SIA 2021 : après l'annulation, un événement à réinventer
Les organisateurs et la profession travaillent à construire un ou des temps forts qui, sans remplacer le Salon, permettront au secteur agricole de s’exprimer et d’être entendu.
C’est officiel. Comme nous l’annoncions en exclusivité sur notre page Facebook ce mardi 13 octobre, l’édition 2021 du Salon international de l’agriculture, qui devait se tenir à Paris du 27 février au 7 mars, a été annulée par l’organisateur, Ceneca, lors d’un conseil de l’agriculture française (CAF) organisé le même jour. «Nous en sommes tristes mais la réalité de la pandémie fait que chacun doit prendre ses responsabilités vis-à-vis des exposants, des institutionnels, des équipes et des visiteurs bien sûr, a expliqué Jean-Luc Poulain, président du Ceneca. Nous ne pouvons prendre le risque d’un événement annulé par les autorités avec les conséquences que cela entraînerait pour chacun». Et notamment de lourdes conséquences économiques en cas d’annulation de dernière minute.
Un CGA en province
La profession agricole affiche, elle aussi, sa déception tout en restant pragmatique. «C’est une décision difficile mais nécessaire au vu de la situation sanitaire, a dit Christiane Lambert sur Franceinfo. Ce rendez-vous avec le public est précieux pour les agriculteurs et les visiteurs. Comptez sur nous pour innover et proposer de nouvelles modalités d’échange, à Paris et dans les territoires».
Les organisateurs réfléchissent d’ores et déjà à organiser un nouveau rendez-vous avec les citoyens. «Des éléments du salon auront tout de même lieu, précise Jean-Luc Poulain. Le salon aura lieu sous une autre forme, plus restreinte». Ainsi, une alternative au Hall des régions devrait être proposée au travers de marchés de produits fermiers à Paris et en province.
D’autre part, les organisateurs recherchent un lieu à Paris pour accueillir professionnels et politiques — dont le Président de la République — pour une journée de débat, autour notamment du thème de la souveraineté. «Nous allons essayer de garder les débats médiatiques qui ont lieu chaque année entre politiques et professionnels», souhaite Jean-Luc Poulain. «Nous ferons tout pour que l’agriculture, secteur si nécessaire à notre quotidien, trouve des moyens d’expression à la hauteur», a également indiqué Valérie Le Roy, directrice du Salon.
Enfin, en accord avec le ministère de l’Agriculture, le concours général agricole (CGA) des produits se tiendra «dans trois ou quatre villes de province.» Cela ne sera pas le cas pour le CGA des animaux, une majorité de races s’étant exprimée contre sa tenue cette année. «Reste à expertiser la faisabilité des concours jeunes et pratiques agroécologiques», concluent les organisateurs.
Yannick Allongue, avec Agra Presse
Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA : « Reporter le Salon est un crève-cœur »Le SIA est officiellement reporté en 2022. Quelle est votre réaction ?
Jérôme Despey - C’est un vrai crève-cœur pour les organisateurs et pour l’ensemble de la profession agricole. Ce rendez-vous annuel est très important pour mettre en lumière nos territoires, nos productions, nos terroirs et pour dialoguer avec les citoyens. Maintenant, le contexte sanitaire ne donne aucune perspective pour permettre d’accueillir en toute sécurité 5 000 exposants et plus de 50 000 visiteurs par jour. Il n’était et il n’est pas envisageable de faire prendre un quelconque risque. Malgré tout, avez-vous un moment songé à le maintenir ?
J. D. - Oui. Au mois de juillet et en août, quand nous avons vu la situation sanitaire s’améliorer, nous avons vu l’espoir renaître. Puis à la fin de l’été, quand les premiers symptômes d’une reprise de la pandémie se sont fait sentir, nous avons envisagé plusieurs scénarios possibles. Puis nous nous sommes rendus à l’évidence que resserrer ou amoindrir le format du Salon posait un problème de modèle économique. Nous étions également face à un point de non-retour au-delà duquel les exposants et les organisateurs ne pouvaient plus s’engager financièrement. Par quels moyens le grand public pourra-t-il rencontrer les agriculteurs ?
J. D. - FNSEA, JA et APCA, nous réfléchissons ensemble avec la mairie de Paris à organiser des marchés qui mettraient en avant les lauréats du CGA. Ces marchés, dont les lieux restent à définir, se dérouleraient sur la même période que le Salon, c’est-à-dire du 27 février au 7 mars. L’objectif est de favoriser le dialogue entre les agriculteurs/producteurs et les Français en mettant en avant nos produits, nos terroirs, nos territoires et ceux qui les font vivre. Nous réfléchissons aussi à initier un colloque autour du thème de la souveraineté alimentaire. Ce colloque pourrait se tenir en présence du chef de l’État. On sait combien les présidents et les hommes politiques sont attachés à l’agriculture et au Salon. Nous nous retrouverons Porte de Versailles en 2022. |