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Prix et des marge : la distribution peut encaisser une hausse

Le rapport Chalmin met en évidence, pour la première fois la marge nette que retirent les enseignes de distribution, rayon par rayon, filière par filière. Il vient confirmer que, sur 100euros de dépenses alimentaires, la production agricole ne compte que pour 8 euros.

file-Philippe Chalmin, président de l'Observatoire, présente le rapport sur la formation des prix et des marges alimentaires, en présence de Stéphane Le Foll et Guillaume Garot. © Réussir
Philippe Chalmin, président de l'Observatoire, présente le rapport sur la formation des prix et des marges alimentaires, en présence de Stéphane Le Foll et Guillaume Garot. © Réussir
Sur 100 euros de dépenses alimentaires, moins de 8 reviennent actuellement à  l'agriculture, 11 euros aux industries agroalimentaires, loin derrière le commerce (21 euros). Ces données, déjà  constatées en 2011 par l'observatoire, sont confirmées, et complétées par l'analyse de la marge nette, qui met en lumière le fait que l'importance des marges par rayon est plus corrélée aux frais du rayon qu'aux prix pratiqués par l'amont. Ainsi, le rayon qui dégage la plus forte marge (5,90 euros pour un chiffre d'affaires de 100 euros) est celui de la volaille. Raison: de faibles charges de personnel, ce rayon étant majoritairement en libre-service. Le rayon de la charcuterie génère 5,10 euros de marges, parce que les charges de personnel sont modestes (beaucoup de viandes préparées à  l'avance). Le rayon qui a la plus faible marge est celui des fruits et légumes (0,60 euro pour 100 euros). Motif: une main-d'oeuvre importante, pour le réassortiment fréquent, les produits étant périssables, pour l'entretien et pour la pesée. Le rayon des fruits et légumes est aussi un rayon qui ne peut pas être disposé en hauteur, d'où une emprise au sol coûteuse en mètres carrés. Enfin, il s'agit d'un rayon consommateur de sacs pour emballer les produits. Un rayon a même des marges négatives: le rayon boucherie. Cela parce que les charges rapportées au chiffre d'affaires sont élevées. La marge du rayon des produits laitiers quant à  elle est modérée: pour 100 euros de chiffre d'affaires, elle est évaluée à  1,90 euro. Mais elle est très importante globalement, car c'est le plus gros rayon en termes de chiffre d'affaires. L'importance des charges de personnel Ces analyses illustrent la faible incidence des variations des prix des matières premières dans les produits au détail. Cette faible part a permis aux filières agroalimentaires, notamment au stade de la distribution, de comprimer leurs marges, et ainsi de «tamponner relativement bien» la hausse des prix des matières premières, a commenté Philippe Chalmin. Ce rapport doit servir de base aux discussions qui ont eu lieu lors de la table ronde organisée ce 21novembre par le gouvernement sur les relations commerciales entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Mais ses données serviront aussi de base au gouvernement pour justifier une politique qui prend la défense de l'amont, où se jouent les créations d'emplois. Préoccupé par la situation de l'emploi, le gouvernement, qui n'hésite pas à  réduire les charges des entreprises pour relancer les embauches, veut remettre les pendules à  l'heure dans les rapports entre fournisseurs et distributeurs. Le juste équilibre L'intention du gouvernement s'est précisée lors de la séance du conseil des ministres du 14 novembre. Le ministre de l'Économie et des Finances et son ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire ont présenté une communication «visant à  mettre l'ordre public économique au service de la compétitivité». L'ordre public économique «est constitué par l'ensemble des dispositions qui définit le cadre des relations entre les acteurs économiques. Il est particulièrement important pour assurer un juste équilibre des relations entre donneurs d'ordres et sous-traitants et entre fournisseurs et distributeurs. Cet équilibre est lui-même une condition de la capacité des entreprises à  investir et à  innover», ont déclaré les deux ministres.
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