Veaux sous la mère, une filière qui peine à trouver de nouveaux producteurs
Plus que jamais confrontée au défi du renouvellement des générations et face à un marché loin d’être saturé, la filière Sud-Ouest du veau label rouge sous la mère accentue sa quête de nouveaux producteurs.
Marchés stables, débouchés garantis, rentabilité supérieure à la plupart de ses concurrentes… La production de veaux sous la mère ne manque pas d’arguments. Pourtant, avec aujourd’hui 5.000 éleveurs engagés répartis dans le grand Sud-Ouest pour environ 70.000 veaux produits, la filière label rouge patine. Voilà même plusieurs années qu’une pénurie de produits guette, renforcée par les dangers d’une pyramide des âges des éleveurs particulièrement défavorable.
Ces dernières années, ce constat a conduit les responsables de la filière à entamer une véritable croisade dans le but d’attirer de nouveaux producteurs. Ils n’ont pas ménagé leur peine pour amener cette problématique sous les feux des projecteurs. Mardi dernier, une nouvelle rencontre d’information était organisée en Béarn, au GAEC dou Cap de la Coste, des frères Philippe et Vincent Basta.
Une solution de diversification
« À certaines périodes, on peine à couvrir l’approvisionnement des 1.100 points de vente engagés dans la filière label rouge… Aujourd’hui, on serait clairement en mesure d’absorber des volumes beaucoup plus importants, principalement lors de la période hivernale », explique Francis Rousseau, animateur du Comité interprofessionnel du Veau sous la mère (CIVO). Un recul du nombre de boucheries et GMS associées au label rouge a d’ailleurs été observé ces dernières années, non pas sous l’effet d’un désintérêt pour cette viande, mais en raison d’une incapacité à satisfaire la demande.
Chantier de longue haleine, le travail de reconquête semble porter ses fruits peu à peu. Dans les 25 départements du Sud-Ouest concernés par le label rouge, environ 70 nouveaux producteurs s’engagent dans cette production chaque année. « Il en faudrait 110 ou 120 pour parvenir à nos objectifs », déplore toutefois Francis Rousseau. Localement, un tel constat est confirmé par les opérateurs régionaux qui regrettent un manque de marchandises à certains moments de l’année.
Dans leur quête de candidats prêts à alimenter leurs rangs, les responsables de la filière lorgnent donc sur les élevages aujourd’hui orientés vers la production de broutards. Auprès de cette cible, ils veulent mettre en avant les atouts d’une diversification. « En 2015, nous nous mobilisons vraiment autour de cet enjeu, poursuit le responsable. On veut surtout leur montrer l’intérêt de se diversifier dans l’engraissement de veaux sous la mère en hiver, en complément de la production de broutards le reste de l’année ».
Des contraintes… moins contraigantes
Pour convaincre un tel public, la production a plusieurs atouts dans son jeu. Le premier concerne bien entendu les aspects économiques. Avec des prix dépassant généralement 8 euros par kilogramme carcasse, les veaux label rouge affichent des niveaux de valorisation bien supérieurs à d’autres produits. Un phénomène qui explique pourquoi les ateliers de veaux sous la mère caracolent généralement en tête des comparaisons économiques entre systèmes allaitants.
Souvent pointée du doigt comme une production contraignante, la filière est aussi en mesure de rompre avec son image négative. Si l’astreinte que constituent les tétées du matin et du soir est souvent vécue comme un frein, des solutions efficaces existent désormais pour l’assouplir, telles que la suppression d’une tétée hebdomadaire, les techniques de tétée allégée (en liberté assistée, en logettes alternées…). « Avec des investissements très limités, des éleveurs de broutards peuvent rapidement devenir des engraisseurs de veaux sous la mère », assure Francis Rousseau. Pour étayer son raisonnement, l’animateur assure que de très nombreuses réussites ont déjà été observées dans ce registre.
Fabien Brèthes
TémoignageInstallé à Arzacq en société avec son frère Vincent, Philippe Basta illustre l’expérience de ces éleveurs de broutards qui se sont diversifiés grâce à la production de veaux sous la mère. « On a commencé à produire quelques veaux en 2009, sans avoir à faire de gros investissements… On a rapidement vu que cette solution était économiquement intéressante et qu’elle n’était pas trop difficile à concilier avec notre organisation ». Après ce premier essai, l’exploitation s’est dotée d’une salle de tétée fonctionnelle. Ces dernières années, Philippe et Vincent Basta ont engraissé entre 20 et 30 veaux sous la mère par an. En 2014, leur prix de vente a atteint 8,10 euros par kilogramme carcasse, pour des poids compris entre 160 et 180 kilogrammes. |