Une armée de l’ombre prête à donner main-forte aux agriculteurs
Répondant à l’appel de la FNSEA qui estime à 200.000 personnes les besoins immédiats de main-d’œuvre, le gouvernement a annoncé une série de dispositions pour favoriser le recrutement de salariés dans les exploitations agricoles. La plateforme desbraspourtonassiette.wizi.farm a déjà enregistré plus de 40.000 inscriptions de volontaires.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le ministre de l’Agriculture ont annoncé, le 24 mars, un plan de soutien pour favoriser le recrutement de travailleurs dans la filière agroalimentaire.
Sont, en particulier, concernés par ces nouvelles dispositions les demandeurs d’emploi et les travailleurs indépendants dont l’activité a été interrompue par la crise sanitaire. Également ciblés, les salariés employés par les entreprises en baisse d’activité, susceptibles de répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises de la filière agroalimentaire.
Délai de prévenance et cumul des indemnités
Ainsi, un salarié pourra cumuler son indemnité d’activité partielle avec le salaire de son contrat de travail dans la filière agroalimentaire. À condition, cependant, que son employeur initial donne son accord et respecte un délai de prévenance de sept jours avant la reprise du travail.
L’employeur de la filière agroalimentaire qui embauche un salarié en activité partielle devra libérer le salarié de ses obligations sous réserve du même délai de sept jours.
En outre, les bénéficiaires du fonds de solidarité pour les très petites entreprises, indépendants, micro-entrepreneurs et professions libérales, pourront cumuler le versement de 1.500 euros début avril sur demande auprès du site des impôts avec des contrats courts dans les entreprises agricoles et alimentaires.
L’appel de la FNSEA à toutes les bonnes volontés
Lors d’un point presse, sur le compte Twitter de la FNSEA et lors de ses interventions sur les radios RMC, RTL, France Inter, Christiane Lambert a lancé un appel identique. «Nous avons besoin de 200.000 bras, 45.000 au mois de mars, 80.000 en avril, 80.000 en mai», a-t-elle insisté. Elle s’adressait à tous ceux dont l’activité a été interrompue, restaurateurs, coiffeurs, hôtesse d’accueil, jardineries, etc. pour «donner un coup de main» et permettre aux agriculteurs d’assurer les premières récoltes de fruits et légumes, celles de fraises et d’asperges dans l’immédiat où les besoins se font cruellement sentir.
De son côté le ministre de l’Agriculture a lancé «un appel à l’armée de l’ombre des hommes et des femmes» qui «n’ont plus d’activité», en raison du coronavirus, «à rejoindre la grande armée de l’agriculture française», en quête de main-d’œuvre.
Déjà plus de 40.000 candidats
Pour faciliter les recrutements, le ministère du Travail a mis en place, avec Pôle emploi, une plateforme dédiée aux secteurs qui ont, dans cette période, des besoins particuliers de recrutement. Cette plateforme regroupe toutes les offres disponibles pour les entreprises concernées, les candidats peuvent consulter les offres sans créer de compte et accéder directement aux coordonnées des recruteurs.
Pôle emploi peut proposer à chaque employeur qui le souhaite, de prendre en charge la présélection des candidats.
«Plus de 40.000 personnes se sont inscrites» sur le site Des bras pour ton assiette, «en proposant leur disponibilité, avec derrière au moins 24.000 fiches très bien renseignées» (profil, disponibilité, zone géographique), a déclaré Jérôme Volle, viticulteur en Ardèche et président de la commission emploi à la FNSEA, à l’AFP le 25mars.
16.000 autres candidats potentiels ont été victimes, selon lui, du succès de l’opération : «il y a eu un bug informatique. Il y a eu un rush qui a été compliqué à gérer», a-t-il expliqué. Il a précisé que ces personnes vont être recontactées pour compléter leur fiche.