Trente organisations proposent un contrat de solutions pour la réduction des phytosanitaires
Volontaires pour avancer dans le déploiement de solutions plus vertueuses de protection des plantes au regard des attentes de plus en plus fortes de la société, une trentaine d’organisations agricoles menées par la FNSEA travaillent collectivement à une trajectoire de progrès dans le but de dépasser, à terme, les objectifs du plan Ecophyto.
Alors que se déroulent actuellement les ateliers du chantier 2 des États généraux de l’alimentation, et face aux attentes fortes de la société mais aussi des agriculteurs sur le sujet de la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, la FNSEA et une trentaine d’organisations partenaires (liste ci-dessous) ont présenté, le 14 novembre, leur démarche collective de progrès.
À travers un «contrat de solutions», dont la rédaction sera finalisée au premier trimestre 2018, il s’agit de montrer que «nos organisations ne sont pas dans le déni : nous travaillons à la recherche de solutions», a rappelé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Comment faire pour réduire l’utilisation de ces produits dont la société, comme l’illustre le débat actuel autour de la ré-autorisation du glyphosate, ne veut plus entendre parler, tout en continuant à lutter efficacement contre les maladies, les adventices, les ravageurs ?
Pour Éric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA et responsable du dossier Environnement, «la solution réside dans la combinaison d’un certain nombre de mesures» que sont la recherche variétale, la robotique, l’agriculture de précision, ou encore le biocontrôle. «Aujourd’hui, la prise de conscience des agriculteurs sur ces sujets-là est évidente», explique de son côté Claude Cochonneau. Cependant, le président de l’APCA, regrette que «plus les agriculteurs font des efforts, plus ils sont critiqués : il faut de la sérénité dans ces débats, et la société doit être co-contractante», estime-t-il.
Car l’élaboration de solutions alternatives prend du temps. «Nous avons la chance en France d’avoir une recherche fondamentale encore assez forte», souligne Sébastien Windsor, vice-président de l’Acta. «Le vrai enjeu maintenant, c’est d’en transmettre les résultats aux agriculteurs le plus vite possible», poursuit-il. Les progrès sont réels, par exemple sur le colza. 70% des agriculteurs qui en cultivent ont avancé de 5 à 10 jours leurs dates de semis, ce qui permet de rendre la plante plus forte face aux adventices.
Un appui du gouvernement
Il faut, cependant, être conscient que les interdictions trop rapides de certains produits peuvent avoir des conséquences négatives sur l’environnement. Ainsi, aucune alternative efficace n’existe face au glyphosate : l’interdire dans les trois ans, alors qu’il faudrait au moins sept ans à l’Inra pour élaborer une véritable alternative technique, conduirait à utiliser de nouveau des substances abandonnées il y a plus de 10 ans en raison de leur nocivité.
Ou alors, les importations seront favorisées, comme c’est le cas pour les légumes dont les surfaces en France sont en déclin depuis 20 ans «face à la disparition des solutions de travail sur les plantes», explique Éric Thirouin. C’est pourquoi les organisations veulent présenter ce plan au gouvernement d’ici la fin de l’année. Il s’agit notamment d’obtenir un soutien sur les investissements nécessaires à la recherche, sujet qui correspond d’ailleurs à l’atelier 14 des États généraux de l’alimentation, coprésidé par Philippe Mauguin, PDG de l’Inra.
Les organisations demanderont aussi des avancées au niveau réglementaire, pour lever certains freins à l’innovation, à la recherche et à l’homologation. «Nous allons également associer les organisations de la société civile à la réflexion», indique Christiane Lambert. Les organisations partenaires doivent, dans les semaines qui suivent, répondre à dix questions sur les solutions possibles, les objectifs, le calendrier correspondant, ce qui servira de base à la rédaction des engagements de ce contrat de solutions.