Un comité national de lutte contre la faune sauvage est institué
Créée suite aux vives critiques émises par la FNSEA concernant les dégâts provoqués aux cultures par les sangliers, la nouvelle instance vise à réguler les populations de sangliers et réduire le montant des dégâts à indemniser.
Entre les dirigeants de la FNSEA et de la Fédération nationale des chasseurs, le torchon brûle depuis le début de l’année, alors qu’une réforme de la chasse s’annonce, sur fond d’augmentation des populations de sangliers depuis 20 ans (par 7 selon la FNSEA).
La centrale syndicale, qui a rencontré Sébastien Lecornu (secrétaire d’État auprès du ministre de l’Écologie) le 28août, craint la création par l’État d’une «taxe à l’hectare» pour financer les dégâts de grands gibiers, en lieu et place du timbre grand gibier national payé par les chasseurs.
«Nous avons demandé à Sébastien Lecornu qui paiera cette taxe : les chasseurs, les propriétaires terriens, les communes ? Nous n’avons pas eu de réponse», assure Thierry Chalmin. Le représentant de la FNSEA en charge de la chasse craint que les agriculteurs aient à contribuer eux-mêmes aux indemnisations des dégâts occasionnés sur leurs propres parcelles. «Ce sont les chasseurs qui ont voulu que le sanglier prolifère ; ils ont mis en place des outils pour développer les populations, il est donc normal qu’ils paient les dégâts», insiste-t-il.
Un niveau de dégâts «devenu insupportable»
Quelques jours après ses vives critiques, le gouvernement a annoncé la création d’un comité de lutte contre les dégâts causés par du gibier, et notamment des sangliers. Ce comité a été installé le 6septembre, ont annoncé le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, et le secrétaire d’État à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, dans un communiqué conjoint. Siégeront dans cette instance les diverses organisations et instances concernées.
Ce comité sera chargé de définir les modalités opérationnelles et de faire des propositions complémentaires. Parmi les mesures proposées, figurent la gestion des plans de chasse par les fédérations départementales de chasseurs et la possibilité pour le préfet, «en cas de défaillance» de leur part, de déclencher des battues administratives à la charge des fédérations.
«90% des dommages agricoles causés par le grand gibier (sanglier mais aussi cerf et chevreuil) aux cultures et forêts sont concentrés sur 15% du territoire national», indique le gouvernement, qui note que le niveau de ces dégâts «est devenu localement insupportable pour l’agriculture et la sécurité routière».
Prévention sanitaire
Le gouvernement souhaite «responsabiliser» les fédérations de chasseurs, en supprimant le fonds de péréquation nationale : «Une réflexion globale sur le financement de l’indemnisation des dégâts de gibier est engagée permettant aux fédérations départementales de moduler les montants par unité de gestion en fonction de la réalité des dégâts», indique le gouvernement.
La Fédération des chasseurs gère un fonds assurant, d’une part, une péréquation entre les fédérations départementales en fonction de leurs ressources et de leurs charges et, d’autre part, la prévention et l’indemnisation des dégâts de grand gibier par les fédérations des chasseurs.
«Nous nous fixons aujourd’hui l’objectif de réduction de moitié des dégâts d’ici 3 ans», a déclaré Sébastien Lecornu. Comme la présidente du syndicat agricole majoritaire, les autorités estiment en outre que la régulation des populations de sangliers «est nécessaire pour prévenir le risque d’introduction et de diffusion de maladies animales, à l’heure où la peste porcine africaine sévit dans plusieurs pays de l’est de l’Union européenne».