«Tous les engagements du plan d’urgence ne sont pas tenus»
Face à une crise profonde dont on ne voit pas l’issue, la FNSEA se prononce pour la première fois en faveur d’un plan d’accompagnement social des agriculteurs. Les plus touchés n’ont d’autres solutions que la faillite de leur entreprise…
En présentant ses vœux à la presse, le président de la FNSEA Xavier Beulin a estimé que les pouvoirs publics doivent redoubler d’effort. Pour le patron de la centrale syndicale agricole majoritaire, «l’agroécologie, c’est bien, le 4 pour 1000 c’est super. Nous n’avons rien à y redire, c’est de l’agronomie, mais on ne peut pas se contenter de ces discours alors qu’il y a le feu dans la ferme France». S’il considère que «le 3 septembre le Premier ministre nous a entendus en annonçant le plan de soutien d’urgence», il estime en revanche que «toutes les mesures n’ont pas été appliquées».
Pas de pause «normative»
Les deux premiers volets du plan, à savoir les aides d’urgence et les mesures fiscales, ont été selon lui appliquées, mais ce n’est, affirme-t-il, pas le cas du troisième, le volet «normatif». Manuel Valls s’était engagé le 3 septembre à ne plus «surtransposer» en France les normes européennes et à changer de méthode dans l’établissement des nouvelles normes.
Il fallait que «ces normes soient expérimentées avant d’être généralisées et que l’on en mesure d’abord toutes les conséquences», rappelle Xavier Beulin. Pour lui, cet engagement n’est pas respecté, en particulier, au travers de l’élaboration du plan Ecophyto 2 qui «ne convient pas du tout et doit mieux prendre en compte la dimension économique des exploitations».
Xavier Beulin se dit favorable aux actions qui permettent de réduire les produits phytosanitaires, cependant, il s’oppose aux «moyens» utilisés par le gouvernement, plus précisément, à l’idée que l’on puisse «décréter a priori que l’on va diminuer de 25%, puis de 50% l’usage à travers le nombre de doses utilisées».
Selon lui, les substances supprimées ont été remplacées par des produits qui nécessitent des passages supplémentaires. «Il y aura là-dessus des discussions très actives dans les jours qui viennent», annonce Xavier Beulin.
Des engagements devenus lettre morte
Il a également regretté que les engagements de hausse des prix de la part des industriels et distributeurs, annoncés l’été dernier, soient devenus lettre morte. «Où allons-nous récupérer les centimes qui se baladent et qui ne sont pas chez nous?» interroge-t-il, évoquant, dans certains autres pays (Belgique, Allemagne, Danemark), la création de fonds alimentés par le commerce ou les industriels et remontant aux agriculteurs pour leurs revenus ou leurs investissements. Il a laissé entendre, sur ce sujet, qu’il attend que les pouvoirs publics s’engagent.
Évoquant ensuite le cas de «certains de nos collègues (qui) ne pourront plus exercer leur métier», Xavier Beulin a évoqué le travail du réseau FNSEA (dispositif AgriCollectif) sur «l’identification de portes de sorties», la formation professionnelle, et s’est déclaré, à destination du ministère, «atterré que ce travail se fasse en silence». Le secrétaire général du syndicat majoritaire, Dominique Barrau, a également regretté ne pas avoir «la moindre reprise publique» de ce dispositif. Enfin, Xavier Beulin s’est dit par ailleurs «dépité que, du côté Bruxellois, les moyens consentis aux éleveurs sont réduits à peau de chagrin».