#SauverLesAgri : le monde agricole se mobilise contre toutes les distorsions
Depuis dimanche 10 juin, des agriculteurs bloquent, partout en France, des dépôts de carburants et des raffineries pour protester contre toutes les distorsions de concurrence. Lundi 11 juin, en fin de journée, la mobilisation battait encore son plein sur 16 sites et les manifestants étaient bien décidés à tenir les blocages et à faire entendre leurs revendications.
«Partout en France, les agriculteurs sont mobilisés et très motivés pour dénoncer les distorsions de concurrence. Ils sont exaspérés ; ils font des efforts tous les jours pour améliorer leurs pratiques, des efforts battus en brèche par des produits venus d’ailleurs», a déclaré Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le 11 juin en fin de journée. Pour la présidente de la FNSEA le gouvernement ne peut rester silencieux face à cette mobilisation.
La mobilisation a débuté dans la nuit de dimanche à lundi. Elle concernait au départ 14 raffineries, réparties sur tout le territoire, hier en fin de journée 16 sites étaient bloqués. Christiane Lambert confie que l’installation s’est bien passée dans tous les points de blocage, excepté pour la raffinerie de Donges, «il a fallu menacer de bloquer la voie d’accès avec les 100 tracteurs pour que la préfète tienne parole. Cet incident a entraîné un redoublement de la motivation des manifestants».
«À part à la raffinerie de la Mède, le blocage tient, et la mobilisation des Jeunes Agriculteurs (JA) est plutôt positive au regard du nombre de nos adhérents», raconte Jérémy Decerle, président de JA. En effet, le blocage de la raffinerie de biodiesel située dans les Bouches-du-Rhône, s’est terminé lundi midi. Jean-Paul Comte, président de la FDSEA 04, précise que la mobilisation a été stoppée en raison d’un manque de moyens humains.
La détermination des plus de 3.000 agriculteurs mobilisés reste, cependant, intacte sur tous les autres sites bloqués. En Île-de-France, quatre sites sont concernés et l’état d’esprit des participants «est plutôt bon, nous sommes déterminés et organisés», affirme Damien Greffin, président de la FDSEA Île de France. Il espère que ce blocage de sites stratégiques sera «un vecteur pour faire entendre au gouvernement nos revendications, il permet de mettre en place un réel bras de fer».
Protester contre toutes les distorsions
Christiane Lambert souligne que l’autorisation accordée par le gouvernement à Total pour l‘importation d’huile de palme pour faire tourner la raffinerie de biodiesel de La Mède n’est pas la seule raison de cette mobilisation. En effet, les revendications des deux organisations concernent ainsi toutes les distorsions, qu’elles soient sociales, environnementales et économiques, dans toutes les filières. Elles concernent également le grand plan d’investissement et la volonté de ne pas créer des normes qui imposent de nouvelles charges aux agriculteurs.
Toutefois, Christiane Lambert répète que la filière française de colza est menacée par ces nouvelles importations. En effet, la production nationale de colza est «précieuse […] notamment pour la filière élevage, puisqu’elle est non-OGM». «Grâce aux tourteaux de colza, on est passé, en 15 ans, de 38% à 68% d’autonomie protéique en France», poursuit-elle. Le président de JA appelle de ses vœux un projet français de biodiesel, un plan protéique et une réglementation drastique quant à l’importation de produits, comme l’huile de palme, non conformes aux normes françaises.
En attente de réponses
Le ministère de l’Agriculture a indiqué hier, lundi 11 juin, que Stéphane Travert et les dirigeants de la FNSEA se sont rencontrés dans l’après-midi pour faire le point sur les sujets liés aux distorsions sociales et environnementales. Les sujets ont porté sur les coûts du travail, les normes et les accords internationaux. La réponse du gouvernement s’étalera du 12 au 13 juin.
«Les agriculteurs ne manquent pas de motivation et de détermination», a martelé le président de JA en réponse aux propos que le ministre avait tenu le matin même sur RTL. Stéphane Travert avait appelé les syndicats à «la responsabilité, les blocages ne peuvent pas être la solution (…) ces blocages sont illégaux et ce n’est pas en bloquant les raffineries qu’on arrivera à quelque chose».