Tardets, l’irréductible village de Haute-Soule
Tardets est le cœur et les poumons de son canton. Depuis toujours, les équipes municipales successives ont mené le combat pour maintenir des services de proximité, repoussant la désertification rurale.
On peut ne compter que 532 âmes et avoir tout d’une grande ! Tardets, petite commune de Haute-Soule, offre en effet un confort de vie appréciable et un dynamisme éclatant. Les commerces y sont nombreux : supérettes, boulangeries, hôtels-restaurants, chambres d’hôtes, coiffeuses, esthéticiennes, pharmacies pour ne citer qu’eux. La commune se veut être un véritable atout pour tout le canton, lui aussi modeste, avec 3 200 habitants seulement.
Petit certes, mais costaud. Tardets le revendique. Au fil des ans, la commune a défié toutes les lois de la logique en combattant ce mal qui ronge nos campagnes : la désertification. « C’est une quête permanente de tous les élus depuis des années », explique Maïté Pitrau, la nouvelle maire, élue le 26 mai dernier après avoir occupé deux mandats successifs de conseillère municipale.
Dans ce village typique du Pays basque intérieur, le maintien du service à la personne, tant sur le plan administratif que médical, est un véritable credo sans cesse renouvelé. Ainsi, Tardets peut se targuer d’avoir toujours son bureau de Poste. Et côté démarches administratives, un service passeports bien plus performant que dans bon nombre de grosses ou moyennes communes des Pyrénées-Atlantiques.
Pas de désert médical
L’intention de la nouvelle équipe municipale est bien de renforcer encore ce service de proximité avec la création d’un centre administratif qui regroupera les différents services de l’État. Un centre qui ne sera pas très éloigné d’un autre regroupant les domaines culturels. « Le maintien du bureau de Poste et des services administratifs est une priorité absolue pour nous », ne cesse de répéter l’édile. Parmi les autres projets ambitieux des élus, l’extension du lotissement communal pour y accueillir de nouveaux habitants.
Mais les services à la population, c’est aussi la santé. Quand on parle de village de campagne, on parle inévitablement de désert médical. Là encore, Tardets fait preuve d’une vitalité à faire pâlir de jalousie bien d’autres de ses consœurs, beaucoup moins bien dotées en la matière. Qu’on en juge, on y trouve pas moins de cinq infirmier(e)s, deux cabinets de kinésithérapeutes, deux pharmacies et cinq médecins. Mais aussi un centre de soins de suite et même une unité Alzheimer de douze lits. Les animaux ne sont pas en reste avec une clinique vétérinaire, bien utile aussi pour les agriculteurs du canton. À cela, il convient d’ajouter la maison de retraite Sainte-Antoine.
Cet Ehpad, justement, connaît une attractivité sans cesse grandissante. Parfois même, des familles de la région paloise repoussent l’entrée de leurs aînés en attendant qu’une place se libère à Tardets ! Il faut dire que les animatrices qui y officient font tout pour leur rendre la vie douce : « Elles sont formidables et jamais à court d’idées, résume Maïté Pitrau. Elles multiplient les offres d’activités et de sorties, comme pour le marché et les balades au bord du Gave ». Parmi les activités phares de l’institution : la cuisine, où les résidents confectionnent la soupe de la semaine et un plat supplémentaire, « un différent chaque semaine » explique l’élue.
Le Zibéro, fleuron et symbole
Tardets n’en oublie pas pour autant ses racines rurales. L’agriculture occupe encore une place importante dans la vie du village. Ainsi, la commune accueille, le premier jeudi qui suit le 15 août, la foire aux fromages, qui année après année, bat des records de fréquentation.
C’est aussi à Tardets qu’est proclamé chaque année le résultat du Rallye des Cimes, considéré comme l’épreuve reine du championnat du monde des rallyes tout-terrain, juste après l’ascension du col qui fait la fierté de tous les Haut-Souletins : la Madeleine. Et c’est encore à Tardets que le carnaval continue d’exister, malgré les complications de toutes sortes : « Cette année, on est passé ric-rac à cause du coronavirus, mais on est passé », sourit Maïté Pitrau. Il en faudrait plus pour faire céder ce peuple d’irréductibles.
Symbole de ce refus de plier face aux plus riches et aux plus grands, son club de handball : le Zibéro, véritable fleuron de la cité. Fort de ses 450 licenciés, dont 95 % issus de la formation locale, ce club est un cas unique en France, avec ses deux équipes seniors (garçons et filles) en Nationale 2 pour la deuxième année consécutive.
Le samedi soir, plus de 600 spectateurs — soit plus que la population du village — font de la salle des sports un véritable chaudron où les grosses écuries, venues de Bordeaux ou Toulouse notamment, finissent souvent par baisser pavillon devant l’abnégation, le courage et la vaillance de ces vrais amateurs, dans un sport qui se professionnalise de plus en plus.
À Tardets, prouver qu’on a tout d’un grand, ce n’est plus un défi, c’est une tradition qui perdure. De telles particularités sont véritablement inscrites dans l’ADN locale. Tardets, c’est le miracle sans cesse renouvelé, des limites toujours repoussées. C’est le symbole que rien n’est inéluctable, qu’avec du cœur, une volonté permanente, on peut faire aussi bien et même mieux que d’autres beaucoup plus riches.
Fabrice Borowczyk
