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Situation «quasi-standard» des nappes phréatiques

Au 1er avril, 76% des nappes phréatiques affichent un niveau normal ou supérieur à la normale, a noté le 20 avril dernier le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), évoquant des recharges hivernales «quasi-standard» même si elles ont été moins complètes que les deux années précédentes et «faibles» par endroits.

file-Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la recharge hivernale 2015-2016 est jugée «faible» par endroits et moins complète que les deux années précédentes.
Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la recharge hivernale 2015-2016 est jugée «faible» par endroits et moins complète que les deux années précédentes.

Le bilan de la situation des nappes françaises en fin de recharge hivernale a été présenté à l’occasion d’une conférence intitulée “Eaux souterraines” organisée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BGRM), l’établissement public de référence dans les applications de gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol, le mercredi 20 avril. Sur les 1.700 points suivis tout au long de l’année, 260 sont retenus pour les analyses en raison de leur représentativité.

La situation au 1er avril 2016, correspondant à la période de fin de recharge hivernale des nappes, est considérée par Philippe Vigouroux, hydrogéologue chez BGRM comme «moins conséquente qu’en 2014 et 2015». Ainsi, 76% des niveaux sont normaux ou supérieurs à la normale contre 83% en 2015. La période au 1er avril incarne le basculement qui s’opère dans l’exploitation des nappes souterraines.

Pendant les mois de septembre à mars, les aquifères se chargent en eau car la végétation et les usages y sont plus faibles. À partir d’avril, les activités agricoles jumelées à la reprise de la végétation provoquent irrémédiablement la diminution des réserves souterraines.

Rattrapage en février et mars

«La situation des nappes n’est pas si mal, alors qu’on était très inquiet au 1er février», a ainsi déclaré l’hydrogéologue Philippe Vigouroux. «Les précipitations de février et mars ont comblé une grande partie du déficit très marqué» de la recharge à la fin de l’hiver, précise-t-il.

Un bilan hétérogène est toutefois dressé, selon les régions, avec des réservoirs souterrains qui affichent des niveaux inférieurs à la normale dans le Sud-Est en particulier.

«La plus grande partie du Bassin parisien, du Sud-Ouest et de l’Est présente des niveaux normaux ou supérieurs à la normale en lien avec des pluies marquées. Quelques secteurs restent déficitaires en termes de recharge comme dans une partie du Sud-Est ou dans le nord-est du Bassin parisien».

La gestion active des ressources dans le futur

La France possède une grande richesse géologique qui détermine les types d’aquifères, qu’ils soient libres, captifs, fissurés, altérés ou fracturés. Selon des modélisations basées sur les résultats du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), d’ici un horizon 2045-2065, la recharge hivernale française devrait connaître une baisse de 10 à 25% de sa valeur. Dans certains départements du Midi, de l’Aude et de l’Ariège notamment, cette baisse atteindrait même 50%.

Pour anticiper ces prévisions, le BGRM avance plusieurs types de gestion active des ressources en eaux souterraines. L’optimisation de la recharge en utilisant des eaux usées comprenant un traitement avancé pour éviter tous risques sanitaires. Aujourd’hui, les États-Unis, l’Australie et Israël sont à la pointe de ces technologies. Un autre procédé viserait à optimiser l’infiltration en stockant l’eau dans des bassins souterrains pour éviter les pertes liées à l’évaporation.

Les eaux souterraines représentent 6 des 34 milliards de m3 utilisés chaque année en France pour répondre aux besoins humains en termes d’eau potable, d’industrie, d’irrigation et d’électricité. À comparer aux 100 milliards de m3 qui alimentent en moyenne les aquifères français au nombre de 6.500 répartis sur le territoire. Le potentiel reste donc très important.

Néanmoins, les dimensions de risques naturels et de ressources en eau doivent être considérées dans un même ensemble selon Vincent Laflèche, président du BGRM. Leur mutuel équilibre est fragile car encore assez méconnu.

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