Prix du porc : coup de pouce ou coup d'épée dans l'eau ?
La revalorisation accordée par les salaisonniers, lors du conseil d'administration de l'interprofession porcine d'Aquitaine est loin de compenser la sévère hausse des matières premières supportée par les éleveurs.
À l'issue de la dernière réunion du conseil d'administration de l'Interprofession porcine d'Aquitaine (Inpaq) du mercredi 20 avril, les salaisonniers ont accepté de revaloriser l'intéressement pour la production éligible à l'IGP jambon de Bayonne. De 40 centimes par pièce, il passera, à compter du 1er mai et jusqu'au 1er janvier 2012, à 0,205 € à tous les kilos “bayonnablesâ€, soit plus de 2 € par jambon « et cela de façon linéaire, quel que soit le cours du cadran » précise le président de l'Inpaq. « L'intéressement est ainsi quasiment multiplié par 5. C'est une avancée considérable par rapport à la situation précédente », juge Bernard Dupont qui qualifie l'accord de « favorable » tout en reconnaissant qu'il ne donne que partiellement satisfaction aux éleveurs.
En effet, se faisant le porte-parole de ces derniers, le président de la FRSEA avait adressé une lettre au conseil d'administration de l'Inpaq pour exprimer l'exaspération d'une profession étranglée par quatre années de cours catastrophiques et que la flambée des céréales finissait « d'achever ». Faute d'une revalorisation conséquente de l'incitation financière à la production de cuisses répondant aux critères de l'IGP jambon de Bayonne, les éleveurs menaçaient de déclasser leurs porcs et de « faire la grève » des pièces “bayonnablesâ€
Un accord transitoire en attendant le 1er janvier 2012
« On aurait bien voulu que l'intéressement intègre la flambée des matières premières » admet Bernard Dupont. Mais, les salaisonniers présents (Aoste, Delpeyrat, Dupuy et Baillet) se sont défendus en argumentant sur leurs difficultés à faire passer les hausses auprès de la grande distribution. Pour le président de l'Inpaq, « au 1er janvier 2012, on rebattra les cartes » et c'est donc un accord « moyen terme » qui a été accepté par la majorité des représentants des producteurs présents au conseil du 20 avril.
Pour Robert Dolhéguy, le compte n'y est vraiment pas du tout. Il rappelle que l'Institut français du porc (IFIP) a quantifié de 35 à 40 € par porc le surcoût consécutif à la flambée du prix des céréales supporté par les éleveurs depuis l'an dernier. « Ce n'est donc pas 2 € de plus par jambon qui vont changer la situation » tempête le président de la section porcine de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques. Il regrette amèrement que les arguments des éleveurs n'aient pas été entendus par les salaisonniers « qui n'ont pas fait preuve de grande écoute ».
Mais en faisant la sourde oreille, ces derniers ne seraient-ils pas en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis, s'interroge le syndicaliste ? Aujourd'hui, pour beaucoup d'éleveurs, la coupe est pleine. Face à l'obligation de mettre aux normes leurs ateliers d'ici le 1er janvier 2013, nombreux sont ceux qui jettent l'éponge, et pas des moindres. « Pour ceux qui achètent leur aliment, la situation est devenue impossible et pour ceux qui produisent leur mais, ils préfèrent le vendre plutôt que d'élever des porcs à perte ».
Une prochaine réunion commune des sections syndicales des FDSEA des Landes et des Pyrénées-Atlantiques déterminera la position à venir des éleveurs « qui ont toujours le choix de cocher ou non l'option “bayonnable†» rappelle Robert Dolhéguy.
Benoît Lalanne
Benoît Lalanne