Vide sanitaire et loi anti-gavage: la filière foie gras dans la tourmente
Déjà assommée par un dispositif radical de «vide sanitaire» mis en place le 18 janvier et visant à éradiquer l’influenza aviaire, la filière des palmipèdes de foie gras est confrontée à une proposition de loi visant l’interdiction du gavage. Fait exceptionnel pour être souligné, dans un courrier publié le 19 janvier, la filière a reçu le soutien de la quasi-totalité des partis politiques.
Alors que les producteurs de foie gras du Sud-Ouest subissent de plein fouet les mesures draconiennes annoncées, le 14 janvier par le gouvernement, pour éradiquer l’épizootie de l’influenza aviaire, à l’Assemblée Nationale, la députée EELV du Val-de-Marne Laurence Abeille a déposé une proposition de loi visant à interdire le gavage le mardi 19 janvier.
Une facture de 300 à 350 millions
Pour endiguer l’épizootie qui touche 18 départements du Sud-Ouest (tous les départements de Midi-Pyrénées et d’Aquitaine plus la Corrèze, la Haute-Vienne, et une partie de l’Aude, du Cantal et des Charentes), les éleveurs d’oies et de canards de la zone vont devoir stopper pendant plusieurs semaines leur production. Les conséquences économiques pour l’ensemble de la filière s’évaluent entre 300 et 350 millions d’euros selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).
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Cependant, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a tenu a rassuré les acteurs de la filière, «l’État sera là pour accompagner l’ensemble des producteurs, de la même manière que les secteurs économiques en ayant prévu avec Myriam El Khomri (ministre du Travail, N.D.L.R.) de pouvoir solliciter le chômage partiel d’un certain nombre d’abattoirs qui vont devoir arrêter leur activité». Le ministre a également annoncé qu’il allait rencontrer les professionnels la semaine prochaine pour coordonner la mise en œuvre des nouvelles dispositions.
Une initiative «indécente»
Dans un communiqué de presse du 19 janvier, l’interprofession du foie gras (Cifog) se déclare «profondément choqué(e)» de la tenue d’une conférence de presse, le jour même, animée par la députée Laurence Abeille (EELV), qui présentera sa proposition de loi visant à l’interdiction du gavage des palmipèdes.
Le Cifog souligne «l’indécence de cette initiative, au moment même où la survie de la filière et de ses exploitations est en péril». Les professionnels estiment par ailleurs que la députée se fait «un coup de pub» en invitant à cette conférence de presse l’actrice américaine Pamela Anderson.
Soutiens de tous bords
Le même jour, l’interprofession a reçu le soutien cinq présidents des groupes politiques PS, PRG, Front de Gauche, UDI et LR de l’Assemblée nationale et un ancien président du groupe écologiste, François de Rugy. Dans un courrier commun cosigné, ils jugent que l’initiative de leur collègue EELV risquait de «peopoliser» le débat parlementaire, et que la concomitance avec la crise que traverse l’élevage de foie gras constituait une «double peine» pour les éleveurs.
«Ils méritent un soutien exceptionnel de la représentation nationale à l’égard de ce produit emblématique de la gastronomie française et de ceux qui le produisent» peut-on lire dans cette lettre de soutien. Selon le Cifog, le foie gras fait vivre près de 30.000 familles soit 100.000 emplois directs et indirects sur tout le territoire.