Danone propose d’intégrer les coûts de production dans les contrats de prix
Des contrats dont le prix est indexé au coût de production, les éleveurs l’ont rêvé, Danone l’a fait… ou presque!
«On vient d’entamer des discussions avec les organisations de producteurs pour leur présenter des propositions concrètes: faire évoluer notre formule de prix en intégrant progressivement à partir d’octobre les coûts de production des éleveurs», a expliqué à l’AFP le directeur général France de la division des produits frais, Olivier Delaméa.
Aujourd’hui, le calcul du prix du lait est basé sur des facteurs historiques et des indicateurs de marché sur le beurre et la poudre de lait. Par contre, en échange de l’intégration de ce nouvel indicateur, les éleveurs devront réduire leur production. «On discute aussi avec eux d’un ajustement de nos besoins pour avoir le lait dont on a besoin dans nos usines», a indiqué Olivier Delaméa.
Selon lui, «on est sur un marché de l’ultra frais qui est baissier en volume», aussi faut-il ajuster les besoins en lait «en fonction de ce qu’on est capable de valoriser, de produire et de vendre». Le marché des produits laitiers frais est en recul de 2% tous les ans depuis quatre ans.
«Un effet d’annonce»
Pour le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert, «Danone n’est pas prêt à mettre 350 euros la tonne demain ou d’ici la fin de l’année, mais je pense que c’est plutôt une bonne chose de faire un mix et commencer à regarder comment gérer la volatilité. […] Il y a aujourd’hui une volonté de l’entreprise d’essayer de trouver une sortie pour éviter d’avoir, demain, des gens devant les grilles de l’entreprise».
Gilles Durlin, président de l’organisation de producteur Nord-Pas-de-Calais, donne une vision un peu moins enthousiaste de la situation. Il parle d’«un effet d’annonce pour s’exonérer de tout ce qui pourra être dit lors de la table ronde» de filière, le 1er octobre au ministère de l’Agriculture. Il explique que le rendez-vous entre Danone et son OP a été décalé de plusieurs jours avec un timing de réunion qui a empêché toute possibilité de discussion. «Cela fait six mois que cela traîne et tout s’emballe en 48 heures. Danone prévient la presse, le ministère… Je suis déçu sur le fond et sur la forme», explique-t-il.
Délocalisation
D’après lui, Danone a un budget disponible de 25 millions d’euros pour gérer la crise des producteurs, issu du différentiel entre le prix d’achat du lait aux producteurs (prix en 2015 plus bas que prévu) et le prix de vente aux distributeurs (prix de vente maintenu). «Danone propose d’utiliser seulement 2,5 millions d’euros pour aider les producteurs et demande en échange une baisse de 10% des volumes produits, soit une baisse de 30% de la compétitivité de l’exploitation», continue-t-il.
Cela va contribuer à la fermeture des exploitations, «alors qu’en même temps, Danone et Lactalis développent dans d’autres pays des entreprises trois fois plus grosses qu’en France!», analyse-t-il. Il s’avoue usé par ces négociations, «sachant que l’entreprise a repris un temps d’avance sur nous!».