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Une rentrée qui sent la poudre…

Trop de charges, trop de normes, des prix qui ne couvrent que rarement les coûts de production, une réglementation qui asphyxie les exploitations… La liste des griefs, brossée par la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques à l’administration et aux élus, lors de sa rentrée syndicale le 28 août dernier à Sauvelade (canton Cœur de Béarn), est longue comme le bras.

file-Le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Layre, a tenu un discours très offensif à l’occasion de cette rentrée syndicale qui était organisée sur l’exploitation de Frédéric Carrère, à Sauvelade.
Le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Layre, a tenu un discours très offensif à l’occasion de cette rentrée syndicale qui était organisée sur l’exploitation de Frédéric Carrère, à Sauvelade.

Le ton des syndicalistes, le président Bernard Layre en tête, était extrêmement déterminé. À l’image d’un été d’actions et de mobilisations, à la hauteur d’une situation de crise — notamment pour l’élevage — qui «met en péril de nombreuses exploitations. Il faut arrêter l’hécatombe».

La FDSEA des Pyrénées-Atlantiques avait choisi d’effectuer cette rentrée — actualité oblige… — au cœur d’une exploitation bovins viande, chez Frédéric Carrère. «C’est une exploitation à l’image de ce qu’on essaie de produire sur notre département, souligne Bernard Layre. Une recherche constante de valeur ajoutée. Mais comme beaucoup d’autres, elle subit des contraintes et a besoin de moderniser son outil. Sur ce point, l’accompagnement public n’est pas à la hauteur».

«Il faut un investissement sur le long terme»

Cet avis est largement partagé par le président de la chambre d’agriculture, Jean-Michel Anxolabéhère: «L’accompagnement de la modernisation des élevages, au travers du PCAE (N.D.L.R.: plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles), est insuffisant. Pour les 6 ans à venir, l’Aquitaine dispose d’une enveloppe de 12 millions d’euros». Et Bernard Layre d’enchaîner: «Il faut un véritable investissement sur le long terme pour relancer la compétitivité des agriculteurs et moderniser les outils. Nous avons besoin d’orientation bien visible, et pas seulement d’un plan sur 6 mois».

Christian Vallet, responsable du pôle productions et économie agricoles à la DDTM, assure que le ministère a bien «pris la mesure» que le plan de soutien n’était «pas à la hauteur». «Il y aura d’autres mesures qui seront annoncées après la réunion des ministres de l’UE». Idem pour le fonds d’allégement des charges (FAC), auquel beaucoup d’agriculteurs ne peuvent prétendre, ne rentrant pas dans les critères d’éligibilité. «Nous avons identifié qu’il était trop strict, note M. Vallet. Des dossiers qui n’étaient pas éligibles vont le devenir».

«La France lave plus blanc que blanc»

Pour Bernard Layre, les agriculteurs «subissent la loi du marché international». Et le flot de contraintes dont ils doivent s’accommoder, «avec une administration qui lave plus blanc que blanc», rend «leur combat inéquitable». Le président de la FDSEA estime que la France doit mettre en place un triptyque pour sortir son agriculture de la crise. Tout d’abord, «si les prix ne se décrètent pas, il faut tout de même mener un combat pour des prix rémunérateurs».

Ensuite, le syndicaliste réclame «un allégement des charges et des normes». Par exemple pour les charges, en Allemagne le coût horaire des salariés dans les abattoirs est de 14 euros, quand il culmine à 20 euros en France. Quant aux normes, «il faut que la France arrête d’être le Monsieur + de l’Europe. Les directives doivent être traduites sans en mettre une couche de plus…». Bernard Layre — tout comme Jean-Michel Anxolabéhère — dénonce notamment le matraquage environnementaliste dont sont victimes les agriculteurs. «Des écolos qui bien souvent vivent loin des campagnes… Il faut stopper le terrorisme intellectuel qui agresse sans fondement notre profession».

«Manger français»

Enfin, dernier levier à actionner, «mettre en avant la préférence des produits français». Le message s’adresse ici directement aux élus. «L’approvisionnement hors domicile, comme les cantines scolaires, provient de 60 à 70% de pays étrangers, souligne Bernard Layre. En Espagne ou en Italie, les producteurs ont le droit d’utiliser des produits qui sont interdits chez nous depuis 25 ans. Il faut une prise de conscience. Les mairies doivent imposer à leur fournisseur de s’approvisionner français. C’est aussi une question de sécurité et de santé publique».

Le responsable de la DDTM assure que l’administration partage ce combat des agriculteurs, «même si ce n’est pas visible ou perceptible…». Pour être certain que le message soit transmis et entendu, la profession a également rencontré le préfet ce mercredi. En effet, Pierre-André Durand, retenu par la visite du ministre de l’Intérieur, n’a pu participer à cette rentrée syndicale très offensive…

Yannick Allongue

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