Retraites agricoles : la parité c’est maintenant…
D’ici la fin de cette année, les pensions des agriculteurs vont passer à 85% du smic pour une carrière complète au même titre que les salariés du régime général. Une très bonne nouvelle pour les anciens même s’il reste encore de nombreux chantiers en cours, dont ceux de la transmission et de la dépendance.
La présidente, Hélène Blaud, n’a pas boudé son plaisir, le 10 mars dernier, à l’ouverture du congrès en visioconférence de la section nationale des anciens exploitants (SNAE) de la FNSEA. Quelques jours auparavant, à l’occasion d’un déplacement le 6 mars dans la Creuse avec le Premier ministre Jean Castex, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a indiqué la volonté du gouvernement de faire entrer en vigueur dès le 1er septembre cette année, au lieu de 2022, la revalorisation des retraites des agriculteurs de 75 à 85% du Smic, votée par le Parlement en juin 2020.
Une si longue attente
Cette revendication de parvenir à une retraite égale à 85% du smic pour une carrière complète de chef d’exploitation, a été une lutte de longue haleine puisqu’elle a commencé en 2003. Il aura donc fallu 17 ans avant que la réforme aboutisse.
«C’est un acquis historique et 2020 est une grande année pour les retraites», a d’ailleurs souligné Christiane Lambert, présidente de la FNSEA qui reste attentive sur les modalités d’application de cette disposition. Au mieux, cette mesure sera appliquée à partir du 1er septembre prochain, au plus tard le 1er janvier 2022. Le gouvernement a les cartes en mains, ont dit, en substance Hélène Blaud et Christiane Lambert.
Toutes deux regrettent cependant, comme les anciens exploitants, que le régime universel de retraite que le gouvernement envisageait d’instaurer, n’ait pas pu se mettre en place en raison de la crise du Covid. «Pourtant, nous sommes toujours volontaires pour l’expérimenter», a indiqué Hélène Blaud. La déception est aussi de mise en ce qui concerne la revalorisation des retraites des conjointes d’exploitants et des aides familiaux. «Ce combat est juste et il faut le poursuivre», a martelé la présidente de la SNAE.
Anticiper le cinquième risque
La crise sanitaire a également reporté, sine die, le dossier de la dépendance qui concerne, aujourd’hui presque 1,5 million de personnes en France, dont de nombreuses personnes issues du milieu agricole et rural. La SNAE s’inquiète que la Mutualité sociale agricole soit, administrativement, écartée de ce dispositif alors même qu’elle travaille depuis plus de 30 ans sur cette problématique, notamment par la mise en place des Maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie (Marpa).
«Cela n’empêche pas d’en parler au sein des familles. Il est important d’anticiper pour nos parents et pour nous-mêmes en préparant quand on le peut», a souligné Christiane Lambert qui a salué «le précieux travail de sentinelle, le rôle de proximité et d’accompagnement des anciens», très impliqués dans la vie locale et les mouvements associatifs. «Ils permettent d’expliquer autre chose qu’une vision idéalisée de l’agriculture», a lancé la patronne de la FNSEA.
Poursuivant sur le dossier du cinquième risque, Vanessa Wisnia-Weill, secrétaire générale du Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), a porté le débat sur les mobilités résidentielles et la question du maintien à domicile, notamment en milieu rural. «Ce sujet recoupe celui des zones blanches qui concerne l’accès limité à la téléphonie/numérique, aux commerces et à la santé.»
Une “expérimentation terrain” va être menée dans quatre départements (Hérault, Nord, Saône-et-Loire, Val d’Oise) et au second semestre, le HCFEA ouvrira un chantier sur le patrimoine et l’intergénérationnel, en vue du maintien à domicile. Les anciens exploitants représentés au HCFEA seront les premiers impliqués.