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Dernier ultimatum des laitiers

D'ici au 12 août prochain, si les entreprises laitières privées n'acceptent pas de revaloriser le prix du lait pour le troisième trimestre 2010, les producteurs se rendront dans leurs sièges sociaux pour « demander des comptes ».

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Le compte à  rebours a commencé, il n'est pas encore trop tard du côté des industriels pour revenir discuter sur le prix du lait du troisième trimestre 2010 », a lancé Dominique Barrau, le secrétaire général de la FNSEA, à  l'issue d'une réunion des secrétaires généraux de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), organisée le 4 août. Elle était consacrée aux suites à  donner au mouvement de protestation engagé sur le terrain par les producteurs depuis deux semaines pour réclamer aux industriels de leur payer le juste prix. Les producteurs donnent aux transformateurs privés et coopératifs jusqu'au 12 août pour entendre raison et accepter d'augmenter de 10 % le prix payé aux producteurs sur l'ensemble de l'année 2010, étant donné que les cours des produits laitiers ont grimpé sur les marchés cette année, et conformément à  l'accord interprofessionnel du 3 juin 2009 sur les modalités de fixation du prix du lait, signé par les industriels et que certains ne respectent pas, dénoncent la FNSEA, les JA et la FNPL. Opérations stickage A la date du 12 août, des délégations de producteurs par département se rendront dans les sièges sociaux des entreprises laitières « pour demander des comptes », expliquent-ils, et tenter de ramener les industriels à  la table des négociations avant la fin de l'été 2010 « afin que les producteurs puissent connaître le prix du lait de cet été » et du troisième trimestre, souligne Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale adjointe de la FNPL. On veut aussi prendre la presse et les consommateurs à  témoin. Mais si les transformateurs continuaient à  rester sourds, d'autres actions pourraient être décidées, plus dures, les trois organisations agricoles n'ont cependant pas souhaité aborder le sujet. C'est « encore trop tôt » pour en parler. En attendant le 12 août, les trois organisations encouragent les producteurs à  mener partout en France des opérations de stickage dans les GMS sur les produits des entreprises laitières refusant de respecter l'accord du 3 juin 2009, et qui ne sont d'ailleurs pas les moins connues ! Lactalis, Bongrain et Bel sont visés. Ces sticks indiqueront aux consommateurs que l'entreprise propriétaire du produit ne paie pas correctement les producteurs. L'argument allemand Sur la base de l'accord du 3 juin qui prend en compte l'orientation à  la baisse ou à  la hausse des marchés laitiers pour arrêter les modalités de fixation du prix du lait, ce dernier, pour le troisième trimestre 2010, doit augmenter de 31,1 €/1000 litres, rappellent les producteurs, et atteindre 320 à  330 euros les 1000 litres payés aux producteurs selon les entreprises. Or Lactalis, Bongrain et Bel ont fixé unilatéralement le prix pour les mois de juillet et août avec une hausse de 13,80 €/1000 litres, se calant sur les prix allemands. L'argument de ces entreprises et de la Fédération nationale des industries laitières (FNIL) est d'expliquer qu'elles sont favorables à  l'application de l'accord du 3 juin 2009, à  condition qu'il soit corrigé par les recommandations du ministre de l'Agriculture datant du 30 mars 2010, qui prévoient l'introduction d'un indicateur de compétitivité avec nos voisins allemands (voir encadré). Mais la FNPL, qui n'est pas hostile à  la prise en compte de la conjoncture laitière allemande dans la fixation du prix en France, rappelle que les deux familles ne sont pas tombés d'accord fin juillet sur le mécanisme à  définir pour la prendre en compte, et que par conséquent les mots de Bruno Le Maire ne demeurent que des mots et l'accord du 3 juin 2009 n'est en aucun cas modifié. De plus, la FNPL rappelle que les valorisations du lait allemand ne sont pas identiques à  celles du lait français, empêchant un alignement total du prix français sur le prix pratiqué outre-rhin. Pas de grève du lait Les producteurs attendent enfin que les pouvoirs publics « (proposent et fassent) respecter un cadre équilibré des négociations » interprofessionnelles, tout en étant prêts à  « travailler sur l'organisation des producteurs », a indiqué Christophe Chambon, secrétaire général des JA. De plus, ils écriront aux associations de consommateurs pour leur expliquer le contexte et relayer auprès d'eux la liste des marques « qui ne jouent pas le jeu ». En revanche, la FNPL n'envisage pas de répondre favorablement à  l'appel à  une nouvelle grève du lait, formulé par l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI) qui en a déjà  mené une à  l'automne 2009. « Tout le monde y perdrait, nous sommes dans une démarche de construction », lui répond Marie-Thérèse Bonneau. Bruno Le Maire affiche son soutien aux producteursInvité à  s'exprimer au micro de RTL le 4 août au matin sur la tension qui monte fortement dans le secteur laitier, le ministre de l'Agriculture a déclaré « (comprendre) parfaitement » la colère des producteurs de lait, soulignant : « Maintenant que les prix remontent, je souhaite que les producteurs soient correctement rémunérés. Ils ne le sont pas aujourd'hui. » Et soutenant donc la position des producteurs de lait, Bruno Le Maire souhaite « que les industriels, que les coopératives, fassent l'effort nécessaire » dans cette direction. En 2009, les producteurs ont perdu près de 50 % de leurs revenus en raison d'une forte chute des cours sur les marchés mondiaux laitiers. De plus, Bruno Le Maire a estimé que l'Etat avait fourni sa part d'efforts en convaincant la Commission européenne d'injecter 300 millions d'euros sur les marchés en 2009 qui ont fait remonter les cours, et en mettant en place des contrats, dans le cadre de la loi de modernisation de l'agriculture, « qui vont permettre de stabiliser à  la fin de l'année les revenus des producteurs sur plusieurs années ». Enfin, il a rappelé que l'Etat était prêt à  mettre en place « des plans de développement de la filière du lait de façon à  soutenir les producteurs ». La FNIL fustige les producteurs « en dehors des réalités »Les industriels, sans surprise, renvoient la responsabilité du blocage sur les producteurs. « La FNIL ne peut que déplorer une situation de blocage qui n'est pas de son fait », explique-t-elle dans un communiqué publié le 4 août, après la réunion de la FNSEA, des JA et de la FNPL. Selon elle, le nouvel indicateur qui doit prendre en compte l'écart de prix du lait avec l'Allemagne « n'a toujours pas été accepté » par la FNPL... Les producteurs ne comprendraient pas que « la première des réalités concernant la filière laitière, c'est le marché européen », et que si, « après 2009 où le prix du lait en France s'est établi 15 % au dessus du prix allemand », 2010 et 2011 devaient se situer dans les mêmes écarts, « les conséquences seraient dévastatrices pour toute la filière, industriels comme producteurs », avec une « diminution de nos exportations tandis que s'accroîtrait l'importation en France de produits laitiers européens moins chers », explique la FNIL. Pour elle, des « voies nouvelles » sont à  trouver pour qu'elle accepte de revenir à  la table des négociations.
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