Pour que les moissons se déroulent en toute sécurité, tous les opérateurs se sont concertés
Alors que les moissons d’orge et de colza viennent de débuter, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), la Coopération agricole-Métiers du grain et la Fédération du négoce agricole (FNA) se sont organisées pour limiter les risques de contact tout au long de la chaîne de collecte. Les présidents des trois fédérations appellent à la responsabilité de chacun pour réussir les moissons en toute sécurité.
La période des moissons est une période d’intenses brassages de personnes et de circulation de matériels. Quels sont les conseils adressez-vous aux agriculteurs ?
Éric Thirouin (AGPB) : Après deux mois de confinement, ce n’est pas le moment de baisser la garde. Aussi, les agriculteurs doivent rester vigilants en respectant les consignes adoptées pendant toute la période de confinement. En pleine moisson, la fermeture d’un silo et la mise en quarantaine d’agriculteurs ou de salariés seraient la pire des choses qui puisse arriver.
Antoine Pissier (FNA) : Dans nos entreprises, le 11 mai n’annonçait pas la fin du confinement mais la poursuite d’une activité économique intense pour assurer la continuité de la chaîne alimentaire. Nos salariés sont, en effet, en seconde ligne.
La limitation du nombre de passagers dans les véhicules, la distanciation physique ou encore le nettoyage des mains avec du gel hydro-alcoolique font toujours partie des mesures prises depuis le 15 mars dernier.
Toutefois, si un nouveau foyer de contamination émergeait dans un silo, les livraisons seront réorganisées vers d’autres centres de collectes. Mais le protocole qui serait alors mis en place par l’Agence régionale de santé (ARS) pénaliserait le déroulement de la moisson.
Il ne faut pas que le virus gâche cette fête que sont les moissons !
Quelles mesures avez-vous prises pour éviter tout risque de contamination ?
Antoine Hacard (Coopération agricole-Métiers du grain) : Dans les points de collectes des coopératives, les céréaliers ne devront pas descendre de leurs tracteurs. Pas de bavardage le magasinier ou le chef de silo. Pas prêt de stylo non plus.
Les bons de livraisons seront transmis sans être signés. Et dans les coopératives déjà équipées, tout sera fait par voie numérique.
Antoine Pissier : Pour éviter tout risque de contamination, l’ensemble des gestes et des contacts ont été repensés. Ainsi, quand les échantillons de grains à faire analyser seront déposés dans des bannettes dans lesquelles les techniciens de laboratoire n’auront plus qu’à se servir. Les bulletins d’analyse seront également déposés dans des bannettes avant d’être récupérés.
Et dans les exploitations, que se passerait-il si un agriculteur est infecté ?
Éric Thirouin : Contaminé mais asymptomatique, ce céréalier pourrait récolter ses céréales. Mais mis en quatorzaine, il serait isolé sur son exploitation. Il ne pourrait plus livrer ses grains dans son centre de collecte. La moisson pourrait alors virer au cauchemar, même si l’agriculteur fait appel à la solidarité pour qu’il ne perde pas sa récolte.
Antoine Hacard : Si un cas de Covid-19 était détecté dans un de nos dépôts, nous appliquerions « les plans spécifiques Moisson » dans la continuité du plan de continuité d’activité pour poursuivre la collecte en redéployant notre organisation logistique vers les centres de collectes épargnés par l’infection.
Éric Thirouin : Il faut rappeler que la MSA a édicté de fiches, avec des règles à respecter, afin de minimiser les contacts. Celles-ci recommandent de personnaliser les matériels et d’éviter les changements de conducteurs. Dans chaque cabine de tracteur et de moissonneuse, un flacon de gel et des gants devront être disponibles, en plus du port du masque.
Les mesures sanitaires ne vont-elles pas entraver le fonctionnement des collecteurs, négociants ou coopérateurs ?
Antoine Pissier : Les agriculteurs ont toutes les raisons d’être rassurés. Nous sommes prêts pour collecter, travailler et commercialiser au mieux leurs grains. Les mesures sanitaires n’entraveront pas la qualité des services que l’on fournit à nos clients.
Antoine Hacard : Quelle que soit l’heure à laquelle les agriculteurs livreront des remorques, des magasiniers réceptionneront les céréales en respectant les règles sanitaires imposées.
Pour plus de sécurité, faudrait-il généraliser les tests avant de commencer la période de moissons ?
Antoine Hacard : Non, on ne fait un test que si on ne ressent les symptômes du coronavirus.
Antoine Pissier : Systématiser les tests n’a aucun intérêt, car la situation immunologique de chacun d’entre nous peut changer d’un jour à l’autre. Un test ne protège pas ! Ce qui nous protégera tous, ce sont les gestes de distanciation pour limiter tout risque de contamination.
Éric Thirouin : On va utiliser toutes les ressources d’informations pour rappeler aux agriculteurs les gestes à adopter afin de réussir la moisson en sécurité.