Toutes les filières de l’agriculture régionale sont en souffrance
C’est dans un contexte européen et mondial tendu, avec des marchés sous pression, que le président de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Luc Servant, a fait sa rentrée ce mardi 4 octobre à Bordeaux. Entre le conflit en Ukraine, les sécheresses en Europe et en Chine, la crise énergétique… Le climat ambiant ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme.
C’est dans un contexte européen et mondial tendu, avec des marchés sous pression, que le président de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Luc Servant, a fait sa rentrée ce mardi 4 octobre à Bordeaux. Entre le conflit en Ukraine, les sécheresses en Europe et en Chine, la crise énergétique… Le climat ambiant ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme.
En prélude à sa conférence de presse, le président de la chambre régionale d’agriculture (Crana) a évoqué les premiers chiffres de l’été 2023. La production de céréales et oléoprotéagineux est en baisse de 15%, la viticulture a souffert (gel en avril, épisodes de grêle, fortes chaleurs estivales), la production d’herbe a baissé de 35 à 45% minimum, la production de fourrages a chuté de 40 à 50%, et la filière fruits et légumes n’a pas échappé à la sécheresse…
L’élevage régional est également en souffrance, que ce soit en lait comme en viandes bovine, ovine et volailles. «Heureusement que les prix étaient là, face à des charges en hausse et des rendements en baisse», observe Luc Servant. Malgré tout, sans fourrage, les élevages ont entamé une décapitalisation des cheptels, qui pourrait entraîner de nouveaux déséquilibres à l’avenir.
Accompagner l’agriculture
C’est dans ce contexte que la nouvelle PAC entre en application au 1er janvier 2023. «Le plan stratégique national, déclinaison de l’accord européen sur la PAC, a été validé, il faut en discuter les modalités techniques», indique Luc Servant. Une PAC qui fera la part belle à l’éco-
régime sur le premier pilier, avec une conditionnalité environnementale et sociale des aides étendue. Quant au deuxième pilier, l’État gérera les soutiens à caractère surfacique, et les régions les aides à l’investissement, à l’installation, et les dispositifs environnementaux non liés aux surfaces.
L’installation constitue un autre défi. «On observe l’arrivée d’un nouveau public, moins jeune, en reconversion, sur de plus petites surfaces, donc il faut retravailler nos dispositifs d’accompagnement», juge le président de la chambre d’agriculture. Le même discours est tenu sur le dispositif assurantiel. «Il faut encore convaincre sur les évolutions en cours. Si l’agriculteur est assuré, il aura désormais accès à son indemnité, évidemment, mais aussi à des fonds d’aide qui se déclencheront plus rapidement. Sans assurance, il n’aura quasiment plus rien», indique Luc Servant.
De nouveaux défis
Quant aux réflexions sur l’avenir, elles ne manquent pas. À commencer par l’incontournable sujet de l’eau, après l’été 2022 traversé… «Il faut réfléchir au stockage de l’eau l’hiver, à la gestion de l’eau par les barrages, à la réutilisation des eaux usées, où la France est très en retard. Il faut une réflexion globale avec tous les acteurs impliqués dans l’utilisation de l’eau», clame le président de la Crana.
Autre sujet d’actualité, l’énergie. Avec une reconnaissance officielle de l’agrivoltaïsme, qui va être intégré à la loi sur la production des énergies renouvelables. «En Nouvelle-Aquitaine, on croit en cette solution, avec des panneaux sur les bâtiments, mais aussi sur les serres, ou sur des cultures. On parle réellement d’agrivoltaïsme», évoquent Luc Servant et son directeur Olivier Degos.
«Ce ne seront plus seulement quelques panneaux au sol avec des moutons dessous. On parle de panneaux plus élevés, qui permettent l’implantation de cultures au sol, et laissent passer les machines», continuent-ils. Une réflexion est menée sur les impacts : productivité, protection contre le gel de faible intensité, contre la grêle, ombrage… Une solution d’avenir ?
Sylvain Desgroppes