Tout un univers des céréales se met en scène
L'association Passion Céréales organisait cette semaine un événement sur le monde des céréales à Bordeaux. L'occasion d'y croiser des personnalités de milieux très divers, venus partager leurs passions.
L'ensemble des intervenants, venus d'horizon très divers, a fait partager au public une partie de ses connaissances sur les céréales. Une soirée qui a fait la part belle à la culture du mais. © Le Sillon
Voyage dans l'imaginaire des céréales en Aquitaine». Voici le nom choisi par Passion Céréales pour la soirée organisée mardi 25 novembre au théàtre Trianon de Bordeaux. Soirée pendant laquelle un agriculteur, un meunier, une blogueuse, un cuisinier, un professeur et un sélectionneur de mais ont présenté leurs connaissances, leurs souvenirs, leur passion des céréales. Une filière ô combien importante pour l'Aquitaine, la moitié des terres arables étant consacrée à la culture de céréales. Le mais y tient une place prépondérante: 70% de la surface céréalière lui est consacrée.
Gilles Fumey, professeur à l'université Paris-Sorbonne, et Jean Beigbeder, sélectionneur de mais, ont apporté des visions historiques de la culture du mais. Avec Gilles Fumey, c'est par un regard d'anthropologue que le public à découvert la culture des céréales, en particulier du mais. Pour le professeur, que ce soit pendant les famines des XVIe et XVIIe siècles, ou à la suite du plan Marshall dans les années 1950, le mais a toujours joué un rôle dans la société.
Voyage dans l'Histoire
Jean Beigbeder s'est quant à lui intéressé au mais dans une vision plus scientifique, celle du sélectionneur. Il remonte ainsi 9000 ans en arrière, au Mexique, là où est né le mais. La culture est alors soumise à de nombreux problèmes, notamment de maturité (dès que la graine est trop mûre, elle tombe). Mais la graine de mais est aussi entourée d'une coque très dure, et elle est d'une petite taille (un cinquième d'un grain de riz). «On trouve alors trace des premières sélections. Peu à peu, la coque disparaît, les graines sont plus grosses et se forment en épi, ne tombant plus lorsqu'elles sont mûres», explique Jean Beigbeder.
Parmi les autres intervenants, Joëlle Dubois ou encore Nicolas Magie ont partagé leurs souvenirs d'enfance, dans une autre vision des céréales: celle de la cuisine. La première, d'origine camerounaise, a été nourrie dans des traditions culinaires où le riz était prépondérant. Le deuxième est restaurateur, une habitude familiale depuis quatre générations, et utilise beaucoup le mais. Pour les deux, l'idée est la même: perpétuer les recettes traditionnelles, celles qu'ils ont connues et qu'ils veulent aujourd'hui transmettre.
Multiples facettes
La transmission, Jacques Desperière connaît ça. Issu d'une famille de meuniers, il fait d'abord des études de pharmacien. Mais une fois dans la vie active, il se rend vite compte que sa place est ailleurs, dans le moulin familial. Un métier qu'il évoque avec amour, passion et qu'il espère ne jamais voir disparaître.
La soirée s'est terminée avec l'intervention de Daniel Peyraube, délégué Passion Céréales en région Aquitaine, et lui-même polyculteur éleveur dans le sud des Landes. Le mais, c'est sa fierté, celle de son département aussi. Il n'oublie pas que le mais des Landes, c'est avant tout ce qui nourrit le fameux poulet fermier jaune des Landes, premier label rouge décerné en France, en 1965.
Cet ensemble d'intervenants, très hétéroclite, a permis de montrer au moins une chose au public venu assister à la soirée: le monde des céréales est un univers aux multiples facettes, une partie intégrante de l'évolution de nos sociétés à travers l'Histoire. Le négliger serait une erreur.
Sylvain Desgroppe