Zone vulnérable : «un programme politique»
Les courriers des DDTM de la région arrivent (ou vont arriver) dans les exploitations, avec les grandes lignes du cinquième programme d'actions que la profession juge anti-agronomique, anti-écologique et très coûteux.
Les agriculteurs situés en zone vulnérable viennent de recevoir un courrier de la DDTM — ou vont bientôt le recevoir — afin de les informer du contenu du cinquième programme d'actions régional (PAR) nitrates. Celui-ci a été signé cet été par le préfet de la région Aquitaine et s'applique dans la zone vulnérable définie par l'arrêté du 31 décembre2012 du préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne.
«Les mesures de ce programme sont d'application immédiate» signale le document. «Dans le courrier, on parle de période de concertation et de consultation. Certes, la période a été longue, mais de la concertation, peu des propositions de la profession agricole ont été retenues. Cela n'a pas été faute de faire remonter les arguments techniques et agronomiques élaborés par nos services» tempête Jacques Dufréchou, responsable de la commission environnement à la chambre d'agriculture des Landes.
«La profession n'a pas été écoutée»
Son homologue à la FRSEA, Éric Nassiet, confirme: «Ce programme ne tient absolument pas compte de la plupart des propositions de la profession. C'est très décevant, voire incompréhensible. Certaines mesures vont coûter très cher. Cela, à un moment où les aides PAC diminuent et qu'on se voit imposer par cette même PAC une diversité d'assolement elle aussi coûteuse. Sans compter un prix des céréales en forte baisse».
Les représentants de la profession dénoncent un programme d'action «qui ne peut être considéré que purement politique, anti-économique, anti-agronomique, et sur de nombreux points anti-écologique car il va à l'encontre des objectifs recherchés». À titre d'exemple, ils citent la réduction de la période d'épandage sur un mois et demi, sans garantie de météo favorable à ce moment-là . «L'administration impose un calendrier qui ne laisse pas l'agriculteur s'adapter aux conditions météorologiques et agronomiques. Elle fait plus confiance aux Parisiens dans leurs bureaux qu'aux exploitants tous les jours sur le terrain! Nous, nous voulons respecter l'environnement, mais en respectant l'agronomie. N'est ce pas le souhait de notre ministre de l'agriculture ce nécessaire retour à l'agronomie?».
Christophe Barailh, président de la FDSEA des Landes, déplore des contraintes supplémentaires notamment pour les éleveurs, cibles des restrictions dans les périodes d'épandages et dans le stockage des fumiers de volaille. «Elles engendrent de nouveaux investissements non productifs. Et l'État n'a pas les moyens de les soutenir financièrement à la hauteur des besoins qui vont être énormes. L'AREA-PMBE est largement sous dimensionnée. Au final, on décourage les éleveurs. Il est prouvé que le classement en zone vulnérable accélère la disparition de l'élevage».
«Déclarez vos projets de mise aux normes»
Il rappelle en outre que dans ce dossier zone vulnérable, «irritant à bien des titres», la profession demeure vent debout contre l'extension de la zone vulnérable. En effet, la procédure déposée par la FRSEA Sud-Ouest devant le tribunal administratif afin de demander l'annulation de l'arrêté préfectoral (décembre 2012) de délimitation des zones vulnérables est toujours en cours. S'ajoute la forte augmentation du nombre de communes classées annoncée le 23 juillet dernier par Ségolène Royal, la ministre de l'écologie. «Cette extension demandée par Bruxelles pour des raisons d'eutrophisation des eaux n'est pas justifiée sur le plan technique et il existe beaucoup de flou quant aux critères de classement».
Dans son courrier, l'administration invite les éleveurs à se faire connaître avant le 1er novembre pour la mise en conformité des capacités de stockage des effluents de leurs installations. Le document permet de bénéficier de soutiens financiers, d'un délai pour effectuer les travaux nécessaires et de possibilités d'épandage aménagées. «Malgré les délais très courts et des accompagnements financiers incertains, on ne peut qu'encourager les agriculteurs concernés à remplir et à retourner au plus vite le formulaire de déclaration d'intention de mise aux normes» insiste Jacques Dufréchou.
Dominique Maurel