Christiane Lambert : le brillant parcours d'une communicante combative
De même qu’elle fut la première femme à présider le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) de 1994 à 1998, Christiane Lambert est devenue, à 56 ans, la première présidente de la FNSEA, après avoir assuré l’intérim depuis le décès de Xavier Beulin en février dernier.
Le nouveau conseil d’administration de la FNSEA, élu lors du dernier congrès de Brest, a donc tenu sa première réunion le jeudi 13 avril. À l’ordre du jour, l’élection de son bureau et de son leader chargés de piloter le syndicat majoritaire pendant trois ans. Sans grande surprise, avec 63 voix pour et 3 blancs, Christiane Lambert, éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire, succède à Xavier Beulin, brutalement disparu le 19 février alors qu’il s’apprêtait à être reconduit pour un nouveau mandat à la tête de la centrale syndicale agricole.
Candidate «naturelle»
L’élection de la première femme à ce poste est la suite logique d’un long et brillant parcours au sein des instances professionnelles. Mariée et mère de trois enfants, Christiane Lambert est originaire de Massiac dans le Cantal où elle a exercé son métier d’agricultrice de 1980-1989. Elle s’était alors vue confier la présidence du CRJA d’Auvergne, puis de celui des Pays-de-Loire, son mariage l’ayant en effet amenée à s’installer dans cette région, à Bouillé-Ménard (Maine-et-Loire).
Très intéressée par les questions de formation et d’environnement, elle est présidente de Vivea (Fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant) et vice-présidente de l’Ifocap (Institut de formation pour les cadres paysans et agroalimentaires et pour la gestion des entreprises). Elle a aussi été à la tête et à l’origine du réseau Farre (Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement) dont elle est restée vice-présidente.
Plus égalitariste que féministe
En formation technique agricole, Christiane Lambert était l’une des deux seules filles, dans une classe de 24 élèves. Mais elle, qui a été déléguée de classe trois fois, capitaine de l’équipe de handball dont elle était membre, et qui «jouait au foot avec les garçons», n’a jamais considéré qu’être une femme dans un milieu d’hommes pouvait être un handicap. Au contraire, elle a même, au début de sa vie de syndicaliste, été «poussée à venir au CDJA pour ça». «Je n’ai pas eu de mal à être acceptée et reconnue dans le milieu syndical» explique Christiane Lambert. D’ailleurs, elle n’aurait «jamais milité dans une organisation féministe», car selon elle, ces «mouvements féministes, lorsqu’ils sont extrêmes, nuisent à la cause des femmes».
Lorsqu’on lui demande si elle aime participer aux émissions télévisées qui la confrontent à ses détracteurs, Christiane Lambert répond qu’elle «aime parler pour expliquer son métier, où que ce soit». «J’ai participé à des émissions un peu difficiles, notamment avec les anti-viande. C’est pour cela qu’on (N.D.L.R. : les membres de la FNSEA) me fait confiance». Elle reconnaît qu’«en préparant bien» ses interventions, elle n’a pas peur d’être face à des interlocuteurs hostiles. Notamment parce que, elle l’avoue, Christiane Lambert est «volcanique». Mais elle souhaite former plus de gens à la FNSEA à parler de ces sujets-là.