À Brest, un congrès de la FNSEA sous pression électorale
Sans nul doute, la situation de crise alimentera largement les débats du 71e congrès de la FNSEA qui se tient ce mercredi 29 et jeudi 30 mars à Brest, deux autres temps forts marqueront ce rendez-vous: l’audition, jeudi, des 11 candidats à l’élection présidentielle. Et la veille, la centrale syndicale aura renouvelé son conseil d’administration qui élira à son tour, le 13 avril, son nouveau président.
Nul doute que les multiples crises agricoles que subit l’agriculture depuis deux ans seront au centre des débats du congrès de la FNSEA. Dès l’ouverture des travaux qui se dérouleront à Brest cette semaine, une longue séance à huis clos sera l’occasion d’une expression des régions, des associations spécialisées et des productions.
Mais la crise agricole n’est pas qu’économique. Comment répondre aux situations individuelles difficiles des agriculteurs, comment améliorer le quotidien mais aussi l’avenir des paysans français? Les questions sont nombreuses, d’autant qu’elles sont compliquées par des attaques médiatiques et de mouvements sur l’environnement, le bien être animal… Le mal-être paysan est une réalité, et pas seulement sur un plan économique.
L’Europe au cœur du projet
Henri Brichart, vice-président, présentera avec Jérôme Volle et Arnold Puech d’Alissac le rapport d’orientation. Tous les trois ans, la FNSEA ouvre un thème de rapport d’orientation qui est ensuite approfondi les deux congrès suivants. Cette année, c’est le thème de l’Europe qui a été choisi.
Mais l’angle de traitement sera très large. Il s’agit, en effet, de s’interroger, à quelques mois du Brexit, alors que l’euroscepticisme semble prendre le pas chez les agriculteurs, sur ce qui provoque ce rejet et surtout d’identifier ces propositions d’amélioration à la fois sur l’Europe mais aussi sur la PAC.
Dans le rapport, le scénario dit de “science-fiction” de la sortie de l’Europe est décrit. Les rapporteurs ne semblent pas croire vraiment dans cette hypothèse mais la question est posée et la FNSEA prend position très clairement sur ce point. Elle prend part au débat public.
Alors que le ciment historique semble s’effriter, il est temps pour la FNSEA de formuler des propositions pour plus d’Europe et surtout mieux d’Europe. Elle insiste sur la nécessité de faire redémarrer la machine européenne, par un projet européen totalement inexistant ces derniers mois.
Les 11 candidats auditionnés
Lors du congrès de Brest, les 11 prétendants à l’élection présidentielle s’exprimeront devant les congressistes et l’ensemble des organisations du CAF (le Conseil de l’agriculture française). Chacun disposera du même temps de parole, et aura même l’occasion d’échanger avec les congressistes pendant une dizaine de minutes dans un débat à bâtons rompus.
Un exercice qui avait déjà été réalisé lors de l’élection de 2012 et auquel aucun candidat ne s’était soustrait et que Christiane Lambert qualifie de grand oral de rattrapage, tant les questions agricoles et économiques d’une façon générale ont été occultées dans cette campagne électorale.
Christiane Lambert, candidate à la présidence
Enfin, le congrès de Brest viendra clore un long processus électoral engagé depuis fin décembre dans la totalité des départements et des régions au cours duquel l’ensemble des délégués ont été renouvelés. Ces derniers éliront à Brest les membres du conseil d’administration. Le 13 avril, ce nouveau conseil d’administration élira, alors, son président.
Alors que Xavier Beulin avait annoncé son intention de solliciter un nouveau mandat, sa disparition brutale a rebattu les cartes. Le 16 mars, Christiane Lambert, première vice-présidente qui assure l’intérim, a fait connaître son intention de briguer la succession de Xavier Beulin. L’arrivée d’une femme à la présidence de la FNSEA serait une première. Pour mémoire, Christiane Lambert a déjà été la première femme à être élue à la tête des Jeunes Agriculteurs.
Rarement congrès de la FNSEA n’aura été autant observé et suivi. Le choix des orientations stratégiques, le renouvellement de son conseil et le débat avec des candidats aux présidentielles seront un moment fort qui feront de ce rendez-vous peut-être le moment où l’on reparlera d’agriculture.
Jean Dubé