d’accompagner la tendance à une montée en gamme de la consommation.
Sur les sept premiers mois de l’année, les achats de foie gras ont progressé de 2% en valeur, et de 8,7% pour le prêt à consommer, mais 75% des achats ont lieu au cours des derniers mois de l’année. Pour séduire davantage de consommateurs, notamment les plus jeunes, et pour augmenter la fréquence de consommation du foie gras, souvent réservé aux fêtes de fin d’année, de nouveaux produits voient le jour : escalopes, terrines et foie gras au torchon à préparer soi-même, nouvelles offres aux rayons surgelés (escalopes à passer au four par exemple), des associations de saveurs avec de la griotte ou du chocolat. Pour dynamiser la consommation, une campagne de communication signée «le foie gras, exceptionnel à chaque fois», sera diffusée du 11 novembre au 9 décembre sous forme de spots de 15 secondes à la télévision. Elle vise à ancrer le foie gras dans le quotidien des jeunes générations.
La restauration hors foyers ciblée
L’interprofession entend également relancer la consommation dans la restauration hors foyer, grâce à une opération nouvelle, la première semaine nationale du foie gras, relayée par plusieurs organisations de restaurateurs. Du 3 au 9 décembre, des centaines de restaurants organiseront ainsi des menus spécifiques sur le thème du foie gras et du magret. De quoi multiplier les occasions de se régaler, d’autant que les prix à la consommation ne devraient pas augmenter cette année.
Campagne de communication bénéfique pour le magretAprès avoir perdu des parts de marchés suite à l’influenza, la consommation de magret progresse de nouveau. Tous circuits de distribution confondus, ses ventes sont à la hausse en valeur comme en volume sur les 8 premiers mois de l’année. De janvier à août, les achats des ménages ont progressé de 7% en volume par rapport à la même période de 2017 et de 11% en valeur.
Pour prolonger la dynamique, les professionnels de la filière ont lancé, cet été, une campagne de communication vers les consommateurs, la distribution et la restauration. Pour la saison festive, les consommateurs le retrouveront dans la seconde vague de la campagne sur le web et les réseaux sociaux. |