Devant la FNPL, Phil Hogan justifie sa gestion de la crise laitière
Invité du 73e congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le 16 mars, le Commissaire européen à l’Agriculture a estimé qu’il n’avait pas tardé à prendre des mesures contre la crise laitière, et rappelé l’importance de la PAC pour les agriculteurs.
«Plus jamais 18 mois d’attente pour que l’Europe se décide enfin à l’action!», a affirmé Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), à Phil Hogan qui a assisté à leur 73e congrès, le 16 mars, à Langres (Haute-Marne).
Accusé d’avoir pris trop tard conscience de la crise qui a frappé les éleveurs laitiers à partir de 2015, le commissaire européen à l’Agriculture a défendu son action: «nous avons pris des mesures décisives à toutes les étapes de la crise, en utilisant tous les outils législatifs à notre disposition».
Un milliard d’euros ont été mobilisés pour apporter une aide ciblée, pour le stockage privé, prolonger les périodes d’intervention et augmenter les plafonds pour les achats de beurre et de lait écrémé. La France a bénéficié de 112,8 millions d’euros, «dans un contexte de difficultés économiques pour l’Europe», a souligné Phil Hogan.
Réduction de la production
S’il assure avoir «utilisé les meilleurs outils à notre disposition pour gérer le marché de manière sensée et durable», le Commissaire européen ne s’est pas appesanti sur le rôle de la France dans l’obtention de ces mesures, au niveau syndical comme au niveau du ministre.
Les mesures «demandées par feu Xavier Beulin au salon de Paris de 2015 ont été mises en œuvre, y compris un régime de réduction volontaire de la production – une mesure sans précédent et qui a été un franc succès», estime Phil Hogan. 15.000 producteurs y ont eu recours en France.
Et pour le commissaire européen, la mesure commence à porter ses fruits : «le prix moyen du lait à la ferme dans l’Union a augmenté de 31% depuis l’été dernier, pour atteindre 33,7 cent/kg en février», et «le prix moyen en France aujourd’hui s’élève à 35,2 cent/kg», un prix qui n’est certes pas idéal, convient-il, mais qui témoigne d’une évolution positive.
Consolider cette tendance
«Si je salue votre prise de conscience même tardive, nous serons en accord pour dire que le travail n’est pas terminé», a rappelé de son côté Thierry Roquefeuil. Phil Hogan s’est en effet montré d’accord avec cette idée, rappelant que la vigilance était de mise face à une stabilité des prix du lait qui pourrait entraîner une augmentation de la collecte, parallèlement à l’augmentation de la production prévue cette année aux États-Unis et à une reprise de la production en Nouvelle-Zélande.
La Commission doit, de plus, gérer les 350.000 tonnes de poudre de lait mises à l’intervention, qui représentent 30% de la production laitière annuelle de l’UE, et sur lesquelles Phil Hogan se veut rassurant: «jusqu’à présent, nous avons décliné toutes les offres, ce qui montre bien que nous sommes résolus à ne pas perturber le marché».
Le Commissaire a néanmoins rappelé l’importance de l’orientation marché et les «immenses débouchés sur les marchés mondiaux», qui peuvent représenter un appel d’air important pour la filière. «Le secteur laitier représente plus de la moitié de l’excédent commercial agroalimentaire actuel — un fait qui confirme l’importance de votre activité. Cependant, nous devons en faire davantage pour que l’accès à ces marchés se traduise bel et bien par des prix plus avantageux pour nos agriculteurs», a-t-il ajouté. La future PAC aura, sur ce point comme sur les autres, toute son importance, et la France devra y prendre une part active, estime Phil Hogan.