Un élevage de toros braves au pays de la Blonde
Pour le visiteur qui emprunte la RD 11 reliant Bidache à Saint-Palais (64), la stupeur est grande aux abords d'Arraute. Voici, se découpant sur le bleu délavé du ciel, la stature massive des taureaux de combat.
Stupeur au pays de la pacifique Blonde d'Aquitaine et du veau sous la mère ! Il est bien là le « bos taurus ibericus », ce pur descendant de l'antique urus, ce fauve de la préhistoire. À gauche et à droite de la départementale 11 reliant Bidache à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), aux abords du village d'Arraute, sur des prairies ondulées, coupées de bosquets, se profilent les silhouettes massives et fières des toros de combat.
Les braves éleveurs riverains ont vite gommé leurs craintes. Pas d'incidents graves à déplorer, pas de contamination avec le bétail voisin. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. De fait, des lots de vaches suitées surveillées par le semental (reproducteur) et, plus loin, les erales (bouvillons), les becerros de deux ans et les novillos de trois, au total près de 150 têtes paissent tranquillement sur les 100 ha du domaine.
Visite guidée avec Yves Bippus, mayoral du domaine d'El Palmeral (la palmeraie), par ailleurs arenero de la plaza bayonnaise, intrépide coureur d'encierros. Sur le plateau arrière du véhicule conduit par Yves, les cahots secouent rudement les passagers, dont son propre père, Pierre. « Celui-là , dit ce dernier, il est tombé dans la marmite taurine dès son plus jeune àge. Les toros, c'est sa passion ».
Avec un petit groupe d'initiés de l'aficion bayonnaise, Yves s'occupe des bêtes et assure les déplacements d'animaux, notamment vers la plazita où se teste la bravoure des vaches, où on pratique les soins, où on trie et charge les lots des màles en partance pour les arènes quand un maestro n'y vient pas décliner ses gammes.
« Cette année, nous avons plusieurs commandes pour les arènes de Bayonne, Floirac, Tyrosse », reconnaît Yves avec satisfaction. Pour cet élevage constitué à partir d'un lot de vaches issues du fer du maestro Ordoà±ez, c'est une reconnaissance par le mundillo du travail accompli ici, la lettre d'accréditation. Le célèbre matador était curieux de connaître l'impact de l‘herbe tendre du Sud-Ouest sur des bêtes plus habituées aux pàturages arides de la dehesa. Quant à la souche véhiculée par les reproducteurs, elle est de la caste Conde de la Corte et Atanasio Fernandez.
Un élevage extensif
Le véhicule permet une approche des fauves à quelques mètres, même des grands màles de trois ans. À cet àge-là , les combats deviennent fréquents car il s'agit d'établir la hiérarchie interne de la manade. « Souvent, ils se mettent à plusieurs pour agresser, voire tuer le plus faible du lot », explique Yves. Dure loi de la sélection. Le type d'élevage pratiqué est extensif. Les troupeaux vaquent dehors, été comme hiver.
« Les épisodes neigeux de cet hiver ont causé la mort de plusieurs bêtes. Mais, en Andalousie aussi, ils en ont perdu », regrette le mayoral. Les mères s'isolent dans les bois pour vêler. La plus grande partie de la superficie leur est concédée pour leur octroyer un maximum d'herbe. À huit mois, les petits sont sevrés et allotés par sexes. Ils ne se croiseront plus. Les femelles retenues vivront ensuite sous la domination d'un des six reproducteurs.
Les màles, eux, connaîtront le farniente du campo, entrecoupé de rixes fratricides, avant leur départ pour la mort glorieuse des arènes. Bien que les géniteurs soient noirs, on s'étonne de la variété des robes affichant toutes les nuances, du gris au rouan, du pie au chàtain. Et l'alimentation ? « De l'herbe et encore de l'herbe. Dans la semaine, un éleveur voisin apporte le complément de fourrage et de luzerne ».
Un bétail propre au domaine
Initialement créé avec le concours d'Olivier Martin, novillero puis éleveur, le site est la propriété de la famille Crabos de Saint-Sever, également célèbre dans le monde du rugby. « S'il existe trois élevages de ce type dans les Landes, nous sommes les seuls dans les Pyrénées-Atlantiques », conclut Yves. Lequel, avec des camarades également habités par l'aficion, prend du temps sur ses tàches professionnelles à EDF pour s'occuper de ces chers pensionnaires et assurer la prophylaxie réglementaire avec les vétérinaires locaux.
Créé en 1992, à la ferme Beigtanborda avec des vaches espagnoles, l'élevage est désormais fixé dans le mélange de sang Conde de la Corte et d'Atanasio Fernandez. Il produit des animaux puissants, à belle armure, au corps allongé. Beaucoup plus massifs que les Domecq (famille à lointaine ascendance béarnaise), aujourd'hui très prisés dans les cartels. Mais moins onéreux que les Vitorino Martin, à ce jour le fer le plus cher. Quant aux réformés des deux sexes, ils connaîtront la fin plus banale des abattoirs ou le recyclage des génisses dans les courses landaises. 1 - Pedro Domecq-Lembeye, natif du Béarn, s'expatrie et fonde, en 1822, un négoce de vin à Jerez de la Frontera. C'est un de ses descendants qui épousa Carmen Nunez de Villavicencio pour donner naissance à une lignée de fameux ganaderos, mondialement connus aussi dans le négoce du vin et des spiritueux.
