Un millier d'éleveurs de porcs sur la pelouse des Invalides
Plus d'un millier d'éleveurs de porcs venus de toute la France s'est rendu à Paris, le 26 janvier, pour sensibiliser les parlementaires, l'opinion et les pouvoirs publics aux graves difficultés qu'ils traversent depuis plusieurs années. A la hausse des céréales et des coûts de l'alimentation, s'y rajoute les répoercutions de la crise de la dioxine allemande.
Venus du grand Ouest, mais aussi de toute la France (Massif Central, Centre, Nord, Est, Rhône-Alpes), ils étaient plus d'un millier à s'être rendus sur la place des Invalides de Paris le 26 janvier. À un jet de pierre de l'Assemblée nationale, ils entendaient interpeller les parlementaires sur les graves difficultés auxquelles ils sont confrontés. Quatre ans de crises ont épuisé leurs trésoreries. Aujourd'hui les producteurs font face à de nouvelles hausses des coûts de production alors que les précédentes n'ont toujours pas été répercutées dans les prix de vente.
Conséquence de la flambée du prix des céréales, le coût de production s'établit actuellement à 1,55/1,60 €/kg de carcasse, pour un prix moyen du porc commercialisé de 1,25/1,30 €/kg de carcasse. Soit une perte de 25 à 30 € par porc, estime Jean-Michel Serres, le président de la Fédération nationale porcine. Et la situation risque de s'aggraver encore avec l'annonce de nouvelles augmentations de 30 à 40 €/t sur le prix de l'aliment.
Prix des céréales et affaire de la dioxine
À cela est venue s'ajouter, depuis quelques semaines, la crise de la dioxine en Allemagne qui a plongé le marché européen de la viande porcine dans une nouvelle tourmente. Les prix allemands ont perdu 0,36 €/kg en quelques semaines. Jusqu'à présent la filière française a résisté à la contagion allemande. Jusqu'à quand ? L'arrivée massive de viandes premiers prix complètement banalisées ne pourrait que précipiter les cours à la baisse en France et dans toute l'Union européenne.
Face à cette menace, les éleveurs français demandent aux industriels et aux distributeurs de jouer clairement la carte française. Notamment, avec la mise en place « immédiate » de la mention d'origine conformément à l'accord interprofessionnel du 15 décembre dernier et l'affichage du logo VPF sur tous les produits répondant au cahier des charges.
Il était prévu que ces dispositions se mettent progressivement en place dans le courant du premier semestre 2011, mais Jean-Michel Serres entend accélérer le processus pour échapper à la pression allemande. En effet, eu égard à la situation sanitaire en Allemagne, il appartient au consommateur d'être sécurisé et d'être clairement informé sur l'origine du produit. Les Belges ont adopté la même démarche : ils encouragent les consommateurs à acheter national.
Le soutien des parlementaires
La FNP plaide également pour le déclenchement rapide d'un stockage privé qui permettrait d'alléger le marché. « Mais avec l'obligation d'exporter » insiste le président de la FNP pour ne pas retrouver sur le marché communautaire dans quelques semaines ou quelques mois les viandes qui ont été retirées. Bruxelles n'exclut pas la première mesure, mais se refuse à imposer la seconde.
Au-delà des mesures urgentes de soutien du marché, la FNP plaide pour la mise en oeuvre « d'une année blanche » pour tous les éleveurs. C'est-à -dire le report en fin de tableau d'amortissement des annuités de remboursement. Pas question en effet, pour les éleveurs de subir de nouvelles charges au moment où leurs trésoreries sont exsangues.
Message reçu par la représentation nationale. Les éleveurs réunis à Paris ont reçu le soutien d'un certain nombre de députés. Et notamment de Marc Le Fur, le député des Côtes d'Armor à l'origine de l'amendement sur les installations classées. Lors de la séance des questions orales, du mercredi après-midi 26 janvier, il a interpellé le ministre de l'Agriculture sur la détresse des éleveurs et les moyens d'y faire face.
La solidarité des producteurs de volailles La Confédération française de l'aviculture (CFA) a apporté son soutien aux producteurs de porcs qui ont manifesté à Paris. « Si la situation est particulièrement dramatique pour les éleveurs de porcs, l'ensemble des productions animales est confronté à la hausse considérable des coûts de production », estime la CFA. En rappelant que les entreprises avicoles n'ont d'autre solution que de répercuter à la grande distribution l'augmentation des charges. Et que les distributeurs ne doivent pas bloquer ces nécessaires revalorisations, eu égard aux graves difficultés que traversent les producteurs de porcs et de volailles.