Élections MSA : dernière ligne droite pour donner de la voix
Lancées le 20 janvier, les élections des délégués de la MSA seront clôturées ce vendredi 31 janvier. La participation à ce scrutin est primordiale pour montrer aux pouvoirs publics l’attachement des agriculteurs à leur régime de protection sociale.
Le sprint final est lancé. Ouvertes ce lundi 20 janvier, les élections des délégués de la Mutualité sociale agricole se clôtureront le 31 janvier. Onze jours durant lesquels le réseau de la MSA, mais aussi les syndicats, s’emploie à convaincre les 2,5 millions d’électeurs de voter. Ils doivent élire plus de 15000 délégués répartis en trois collèges (exploitants, salariés et employeurs).
Le premier enjeu, pour Pascal Cormery, président de la caisse centrale de la MSA (CCMSA) est de «garder un régime professionnel atypique dans le monde de la protection sociale, adapté aux spécificités du milieu rural et agricole», explique-t-il à Agra Presse. Élu en 2015 à la tête de la MSA, cet éleveur d’Indre-et-Loire s’est fixé un objectif ambitieux : «Un taux de participation entre 40 et 50%» (contre 31% en 2015). De son côté, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a fixé la barre à «plus de 35%», lors de ses vœux à la presse le 14 janvier.
«Garder un régime spécifique»
«La conjoncture est morose, reconnaît Pascal Cormery. Dans ces conditions, ce n’est pas toujours facile d’aller dire aux gens d’aller voter pour garder leur système de protection sociale». La MSA a lancé une importante campagne de communication et incité les OPA à appuyer son appel au vote. «Il faut rappeler l’intérêt d’avoir une protection sociale dédiée», estime son président.
Un intérêt avant tout politique, car «les agriculteurs auraient plus de mal à se défendre s’ils étaient intégrés au régime général.» Et de rappeler le rôle «d’animation sociale dans les territoires ruraux», joué par la MSA. «Les agriculteurs bénéficient d’un accompagnement en cas de crise, ils ne l’auraient pas s’ils étaient au régime général», abonde Robert Verger, membre du bureau de la FNSEA en charge des questions sociales.
Malgré ces arguments, la MSA souffre d’une image dégradée auprès de ses adhérents. Par exemple, «on reproche souvent à la MSA de verser de faibles retraites aux agriculteurs. Mais les règles et le montant sont fixés par le gouvernement et le Parlement, se défend Pascal Cormery. Nous avons d’ailleurs obtenu une revalorisation des pensions au cours du mandat». Le désintérêt des agriculteurs pour les élections de la MSA? Le président de la CCMSA n’y «croit pas», confiant dans une «profession qui se mobilise pour ses élections.»
Le taux de participation ne sera connu qu’à l’issue du dépouillement, prévu le 6 février prochain. Mais d’autres indicateurs permettent déjà de jauger l’intérêt des agriculteurs pour ce scrutin. En cinq ans, le nombre de candidats au poste de délégué a reculé de presque 40%. «Le redécoupage des cantons (N.D.L.R. : imposé par la loi du 17 mai 2013) est à l’origine de l’essentiel de cette baisse», explique Pascal Cormery.
Un recrutement compliqué
Le nombre de cantons a été réduit de moitié, entraînant une baisse similaire du nombre de circonscriptions et de postes de délégués. Alors qu’elle promettait de faciliter le recrutement des candidats, «cette restructuration nous a posé des difficultés», regrette le président de la MSA, en précisant : «Dans certains départements, un canton peut faire 70 ou 80 km de long et occuper la moitié de la surface ! Cela pose des difficultés en termes de déplacement et de proximité.»
Deux chiffres, toutefois, semblent dessiner une tendance positive. Entre 2015 et 2020, le nombre de circonscriptions sans candidat a été divisé par deux. Et le nombre moyen de candidats par circonscription a légèrement progressé. «Globalement, hormis dans les zones urbaines, nous avons réussi à trouver des délégués partout, même si cela a été plus difficile de compléter les listes qu’en 2015», se félicite Pascal Cormery. L’élu ne nie pas la difficulté croissante à recruter des bénévoles, comme dans d’autres institutions agricoles. «Les gens s’engagent de plus en plus sur des actions ponctuelles, mais pas dans la globalité, regrette M. Cormery. Nous allons travailler sur ce sujet lors du prochain mandat.»