Michel Bengoechea
Les braves éleveurs riverains ont vite gommé leurs craintes. Pas d'incidents graves à déplorer, pas de contamination avec le bétail voisin. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. De fait, des lots de vaches suitées surveillées par le semental (reproducteur) et, plus loin, les erales (bouvillons), les becerros de deux ans et les novillos de trois, au total près de 150 têtes paissent tranquillement sur les 100 ha du domaine.
Visite guidée avec Yves Bippus, mayoral du domaine d'El Palmeral (la palmeraie), par ailleurs arenero de la plaza bayonnaise, intrépide coureur d'encierros. Sur le plateau arrière du véhicule conduit par Yves, les cahots secouent rudement les passagers, dont son propre père, Pierre. « Celui-là , dit ce dernier, il est tombé dans la marmite taurine dès son plus jeune àge. Les toros, c'est sa passion ».
Avec un petit groupe d'initiés de l'aficion bayonnaise, Yves s'occupe des bêtes et assure les déplacements d'animaux, notamment vers la plazita où se teste la bravoure des vaches, où on pratique les soins, où on trie et charge les lots des màles en partance pour les arènes quand un maestro n'y vient pas décliner ses gammes.
« Cette année, nous avons plusieurs commandes pour les arènes de Bayonne, Floirac, Tyrosse », reconnaît Yves avec satisfaction. Pour cet élevage constitué à partir d'un lot de vaches issues du fer du maestro Ordoà±ez, c'est une reconnaissance par le mundillo du travail accompli ici, la lettre d'accréditation. Le célèbre matador était curieux de connaître l'impact de l‘herbe tendre du Sud-Ouest sur des bêtes plus habituées aux pàturages arides de la dehesa. Quant à la souche véhiculée par les reproducteurs, elle est de la caste Conde de la Corte et Atanasio Fernandez.
Un élevage extensif
Le véhicule permet une approche des fauves à quelques mètres, même des grands màles de trois ans. À cet àge-là , les combats deviennent fréquents car il s'agit d'établir la hiérarchie interne de la manade. « Souvent, ils se mettent à plusieurs pour agresser, voire tuer le plus faible du lot », explique Yves. Dure loi de la sélection. Le type d'élevage pratiqué est extensif. Les troupeaux vaquent dehors, été comme hiver.
« Les épisodes neigeux de cet hiver ont causé la mort de plusieurs bêtes. Mais, en Andalousie aussi, ils en ont perdu », regrette le mayoral. Les mères s'isolent dans les bois pour vêler. La plus grande partie de la superficie leur est concédée pour leur octroyer un maximum d'herbe. À huit mois, les petits sont sevrés et allotés par sexes. Ils ne se croiseront plus. Les femelles retenues vivront ensuite sous la domination d'un des six reproducteurs.
Les màles, eux, connaîtront le farniente du campo, entrecoupé de rixes fratricides, avant leur départ pour la mort glorieuse des arènes. Bien que les géniteurs soient noirs, on s'étonne de la variété des robes affichant toutes les nuances, du gris au rouan, du pie au chàtain. Et l'alimentation ? « De l'herbe et encore de l'herbe. Dans la semaine, un éleveur voisin apporte le complément de fourrage et de luzerne ».
Un bétail propre au domaine
Initialement créé avec le concours d'Olivier Martin, novillero puis éleveur, le site est la propriété de la famille Crabos de Saint-Sever, également célèbre dans le monde du rugby. « S'il existe trois élevages de ce type dans les Landes, nous sommes les seuls dans les Pyrénées-Atlantiques », conclut Yves. Lequel, avec des camarades également habités par l'aficion, prend du temps sur ses tàches professionnelles à EDF pour s'occuper de ces chers pensionnaires et assurer la prophylaxie réglementaire avec les vétérinaires locaux.
Créé en 1992, à la ferme Beigtanborda avec des vaches espagnoles, l'élevage est désormais fixé dans le mélange de sang Conde de la Corte et d'Atanasio Fernandez. Il produit des animaux puissants, à belle armure, au corps allongé. Beaucoup plus massifs que les Domecq (famille à lointaine ascendance béarnaise), aujourd'hui très prisés dans les cartels. Mais moins onéreux que les Vitorino Martin, à ce jour le fer le plus cher. Quant aux réformés des deux sexes, ils connaîtront la fin plus banale des abattoirs ou le recyclage des génisses dans les courses landaises. 1 - Pedro Domecq-Lembeye, natif du Béarn, s'expatrie et fonde, en 1822, un négoce de vin à Jerez de la Frontera. C'est un de ses descendants qui épousa Carmen Nunez de Villavicencio pour donner naissance à une lignée de fameux ganaderos, mondialement connus aussi dans le négoce du vin et des spiritueux.
Michel Bengoechea